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Hockey sur glace

Des chiffres et des êtres

Plusieurs facteurs et individus se cachent derrière l’année 2020 de Gottéron, statistiquement excellente


30 décembre 2020 à 19:31

Ambri-Piotta » Hockey sur glace L Dans l’astrologie chinoise, 2020 n’est pas l’année du Dragon – plutôt celle du pangolin… Dans le microcosme du hockey sur glace suisse non plus, même si la créature légendaire a profité de ces douze derniers mois hors norme pour reprendre du poil de la bête. Fort d’un bilan, à cheval sur deux saisons, de 73 points en 40 matches, Fribourg-Gottéron a bouclé sa 83e année d’existence en alignant cinq succès. 1,82 unité glanée par rencontre: un ratio supérieur à celui de 2019 (1,42) que la majorité de ses concurrents peut lui envier.

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Voilà sept ans, et la dernière saison complète de Hans Kossmann à Saint-Léonard, que son pensionnaire ne s’était plus retrouvé sur le podium de National League au 31 décembre. Sans aller jusqu’à parler de métamorphose, force est de constater que le redressement est spectaculaire. Un mois avant de se qualifier, fin février, pour des play-off dont il a été privé, Gottéron ne végétait-il pas à l’avant-dernier rang du classement? L’entraîneur/directeur sportif Christian Dubé, son assistant Pavel Rosa et l’attaquant Nathan Marchon expliquent ce changement de cap au moment de le passer.

Caractère sur la glace, sérénité en dehors

«En retombant dernièrement sur certains alignements de la fin de saison passée, je me suis dit «purée», c’est un miracle d’avoir fini dans le top 8», sourit Dubé. Sa qualification pour les play-off, Gottéron est allé la chercher avec de nombreux blessés et une force de caractère insoupçonnée. Il faut dire que la large défaite (7-2) concédée à Davos le 17 janvier, précédant le déballage médiatique risqué de Dubé pointant l’attitude de ses joueurs, ne laissait pas augurer de lendemains si prometteurs. «C’était une petite baffe dans la gueule qui nous a fait plus de bien que de mal», image Marchon.

Depuis cet acte que Rosa qualifie de «fondateur», Gottéron s’est mis à «agir plutôt que réagir», complète Marchon. Ambri et Lugano la saison passée, Langnau, Berne, Genève et de nouveau Lugano cet automne: autant de formations qui ont vu le Dragon resurgir alors qu’il se trouvait mené d’une, deux, voire trois longueurs. «Ce qui change aussi par rapport à 2019, poursuit le N°97, c’est que nous assurons contre les équipes moins bien classées. C’est une question de confiance.»

Rarement dans le rouge sur la glace, Gottéron voit la vie en rose en dehors. Hormis celui déjà acté de Noah Schneeberger, aucun départ anticipé, ni d’histoire parasite (tout le monde est à la même enseigne avec le coronavirus), n’est venu entraver la quiétude retrouvée des Fribourgeois.

Bon recrutement et bonne ambiance

Si Christian Dubé l’entraîneur a du succès, c’est aussi parce que Christian Dubé le directeur sportif a réussi sa campagne de transferts. Dans un registre différent, Yannick Herren et Mauro Jörg amènent une touche offensive supplémentaire. «Et DiDomenico de la créativité. Nous avons peut-être les meilleurs étrangers de la ligue, avance le Québécois. Sans oublier Jecker, Sutter et même Aebischer. Ils font du bien à notre défense, qui tient la route même en l’absence de notre arrière suisse N°1 (Furrer, ndlr).»

Les nouveaux? «Des bons gars bien intégrés», résume Marchon, confirmant l’impression qui se dégage du vestiaire: l’ambiance y est particulièrement bonne cette saison. Les résultats et le confort des installations aident, pour sûr. «Avant d’être un business, le hockey reste un jeu. Les gars doivent avoir du plaisir en travaillant. J’aime autant déconner que mettre mes joueurs sous pression. Je suis comme je suis et je l’assume, glisse Dubé. Heureusement, mon assistant est plus calme, du moins en apparence (rires).»

