Logo

Le 1000e match de Julien Sprunger

Julien Sprunger a toujours fait passer sa santé avant le reste

Pas épargné par les blessures à la tête, Julien Sprunger a toujours pris le temps de se soigner correctement avant de revenir au jeu. D’où sa longévité au plus haut niveau.

Julien Sprunger avait ouvert les portes de sa maison à La Liberté lors de sa longue convalescence en 2009. © Alain Wicht-archives

6 octobre 2023 à 18:25

«J’en parle normalement aujourd’hui, mais ça m’a pris du temps à digérer et revenir. Cette charge aurait pu changer toute ma vie ainsi que celle de mes proches…» Si l’épisode du championnat du monde 2009 appartient définitivement au passé, des démangeaisons nerveuses au niveau du bras viennent rappeler ponctuellement à Julien Sprunger qu’il a frôlé le pire le 4 mai 2009 à Berne. Le geste gratuit et odieux de l’Américain David Backes envoie le jeune attaquant suisse dans la bande, qui sortira de la glace sur une civière avec un disque intervertébral déplacé et le canal de la moelle épinière partiellement comprimé.

Six mois plus tard, complètement remis de son opération, le revenant finit son tour d’honneur ému aux larmes après avoir planté un but et distribué trois assists lors d’une victoire 9-4 face à Langnau. Ce retour au jeu réussi en précédera d’autres, preuve que l’homme s’écoute. «Ma santé est toujours passée avant tout le reste. Il m’est arrivé de recevoir le feu vert médical, d’aller sur la glace le jour du match pour finalement reporter mon come-back d’une ou deux semaines parce que je ne me sentais pas tout à fait prêt.»

«Comprendre ce qu’il m’arrive»

Si la prudence est l’intelligence du courage, alors celui de Julien Sprunger est grand. Au contraire de bon nombre de sportifs, jamais le capitaine n’a cherché à raboter ses périodes de convalescence. Plutôt que de «forcer», il a multiplié les rendez-vous chez le médecin et les visites dans les cabinets de neurologie, aux Etats-Unis et à Zurich. «Je ne suis pas du genre à attendre chez moi que ça passe. J’ai besoin de comprendre ce qu’il m’arrive», glisse le numéro 86.

Une sagesse sans laquelle il n’aurait pas pu durer aussi longtemps – rares sont les hockeyeurs encore en activité à près de 38 ans - au plus haut niveau. Car les 196 centimètres de l’ailier ont été mis à rude épreuve ces 21 dernières années. Sa tête principalement. «Ma première et seule grosse blessure articulaire, c’était au genou en 2019», touche du bois le superstitieux.

«Le nombre de commotions importe-t-il tant que ça? Il en suffit d’une vilaine pour briser une carrière…»
Julien Sprunger

Immanquablement, le terme «commotion» est relié à son nom. Au point d’agacer le MVP de la saison 2007/2008. «J’ai l’impression d’être la personne de référence, celle qu’on appelle quand on veut faire un article sur la thématique. Bien sûr, dans l’absolu, nous sommes tous d’accord qu’il n’est pas conseillé de multiplier les chocs au cerveau. Mais au final, le nombre de commotions importe-t-il tant que ça? Il en suffit d’une vilaine pour briser une carrière…»

Faits et gestes épiés

Trois, quatre, cinq, six? Peu importe. Aucune jusqu’ici n’aura eu raison de l’homme aux 1000 matches, qui sait sa santé épiée. Il ne compte plus les rumeurs, la dernière pas plus tard que la saison passée (un prétendu malaise après l’entraînement) ni les spéculations à son sujet. Une conséquence de sa médiatisation importante dans le canton, qu’il accepte avec philosophie. «A force, je me suis fait une carapace, donc ça va. Mais parfois, c’est plus compliqué à vivre pour ma famille.»

Moins ciblé qu’il ne l’était hier, aussi parce qu’il n’est plus la tête brûlée de ses débuts (qui donne des coups en reçoit en retour), Julien Sprunger coule des jours heureux sur la glace. Jusqu’au jour où son corps lui criera stop.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus