Calvin Thürkauf, le hockeyeur qui sait tout faire

Equipe nationale » Sur la glace zurichoise, à deux jours du premier match des Swiss Hockey Games qui opposera l’équipe de Suisse à la Suède, la sélection nationale répète ses gammes. Certains joueurs attirent le regard, de par leur vitesse – Christoph Bertschy –, leur hargne – Tristan Scherwey – ou par la magie qu’ils développent – Denis Malgin. Pourtant, une fois l’heure des interviews venue, les micros et caméras se braquent à l’unisson, ou presque, sur un homme resté relativement discret durant la séance: Calvin Thürkauf. Etonnant? Pas du tout. L’ailier du HC Lugano s’est imposé, cette saison, comme le meilleur joueur du championnat de Suisse, le plus complet aussi.

Attaquant robuste (1,87 m pour 95 kg) à vocation plutôt défensive, Thürkauf, leader par l’exemple, a récemment prouvé bénéficier de mains en or, diablement efficaces. Ne caracole-t-il pas en tête du classement des compteurs de National League, avec 36 points (16 buts) en 30 rencontres? Impressionnant. D’autant plus qu’il donne l’impression de savoir tout faire: en plus de griffer la feuille des statistiques plus souvent qu’à son tour, il sait jouer de manière – très – physique et s’avère aussi un meneur d’hommes. En atteste son rôle de capitaine de la formation tessinoise, assumé pour la deuxième saison consécutive, à 26 ans seulement.

Le capitanat, ça aide

Avec l’équipe de Suisse, le Zougois a également hérité du prestigieux «C». «Honnêtement, je n’ai jamais demandé les raisons de cet honneur à mes entraîneurs, admet l’attaquant. J’imagine que cela vient du fait que j’essaie de donner l’exemple en toutes circonstances, prêt à laisser mon âme sur la glace, que ce soit pour mon club ou ma nation.» Il ajoute: «Le capitanat t’impose une pression de «performer» chaque soir. Tu ne peux pas être un peu «ailleurs» durant un match. J’ai franchement le sentiment que ces responsabilités ont impacté mon niveau de jeu de manière positive. C’est comme si j’avais une confiance supplémentaire, tout en étant encore plus exigeant dans l’état d’esprit.»

Pas question toutefois pour ce joueur d’équipe par excellence de tirer la couverture à lui. «Je dois mes belles statistiques à mes coéquipiers, qui font toujours en sorte de me placer dans les meilleures conditions. L’alchimie que nous avons développée avec mes compères de ligne Daniel Carr et Michael Joly était exceptionnelle.» Le passé est de mise, puisque Carr, blessé, manquera de nombreuses semaines de championnat. «Je leur dois tout», reprend Thürkauf, à qui il faudra plusieurs relances pour admettre que malgré tout, «oui, j’ai ma part du mérite dans mon succès personnel, c’est sûr, mais pour moi, il s’avère bien plus important de finir dans le top 6 avec Lugano que de terminer en tête du classement des compteurs à la fin de la saison».

L’un n’empêche pas l’autre, au contraire. S’il venait à poursuivre sur ce rythme effréné, le Luganais formé en Suisse centrale deviendrait le premier joueur suisse à réussir pareil exploit depuis le Zurichois Pius Suter en 2019-2020. Avant cela, il faut remonter à l’âge d’or de Damien Brunner (2011-2012) pour trouver trace d’un Helvète aux commandes des compteurs de National League. «Je mentirais si j’affirmais m’attendre à pareil ratio (1,2 pt/match, ndlr) à ce stade de la saison», sourit Calvin Thürkauf, qui «valait» 35 puis 19 points – en 50 et 52 matches – lors de ses deux premiers exercices sous les couleurs tessinoises. «La saison passée, j’avais un rôle plus défensif, j’étais d’ailleurs plus souvent aligné en box-play qu’en power-play. Cette année, on m’a donné plus de libertés offensives.»