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Hockey sur glace

Desharnais, le cerveau du Dragon

Le «QI hockey», ou pourquoi le centre québécois de 35 ans est aussi précieux pour Fribourg-Gottéron

David Desharnais, le joueur qui fait «plein de petits trucs importants qui ne se voient pas», dixit son entraîneur.

4 avril 2022 à 23:21

Hockey sur glace » Samedi, au soir de la qualification de Gottéron pour les demi-finales des play-off de National League, Christian Dubé a préféré en sourire. «David? Il était moyen, je trouve.» Et l’entraîneur et directeur sportif des Dragons de se faire aussitôt plus sérieux: «David n’est pas le plus «flashy» mais fait plein de petits trucs importants qui ne se voient pas: il gagne des batailles, des pucks, réussit des jeux incroyables. Il n’est pas un de nos leaders pour rien.»

David, c’est David Desharnais: l’attaquant N°51 de Gottéron. Un homme qui ne paie pas de mine mais qui a permis à Killian Mottet d’inscrire le but victorieux dans la prolongation de l’acte V, comme il avait offert le 1-3 décisif à Andrei Bykov deux jours plus tôt à Lausanne. Sur sa tête, point de casque jaune. Pas de flammes qui descendent sur la nuque non plus. Mais entre les deux oreilles, de la matière grise. Beaucoup, même. «David Desharnais est le cerveau de Fribourg», estime Gary Sheehan, ancien entraîneur d’Ajoie. Un Québécois comme Desharnais. René Matte n’en pense pas moins. Pour l’avoir entraîné dans la Belle Province avant de le faire venir une première fois sur les bords de la Sarine en 2012, le bras droit de Luca Cereda à Ambri-Piotta connaît bien son compatriote. «Pour moi, il est le MVP de la série contre Lausanne. Sans équivoque.» Et d’ajouter: «Sa grande force, c’est son QI hockey supérieur à la moyenne.» Une intelligence de jeu sans laquelle David Desharnais, 35 ans, ne pourrait pas faire autant de petites (et de grandes) choses aussi bien.

1. Rendre ses coéquipiers meilleurs

Intelligence = vision de jeu, intelligence = timing. Jeudi dernier, Bykov n’a pas tari d’éloges sur celui sans qui il n’aurait pas surpris le LHC à 4 contre 5. «Sa passe était juste magique!» Même admiration dans la voix de Mottet, auteur du but de la qualification pour les demi-finales après 78 minutes d’un match haletant. «Sur cette dernière scène, commence René Matte, Desharnais voit Mottet depuis le début. Mais ce que je trouve encore plus fort, c’est la manière dont il compromet le gardien en l’attirant vers lui. Là où d’autres auraient peut-être tenté leur chance, lui a feinté le tir et sorti Stephan (le portier lausannois, ndlr) de sa cage.» Pour Gary Sheehan aussi, l’ancien attaquant de Montréal «rend ses coéquipiers meilleurs». «Avec lui, il faut des gars qui puissent finir le job tels Mottet ou Marchon.» Et de nuancer: «Beaucoup de passeurs ne sont pas des marqueurs. Mais lui n’est pas maladroit.» A son actif: 19 buts et 30 assists en 52 matches cette saison. Série en cours.

2. Gagner des engagements importants

L’astuce de Desharnais se traduit aussi dans sa capacité à gagner des engagements. Avant les matches de ce lundi, le Canadien était le joueur de play-off à avoir disputé le plus de mises en jeu: 117, pour un taux de réussite de 58,12%. «Je ne sais pas s’il a une technique particulière. Je ne pense pas. Une chose est sûre: son centre de gravité, bas, l’aide. Il faut dire aussi qu’il est fort dans le haut du corps.» Gary Sheehan ajoute: «On connaît l’importance des engagements et le pourcentage élevé de Desharnais. Avant d’affronter Fribourg, je ne manquais pas de le rappeler.»

3. Etre décisif lors des situations spéciales

Quatre contre cinq ou cinq contre quatre, peu importe: Desharnais est à pied d’œuvre lors de chaque situation spéciale. «Parce qu’il a 35 ans, on pourrait douter de l’utilité de l’aligner en infériorité numérique. Mais les présences de Desharnais ne dépassent jamais 20 ou 30 secondes», observe René Matte, pour lequel «il ne s’agit pas que de bloquer des shoots: on a aussi besoin de joueurs intelligents qui voient rapidement les «jeux» se dessiner». Autre avantage à évoluer en box-play: «Beaucoup de top joueurs n’aiment pas ne rien faire pendant 2 ou 3 minutes, reprend Gary Sheehan. Jouer le PK (en infériorité numérique, ndlr) permet de rester dans le match.»

«David Desharnais est le cerveau de Fribourg»
Gary Sheehan

Utile pour «tuer» une pénalité, Desharnais l’est encore davantage lorsqu’il s’agit de punir l’indiscipline d’en face. Installé sur la ligne de but, le vétéran n’hésite jamais, malgré sa taille modeste (175 cm), à payer de sa personne pour masquer la vue du gardien. Le 1-0, samedi contre Lausanne, en est un parfait exemple. «Dans cette position, il a surtout cette liberté de trouver le trou dans la «boîte» de défense ou de remonter vers la ligne bleue», note encore Gary Sheehan en soulignant la qualité de patinage du vétéran québécois. Desharnais: la tête et les jambes.


Trois questions à David Desharnais

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