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Hockey sur glace

Dix ans, dix souvenirs

Arrivé en 2011 de Berne, où il retourne ce soir, Christian Dubé replonge dans sa décennie fribourgeoise

Christian Dubé fête ses 10 ans à Gottéron Photo Lib/Charly Rappo, Fribourg, 31.08.2021Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

7 septembre 2021 à 04:01

Hockey sur glace » Le plan, c’était cinq ans (2+3), comme joueur uniquement. «En 2011, lorsque je signe, jamais je ne me serais imaginé vivre en Gruyère dix ans plus tard. Pourtant, aujourd’hui, je suis bien intégré dans la communauté. Je me sens Fribourgeois!» En une décennie, Christian Dubé aura connu 1000 vies et autant de péripéties. Ce soir, l’entraîneur/directeur sportif lancera sa 11e saison de «Dzodzet» dans la capitale, où il fut une idole durant neuf ans. A Fribourg, où il est sous contrat jusqu’en 2023, c’est un peu je t’aime, moi non plus. «Totalement. J’ai appris à vivre avec. Il faut dire que je ne passe pas inaperçu. J’ai déjà une gueule spéciale avec ma barbe et mon style. Plein de gens me montrent beaucoup d’amour. D’autres me détestent. Moi, je fais de mon mieux. Pour Gottéron…»

«J’ai désormais passé plus de temps ici qu’à Berne. Christian Dubé le joueur, c’est le SCB. Mais Christian Dubé le manager, c’est Gottéron», tranche le Canadien de 44 ans, qui a accepté de partager dix souvenirs vécus dans un club qu’il marquera, peu importe le dénouement.

 

1. Le premier match tourne au drame

 

«Après deux tiers, alors que Zoug mène 3-0, Kossmann décide d’associer Rosa, Gamache et moi. Nous revenons à 3-2 puis j’offre le 3-3 à Pavel. En levant les bras, je me tourne et Holden me frappe au menton avec son coude. Ouvert à l’arrière du crâne, je me retrouve inconscient dans une flaque de sang. Je suis évacué sur une civière à l’hôpital. Holden sera suspendu 8 matches. Avec l’adrénaline, je joue aux cartes dans le bus au retour et je dis que je veux être sur la glace le lendemain. Le médecin ne sera pas de cet avis.»

 

2. Blessure et coup de bluff en finale

 

«L’année du 75e anniversaire, une année mémorable à tous points de vue, je me déchire le triceps en demie. Fin de saison, annonce-t-on dans un communiqué et pas de finale face à Berne, mon ancien club. Mais les play-off, c’est aussi du bluff. Pour cacher mon retour au jeu, le staff avait fermé la patinoire à clé et collé des sacs poubelles sur les fenêtres. Finalement, j’ai pu jouer trois matches sur six de la série, à 50% de mes capacités.»

 

3. Le coup de fil à Volet qui a tout changé

 

«Alors qu’il me restait une année de contrat, j’en avais mentalement ras le pompon. Le niveau de l’équipe avait baissé, comme ma motivation. Un jour, j’ai lancé un coup de fil à Michel Volet (l’ancien président, ndlr): «Michel, peut-être que mon appel ne fait aucun sens, mais je voulais savoir si vous étiez ouvert à l’idée de me rencontrer pour le poste de directeur sportif.» Sans ce téléphone, je ne serais plus ici depuis longtemps. J’aurais honoré ma dernière année de contrat et j’aurais rejoint l’agence de Gaëtan Voisard, dans laquelle j’avais des parts. Comme quoi, la vie…»

 

4. Le coup de balai qui a coûté des amitiés

 

«J’entre en fonction comme directeur sportif en 2015 et je commence par faire le ménage. Les débuts sont difficiles à vivre mais c’est un passage obligé. Beaucoup de mes ex-coéquipiers ont pu se sentir trahis. Je pense particulièrement à Joel Kwiatkowski, l’un de mes bons amis à qui j’ai dû annoncer que je ne voulais plus de lui.»

 

5. L’affaire Pouliot et le calvaire de 2017

 

«Pouliot qui oublie ses patins, ce n’est qu’un petit épisode de ces 10 ans au club. Est-ce que j’ai surréagi (le joueur canadien avait été poussé vers la sortie à la suite de son étourderie, ndlr)? Peut-être. Mais j’estime que c’est un manque de professionnalisme. Toute cette saison 2016/2017 avait été catastrophique. Le changement de poste de Gerd Zenhäusern, l’arrivée de Larry Huras qui ne prend pas, des blessés: tout s’est enchaîné jusqu’à cette finale des play-out face à Ambri.»

