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Hockey sur glace

Le clubiste qui peut écrire l’histoire

Sur le banc du HC Ajoie depuis 2014, Gary Sheehan dispute la finale de la Coupe dimanche face à Davos


31 janvier 2020 à 19:35

Hockey sur glace » Pour évacuer la pression de son métier d’entraîneur, Gary Sheehan a l’habitude de courir des dizaines de kilomètres par semaine. Mais ces derniers mois, à l’approche de la finale de la Coupe, qui se déroulera dimanche à Lausanne face à Davos, le coach a eu trop à faire pour avoir le temps de chausser régulièrement ses baskets. «Mais je vais aller aujourd’hui faire une bonne sortie», glisse-t-il jeudi, à quatre jours de l’échéance.

Et le Québécois en avait des pensées à évacuer, trier et organiser. D’ailleurs, ce jour-là, impossible pour lui d’entrer dans un café sans que gens se mettent à murmurer et à lui souhaiter bonne chance. Car depuis l’élimination de Bienne en demi-finale, c’est tout une région qui s’est mise à rêver de trophée. L’engouement a été tel que ce ne sont pas moins de quarante cars qui se déplaceront en direction de la capitale vaudoise dimanche, la finale se déroulant dans la patinoire lausannoise en raison de la rénovation du Voyebœuf.

En Suisse depuis 1991

«C’est une opportunité d’écrire l’histoire, pour moi, mais surtout pour toute l’organisation, réalise Gary Sheehan. C’est un petit club qui a gardé sa ligne de conduite dans un marché toujours plus difficile.» Et la mentalité jurassienne, il la connaît depuis bientôt six ans, après avoir passé huit saisons sur le banc du HC La Chaux-de-Fonds. Hormis une infidélité à la Swiss League lors de l’exercice 2013/14 en tant qu’assistant de Lars Leuenberger à Berne, l’entraîneur de 55 ans n’a connu que deux organisations en 14 ans. Et il ne se refuse pas à se qualifier de «clubiste». «Ça se fait un peu tout seul je crois. Quand ça va bien à une place, je ne cherche pas à aller ailleurs.»

Bio express

15 juin 1964Naissance au Québec

1991Arrivée en Suisse, au mouvement juniors de Fribourg-Gottéron.

1995-1998Entraîneur chez les juniors à Genève.

1998-2004Entraîneur des U20 et du HC Star Lausanne.

février 2004-octobre 2005Sur le banc du LHC, en Ligue A.

2005-2013Coach du HC La Chaux-de-Fonds.

Décembre 2013-2014Assistant de Lars Leuenberger au CP Berne.

2014-Aujourd’huiEntraîneur du HC Ajoie (champion de ligue B en 2016).

 

Cette maxime, Gary Sheehan l’a aussi appliquée pour le pays dans lequel il s’établit. Débarqué du Québec en 1991 pour un contrat de six mois avec le mouvement juniors de Fribourg, il n’a jamais souhaité retraverser l’Atlantique. Un déménagement soudain provoqué par deux entraîneurs, François Huppé et Louis Ferlan, avec qui il s’était lié d’amitié lors d’un séminaire au Québec.

Accueil chaleureux

A l’époque, le duo Bykov/Khomutov faisait les beaux jours des Dragons et le jeune expatrié y a reçu un accueil chaleureux. «C’était familial, tout le monde me soutenait, se souvient-il. La famille Zurkinden tenait la buvette et c’était comme une deuxième maison.» A la tête d’une équipe de juniors composée de noms désormais bien connus du monde du hockey fribourgeois – David Aebischer, Jan Cadieux, David Dousse, Real Remy ou Valentin Wirz – il ne perd aucun match et signe rapidement un contrat de trois ans. «C’est grâce à Fribourg si je suis encore en Suisse. Ce club est spécial pour moi», confie-t-il.

A tel point que l’Ajoulot d’adoption avoue qu’il ne bouderait pas l’idée de retrouver les bords de la Sarine. «C’est quelque chose qui peut se faire, on ne sait jamais…», glisse-t-il, avant d’ajouter que son retour avait failli avoir lieu avant l’arrivée de Hans Kossmann, en 2011. Lié au HC Ajoie jusqu’en 2021 (avec option), le Québécois possède cependant une clause de sortie pour la National League, qu’il n’activerait pas en cours de saison, selon ses dires.

Retourner dans l’élite?

«Je n’en fais pas une maladie de retourner dans l’élite, assure Gary Sheehan. Mais si l’opportunité se présente je ne dirai pas non.» Car le technicien a déjà pu goûter à ce qui s’appelait encore la ligue A sur le banc du Lausanne HC de 2004 à 2005, en remplacement de Riccardo Fuhrer. Dans une folle série de barrage face à Bienne, disputée dans la patinoire de Fribourg en raison de la Coupe Davis, le duo Sheehan/Khomutov avait sauvé le club in extremis. Et malgré son licenciement en octobre de l’année suivante – celle de la relégation du LHC – le Québécois avait mis son ego de côté pour rester assistant de Bill Stewart. «Partout où je suis passé, je peux y retourner, il n’y a pas eu vraiment de conflit, malgré les congédiements, se réjouit-il. Je dois ça à mon éducation, j’y tiens.»

« Ce match, c’est l’opportunité de gagner quelque chose que je n’aurais jamais espéré »

Gary Sheehan

Ouvert aux médias, le coach du finaliste de la Coupe a même accepté que sa théorie d’avant-match lors d’un derby face au HCC soit filmée. «Mes résultats, mes présences à la télévision, les interviews, je crois que j’en fais assez pour que les gens connaissent ma personnalité», explique-t-il. Et par «gens», il sous-entend aussi les décideurs des clubs. «Si tu n’as pas quelqu’un qui se dit «ça, c’est mon homme», ça n’est pas la peine. Si un dirigeant le pense, il viendra me chercher.»

Il aime surprendre

Avec un titre de champion de Suisse de Swiss League en 2016 et une finale de Coupe de Suisse quatre ans plus tard, Gary Sheehan connaît son lot de réussite durant son aventure jurassienne. «Ce match c’est l’opportunité de gagner quelque chose que je n’aurais jamais espéré, dit-il en revenant sur la rencontre face à Davos. Quelqu’un me disait qu’il faudra refaire ça dans la nouvelle patinoire, mais peut-être que la prochaine fois je ne serai plus de ce monde.»

Mais dimanche, il devra bien avoir les pieds sur terre pour motiver son équipe. «J’aime surprendre», prévient-il, en évoquant ses théories d’avant-match et son attitude dans le vestiaire. Sur la glace aussi, ses joueurs devront être inventifs pour déjouer les plans des Davosiens, troisièmes du championnat de National League, comme ils l’ont fait avec Zurich en quart de finale et Bienne en demie. Et qui sait si Gary Sheehan ne se fera pas surprendre à son tour par un coup de téléphone à la suite de cette épopée historique?


Trois questions à Alain Birbaum

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