National League » Employé de commerce dans une banque, chroniqueur pour La Liberté (lire ci-dessus), DJ du vestiaire de Fribourg-Gottéron, spécialiste du box-play, Nathan Marchon est en train d’ajouter une nouvelle ligne à son curriculum vitæ: scorer. En allumant la lampe rouge à quatre reprises cette semaine, le Sarinois de bientôt 25 ans a porté à 13 son total de goals. Le voilà qui termine l’année 2021 deuxième meilleur buteur suisse du championnat – à égalité avec Damien Brunner et Sandro Zangger – derrière son coéquipier Killian Mottet (16 buts). Rien que ça! «Vous me l’apprenez. C’est fou, jamais je n’aurais imaginé me trouver à cette position à Noël», concède l’homme du match de mercredi soir, remporté après prolongations face à Lugano.

Avec 25,5% de ses tirs cadrés qui finissent au fond des filets jusqu’à présent, Nathan Marchon peut se targuer d’être le hockeyeur le plus efficace de la ligue devant la cage adverse. «Ça veut dire que je fais mouche une fois sur quatre? s’étonne-t-il. Pour être honnête, je n’explique pas ce qu’il m’arrive.» Porté par ce taux de réussite extraordinairement élevé, il lui aura suffi de trois mois et demi pour augmenter d’un tiers sa production totale en National League (40 buts en 270 matches). Pas mal pour un attaquant qui, en 2019, avait dû patienter jusqu’à la 19e journée pour inscrire son tout premier point de l’exercice.

«Il y en a toujours un qui offre du vin…»

S’adapter vite et bien

Si l’état de grâce du polyvalent ailier et la dynamique collective expliquent en partie ces chiffres impressionnants, si Nathan Marchon ne sera jamais un buteur de la trempe de Julien Sprunger ou de Killian Mottet, il sied quand même de se poser la question: a-t-on catalogué prématurément Nathan Marchon comme un simple joueur de rôle? Et si, dans le sillage de sa progression pas tout à fait linéaire, émergeait un instinct de tueur? «Je me vois toujours comme un élément défensif, tranche l’intéressé. Pour moi, c’est inné d’être le premier à battre en retraite à la perte du puck.»

La force première du couteau suisse des Dragons, c’est de s’adapter vite et bien. Christian Dubé l’associe à Matthias Rossi et Andreï Bykov lundi soir: Il marque. Son entraîneur le replace en première ligne deux jours plus tard: il se trouve les yeux fermés avec David Desharnais et plante un nouveau doublé. Là où il dépannait de temps en temps hier, il s’impose sur la durée aujourd’hui. «Je n’ai pourtant rien changé à ma préparation! C’est une question de confiance. Elle me permet d’essayer des choses – par exemple le back-hand lucarne – que jamais je ne tenterais si ça ne tournait pas. Aux entretiens individuels menés par le staff en fin de saison dernière, le coach m’avait fait remarquer que je pourrais facilement atteindre la barre des dix buts en transformant ne serait-ce qu’un tiers des nombreux break-away (échappées, ndlr) dont je bénéficiais. Je me suis focalisé là-dessus et… ça marche!»

«Je me vois toujours comme un élément défensif»
Nathan Marchon

En affrontant la plupart du temps des adversaires dont le curseur est placé du côté de l’attaque, l’ancien junior a tout loisir de mettre à profit sa vitesse en contre. «Je ne suis pas du genre à tirer de loin. Regardez mes buts, ils sont tous marqués devant le gardien.» Avec 21 unités dans la besace, le sixième meilleur compteur des Dragons a d’ores et déjà pulvérisé son précédent record de points sur une saison (14 en 2018/2019).

«Il faudra confirmer»

Sous le feu des projecteurs, «McMarchon» – un surnom inventé par certains supporters en référence au N°97 qu’il partage avec la star canadienne Connor McDavid – gagne soudainement en notoriété. «Quand je me suis connecté sur Instagram après la victoire contre Lugano, j’avais 114 nouvelles demandes d’abonnement. Tout le monde me tape sur l’épaule et me félicite. Pour un gars réservé comme moi, ça fait bizarre. Je vis le truc sans trop me poser de questions tout en gardant à l’esprit que je devrai confirmer l’année prochaine.»

Lié à son club formateur jusqu’en avril 2023, Nathan Marchon se retrouve en position de force à quelques mois de renégocier son contrat. Des performances qui devraient lui permettre d’enfin signer un bail longue durée. «Je suis allé de deux ans en deux ans depuis le début de ma carrière, je ne ferme donc pas la porte à travailler sur le long terme. Mais il faut pour ça que je continue.»

Un match de suspension et une amende de 2500 francs pour mottet

Auteur du but de la victoire en prolongation mercredi soir, Killian Mottet s’est fait rattraper par la patrouille. Jugé coupable d’une charge à la tête de Mark Arcobello, l’attaquant de Gottéron (30 ans) a écopé d’un match de suspension. Il manquera le match de reprise à Zoug le 2 janvier. Le Fribourgeois devra en outre s’acquitter d’une amende de 2500 francs pour son geste – un coup d’épaule dans le visage de l’Américain, plus en possession du puck au moment de l’impact – qui lui avait valu deux pénalités mineures à la 31e minute. Autre nouvelle transmise hier par la Ligue: Gottéron se rendra à Genève le mardi 11 janvier pour rattraper la rencontre reportée dimanche passé en raison de la quarantaine imposée aux Aigles. Avec cette nouvelle date mise au programme, un mois très chargé attend les Dragons avant les Jeux olympiques. Le leader disputera 11 matches en l’espace de 27 jours. PSC