 

6. La vraie fausse arrivée de Berra

 

«Son agent me contacte à Noël (en 2016, ndlr) pour sonder notre intérêt. Lausanne fait le forcing mais n’est pas disposé à lui offrir une clause de départ pour la NHL. Moi, je prends le risque et ça fait la différence. Je n’avais pas encore l’argument nouvelle patinoire (rires). Mais en juillet, à quelques jours de la date butoir, Reto reçoit une offre d’Anaheim. Je tombe de ma chaise quand l’agent m’en informe. Il a fallu lui trouver un remplaçant très vite. Bref, j’ai passé ma semaine au téléphone, depuis le Portugal. Ma femme m’a prévenu que c’était les dernières vacances de ce style!»

 

7. La révolution French et la rénovation

 

«Mark a apporté du professionnalisme. Avec lui, tout est pensé et carré. Nous faisons les play-off la première année en grande partie grâce à Barry Brust (le gardien, ndlr). La suite se passe moins bien. Nous n’avons jamais fait ce pas en avant souhaité. En parallèle, la rénovation de la patinoire suscitait du mécontentement. Viktor Stalberg m’a avoué un jour qu’il n’aurait jamais signé chez nous s’il avait su que les conditions étaient à ce point précaires.»

 

8. La nuit du 4 octobre 2019: adieu, Mark

 

«Le matin du match à Ambri, je dis à Mark qu’il faut absolument une réaction. L’équipe n’a que deux points après cinq matches. Le premier tiers s’écoule et… tout le monde est à côté de la plaque. Raphaël Berger m’appelle. Rendez-vous est donné à la patinoire. Je n’ai pas de coach sous la main, ça arrive sur un coup de tête. Je propose d’aller moi-même sur le banc le lendemain contre Rapperswil, même si je n’ai jamais coaché. Après tout, ce sont des joueurs que j’ai choisis. Quand le car arrive et qu’il nous voit, tous là à 2 h du matin, Mark comprend, il n’est pas bête. Lui annoncer la fin de notre collaboration fut un moment terrible. C’était un ami.»

 

9. Le jour où Simpson a failli avoir le poste

 

«Après notre victoire face à Rappi, on se fait ramasser à Bienne. Je sais que si on perd à Lugano, c’est fini. Je ne suis pas ici aujourd’hui. Pas même comme directeur sportif. Je le dis à Pavel et à l’équipe. Résultat? On fait un match énorme et on enchaîne derrière. Je rappelle Sean Simpson, que j’avais déjà rencontré pour le poste d’entraîneur principal, pour lui dire que les choses ont changé. Il me dit: «Comment ça?!» Je lui propose le job de conseiller et il répond: «Aucun problème!» Des fois, Sean devait se dire: mais comment ça peut fonctionner? Il voyait deux jeunes insouciants tenter des trucs peu conventionnels.»

 

10. La qualification et le huis clos

 

«Il nous faut un point, on tient le 0-0 comme des morts de faim. Je vois encore les joueurs sauter sur la glace dans cette patinoire vide. Sur le coup, ce 29 février 2020, la qualification pour les play-off passe avant le choc du huis clos. C’est fort car on revient de très loin! On prend une baffe derrière en apprenant que les play-off sont annulés. La pandémie a enlevé tout le sel de notre activité. Le hockey est un monde d’émotions. Se faire crier dessus, c’est ça qui est beau. J’ai ressenti beaucoup de tristesse la saison passée malgré nos bons résultats.»


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Dufner blessé, Bougro incertain. Et Kahun aligné?

FR-Gottéron » Epargné par les blessures jusqu’à samedi, Gottéron est rattrapé par la scoumoune. Rentré sonné de Bratislava, Dufner n’a pas pu s’entraîner hier. «Il ne jouera pas à Berne», annonce Dubé, qui déplore un autre absent de dernière minute. «Bougro a une gêne à une cheville. Aucune idée s’il pourra tenir sa place…» Cela devrait permettre à Jecker et Jobin d’éviter de passer par la case surnuméraire d’entrée de saison.

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