Ils décortiquent le jeu de Marcus Sörensen. «La capacité d’endormir l’adversaire»

«Samedi soir à Kloten, Pat Emond se tourne vers moi et me glisse à l’oreille: 'Il fait quoi dans notre ligue, ce gars?' J’ai souri, car il a totalement raison. En termes de talent pur, Marcus est au-dessus du trois quarts des joueurs évoluant actuellement en NHL.» Plus les semaines passent, plus Christian Dubé et ses assistants mesurent le privilège qu’ils ont de compter sur les services de Marcus Sörensen. Au sommet de son art et du classement des compteurs avec ses 29 buts et ses 24 assists, le Suédois s’inscrit dans la lignée des meilleurs attaquants que la National League ait jamais connus.

Marcus Sörensen, de «pas si mal» à éblouissant

Resté sur sa faim la saison dernière, Fribourg-Gottéron tient entre ses mains un diamant. Et peut-être le prochain MVP du championnat. Un honneur auquel aucun Dragon n’a eu droit depuis Julien Sprunger en 2008. Impliqué directement dans plus d’un tiers de la production totale de son équipe (153 réussites), l’ailier de 31 ans est aussi fascinant à voir tournicoter qu’intéressant à analyser.

Le style se veut fluide, pas tape-à-l’œil. «A première vue, on se dit qu’il ne patine pas tant que ça. Et pour cause: jamais Sörensen ne donne l’impression d’atteindre sa vitesse maximale», relève Doug Boulanger, coach spécifique spécialisé dans le développement de joueurs. «Il le doit à une technique de glisse au-dessus de la moyenne. Elle lui évite de faire des kilomètres dans le vide.»

A cela s’ajoute l’art de la feinte de corps, qu’il doit peut-être à son passé de footballeur très prometteur. «Ses pieds font mine de partir à gauche, il repart à droite, ou l’inverse, s’émerveille le Québécois. Regardez sa première présence sur la glace à Kloten: il élimine de cette manière un défenseur dans l’arrondi puis l’ailier à la ligne bleue. Cette capacité à sortir des petits espaces sous pression et à «décoller» de la bande, c’est l’une de ses plus grandes forces.»

«Très difficile à lire», le magicien de Södertälje se distingue par la variété de son répertoire. «Il est capable d’ouvrir le jeu ou de le ralentir à n’importe quel moment», souligne Gerd Zenhäusern. Et l’assistant directeur sportif des Dragons d’ajouter à propos du numéro 9, sous contrat jusqu’en 2025: «Ce n’est pas seulement un attaquant qui fonce au but, le canon chargé. C’est un joueur très complet, qui n’hésite pas à changer de direction ou de cadence.»