«Gottéron a quelque chose en plus»

Hockey sur glace » Fribourg-Gottéron - Genève-Servette: l’affiche fait saliver en même temps qu’elle réveille certaines rivalités enfouies. Dès ce mardi soir (20h) et jusqu’à ce qu’une des deux équipes remporte quatre manches de ce quart de finale, Dragons (3es) et Aigles (6es) s’affronteront pour la quatrième fois de leur histoire en play-off. Chris Rivera a remporté les deux premières (4-1 en 2008 et 4-3 en 2010) sous la bannière servettienne, dont il était l’une des terreurs, avant de retourner sa veste et perdre la dernière série en date (4-1 en 2016) avec Gottéron.

Si son sang est grenat, l’ancien attaquant se revendique en observateur neutre depuis qu’il a pris sa retraite voici trois ans. «En tant qu’amoureux du hockey sur glace et consultant, j’espère que Gottéron se qualifie pour les demi-finales. Il va de soi que je serais aussi content si Genève passe. Mais j’ai l’impression que Fribourg arrive avec de meilleures dispositions, déjà parce qu’il a été plus serein en fin de saison. Les Aigles ont l’air cramé après avoir beaucoup tiré sur leurs leaders.» Et Chris Rivera de résumer: «Genève est meilleur intrinsèquement, mais Gottéron a quelque chose en plus cette année. Les joueurs sont en mission. Je leur donne donc un petit avantage.»

Gottéron: saison avec mention

Celui de la glace, notamment. Une première pour les Fribourgeois face à cet adversaire qui ne leur a pas réussi en championnat (4 défaites, 2 victoires). Etat des lieux des forces en présence.

Elu meilleur gardien de la saison régulière par ses pairs, Gauthier Descloux a parfaitement assumé son nouveau statut de N°1. A 24 ans, le Fribourgeois se profile comme le futur gardien (possible) de l’équipe de Suisse. Champion de ligue B avec Ajoie en 2016 à l’âge de 19 ans, Descloux apprend vite et bien. Assez pour briller durant cette série malgré sa maigre expérience de play-off de National League? Elle se résume à quatre apparitions (une seule titularisation), toutes enregistrées il y a six ans. «Gauthier a fait une saison monstrueuse. Mais les play-off à ce niveau, c’est une autre histoire. Je demande à voir ce qu’il a dans le ventre. De l’autre côté, Berra a bien plus de vécu», compare Chris Rivera.

Reto Berra sera d’autant plus motivé qu’il a des choses à prouver. Le Zurichois de 34 ans est privé de dessert depuis 2013 et une défaite face à… Fribourg-Gottéron. Habitué à déployer ses 194 centimètres dans la cour des grands (76 matches de NHL, 93 de AHL et 32 à des championnats du monde), l’international part avec une longueur d’avance dans son duel à distance.

Pour le protéger, Reto Berra espère pouvoir compter sur une défense qui connaît ses limites (offensives notamment) mais qui a su gagner en constance durant le mois de mars. «Fribourg est bien structuré, mais Genève a plus de talent et de jouerie en défense», relève Chris Rivera, dont le meilleur pote Jonathan Mercier a dû faire une croix sur les play-off. A cette blessure s’ajoute celle d’un autre arrière chevronné en la personne de Marco Maurer. De la profondeur en moins…

Ce quart de finale mettra aux prises les deux meilleurs jeux de puissance du pays. Même s’ils s’appuient sur un box-play efficace, Fribourgeois (23,6% d’efficacité à 5 contre 4) et Genevois (21,7%) ont tout intérêt à éviter le banc des punitions. Question discipline, difficile de faire mieux que le Dragon cette saison. Maîtres de leurs nerfs, les hommes de Christian Dubé ont écopé de «seulement» 453 minutes de pénalités. C’est 280 de moins que la turbulente escouade de Pat Emond! Une perspective alléchante pour Gunderson, DiDomenico, Desharnais, Sprunger, Mottet et compagnie.

«Sur le papier, Genève est également mieux fourni aux avant-postes», tranche Chris Rivera avant de nuancer: «Je trouve que Gottéron a réalisé de grands progrès dans sa façon de mettre des pucks au but et amener du trafic devant le gardien. C’est quelque chose qui ne se faisait pas, ou peu, lors de mon passage à Fribourg.»