Le Dragon n’est pas un dindon

National League » Dans le dernier épisode de «Point de vue», le podcast de La Liberté consacré à Fribourg-Gottéron, Dave Sutter craignait d’être le «dindon de la farce.» Autrement dit: contre un adversaire en capilotade qui couchait sur 16 défaites - 17 aujourd’hui -, le défenseur valaisan des Dragons aurait peu goûté que son équipe ne revienne de Porrentruy sans une victoire, ce qui n’aurait pas manqué de faire les gros titres. Jeudi face à la lanterne rouge Ajoie, le leader du classement de National League n’a pas fait le paon, ni le coq. Mais il n’est pas tombé dans le piège non plus, lui qui a fait le nécessaire, parfois avec la manière, pour s’imposer une deuxième fois cette saison à la Raiffeisen Arena (1-4).

Quatre matches pour autant de succès face à Ajoie. Il fut un temps où Fribourg-Gottéron aurait égaré des points là où il n’était pas censé le faire. Cette période est révolue. Depuis le début du championnat, Julien Sprunger et ses coéquipiers séduisent par leur capacité à se révolter – ils n’en ont pas eu besoin jeudi – et par leur calme, qui confine à la sérénité. La première moitié du tiers initial aurait pourtant pu leur faire perdre patience. N’ont-ils pas multiplié les assauts sur la cage de Tim Wolf sans parvenir à concrétiser leur domination (7 tirs à 20 après 20 minutes)? Pire: sans un spectaculaire arrêt de la botte de Reto Berra sur un essai, puis un deuxième, du Québécois Guillaume Asselin, Ajoie aurait ouvert le score (10e).

«L’histoire de notre saison»

«Si nous marquons sur cette action, la physionomie du match aurait changé car il est plus facile de défendre que de patiner après le score», ose Alain Birbaum. Et le défenseur neyruzien du HCA d’esquisser une grimace: «Mais nous ne marquons pas, ce qui est un peu l’histoire de notre saison.» Par politesse, nous écrirons que les protégés de Gary Sheehan, dont la rumeur, insistante, prétend qu’il est assis sur un siège éjectable, ont raté le coche. Pour les néopromus, le retour de bâton fut d’autant plus violent qu’il a été donné par un des leurs, le malheureux Jérôme Gauthier-Leduc, sur lequel la remise à mi-hauteur de Sandro Schmid a rebondi avant de se transformer en lob gagnant (17e 0-1). La chance avait choisi son camp – pour faire encore dans la courtoisie. Et lorsque Julien Sprunger, après 1’27 dans la deuxième période, armait un slapshot parfaitement croisé (0-2), c’est à un autre match auquel les 3148 spectateurs du nouveau Voyebœuf ont alors assisté, leur équipe préférée, d’abord attentiste, se voyant obligée de créer du jeu.

«Après le 0-2, nous sommes tombés un peu dans la facilité»

Christian Dubé

«Il faut être honnête, analyse Christian Dubé, l’entraîneur et directeur sportif fribourgeois. Après le 0-2, nous sommes tombés un peu dans la facilité. Comme si tout le monde voulait aller marquer son petit but. Mais de manière générale, nous nous sommes montrés sérieux, même s’il y a eu quelques black-out.» Trous noirs qu’un excellent Reto Berra a colmatés, sans pour autant empêcher Philip-Michael Devos de sauver l’honneur d’une subtile déviation (36e). Avant le 1-3 du topscorer ajoulot, Andrei Bykov, lancé par Killian Mottet, avait offert trois longueurs d’avance à ses couleurs (32e 0-3). Quant à l’honneur de sceller le score, il échouait dans les mains de Nathan Marchon, à 5 contre 4, avec le même Mottet à la passe (38e 1-4).

Sûr de garder son trône

Schmid, Sprunger, Bykov, Marchon et Mottet: le succès de Fribourg-Gottéron à Ajoie porte aussi le sceau des «Dzodzets», ce que les nombreux supporters des Dragons que l’on a pu croiser à la patinoire se sont empressés de souligner. Il permet surtout au leader d’être sûr de conserver, à la faveur du classement aux points par match, son trône durant la pause olympique, avant même la journée de ce soir.

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