Entraîneurs et style de jeu appréciés

Docteur Christian et Mister Dubé. Les deux facettes du personnage plaisent à ses protégés. «Il excelle dans le registre émotionnel, cela nous fait du bien sur le banc étant donné que les gradins sont vides, relève Marchon. On apprécie son côté showman, avec ses vestes et ses déguisements. On sent que le coach est en confiance et cela nous en donne.»

Ce grain de folie trouve écho dans l’arène. Avec 2,87 buts marqués par match en 2020, Gottéron a dopé sa production par rapport à l’ère Mark French. A l’inverse, les filets de Reto Berra sont plus souvent troués. «Nous avons plus de liberté offensive qu’avec Mark, qui nous faisait suivre un plan pour chaque situation, compare le Sarinois. En défendant désormais sur l’homme plutôt que la zone, nous pouvons plus rapidement nous projeter vers l’avant à la récupération. Par contre, lors de matches qui vont dans tous les sens, cela peut vite être la m… si l’un de nous tombe au moment de se replier.»

Les maîtres mots du staff technique: agressivité, vitesse et densité dans l’enclave située devant Berra. Lequel est régulièrement bombardé. Plutôt 36 fois qu’une en moyenne. «Reto aime ça, assure Dubé. Tant que ce sont des tirs de la ligne bleue ou de la bande, peu importe. L’important, c’est que nous avons autant voire plus d’occasions nettes que notre adversaire, ce qui est presque toujours le cas.»

Pavel Rosa insiste: «Reto, c’est quand même un gros morceau de notre succès, même si l’équipe joue bien devant lui. Il répond toujours présent dans les moments difficiles.» Ajoutez à cela des unités spéciales particulièrement efficaces en ce moment et vous obtiendrez une équipe en pleine bourre. Reste à savoir si elle est en surrégime. «En tout cas, c’est une petite surprise de se retrouver dans le top 3», admet Christian Dubé. Nathan Marchon prévient: «Nous avons eu un brin de chance dernièrement. Il faudra montrer du caractère quand nous traverserons une phase plus compliquée.» Dans l’astrologie chinoise, 2021 n’est pas l’année du Dragon. Et dans le hockey suisse?


Au programme

Deux équipes, deux ambiances

Contrairement à son prochain adversaire, l’équipe de Luca Cereda traverse une période compliquée, avec cinq revers de suite. Pire, les Léventins n’ont gagné que six de leurs 21 rencontres disputées jusqu’ici…

Fribourg-Gottéron » Après avoir bénéficié de trois jours de congé, les Dragons retournent sur la glace ce jeudi 31 décembre, le moral au beau fixe. «Nous nous entraînerons aussi le 1er en fin de matinée», précise Dubé.

Infirmerie » «Je m’attends à aligner la même équipe que le 27 décembre à Bienne», dixit le coach fribourgeois, précisant que Chavaillaz a rechaussé ses patins cette semaine. Idem pour Furrer, lequel se bat depuis la mi-octobre pour se remettre d’une commotion. Pour son dernier rendez-vous de l’année, Ambri avait évolué sans Conz, D’Agostini, Incir (blessés) ni Fohrler (malade).

Sous la loupe » En battant les Biancoblu pour la troisième fois de l’exercice (une fois en championnat, une fois en Coupe), Gottéron réaliserait sa meilleure série depuis plus de cinq ans. Il faut en effet remonter au début de saison 2015/2016 – huit succès sous la houlette de Gerd Zenhäusern – pour trouver la trace de six victoires consécutives.

Chaud » Depuis le 24 novembre et le naufrage collectif de Lausanne, Reto Berra tourne à 95% d’arrêts! Malgré ces statistiques d’extraterrestre, le Zurichois n’a toujours pas fêté de blanchissage, contrairement à sa doublure Connor Hughes.

Tiède » Meilleur buteur de National League avec 14 goals au compteur, Julius Nättinen est muet depuis quatre matches.

Froid » Renvoyé aux vestiaires par les arbitres pour la deuxième fois de la saison le 28 décembre, Jannik Fischer sera par conséquent suspendu pour la réception de Gottéron. Joueur le plus pénalisé du championnat (58 minutes), le défenseur tessinois devance son capitaine Michael Fora. PSC

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