Foot des talus. premier match officiel, premier ballon, premier but pour Cudrefin II

Football » Il est des talus remplis de trèfles à quatre feuilles. Quand il évoque la frappe «comme elle vient» qu’il a tentée et réussie samedi face à Montbrelloz et que l’un de ses amis a filmée sur son smartphone, mais pour se ficher (gentiment) de sa poire d’abord, Baptiste Stauffacher, 36 ans, 105 kg sur la balance et des épaules de déménageur qui inspirent à elles seules le respect, parle de la «chance du débutant.»

Premier match officiel, premier ballon, premier but: ce soir-là, le No 2 du FC Cudrefin II a fait les choses «propres en ordre», comme il dit aussi, avec cet accent broyard qui rend son histoire d’autant plus sympathique.

L’horloge affiche la 81^e minute lorsque Baptiste Stauffacher est appelé à entrer sur le terrain, qu’il foule, oui, mais avec la réserve de celui qui craint de gâcher l’idée même d’une première victoire. «On gagnait 3-2 mais cela commençait à être tendu et les autres poussaient bien, raconte-t-il, assis à la table de la salle à manger, ses deux enfants à l’étage en train de faire la sieste. Quand l’entraîneur m’a demandé d’aller m’échauffer, je lui ai glissé: si je ne joue pas, ce n’est pas grave, je ne voudrais pas commettre une erreur et tout faire capoter. Il m’a rétorqué de ne pas m’en faire, qu’en 5^e ligue tout le monde avait le droit de participer.» Et le citoyen de Donatyre de préciser: «J’avais joué au foot plus jeune, dans le quartier ou dans la cour d’école, mais jamais dans un club. Cet été, avec quatre cinq potes, on s’est dit: allez, on s’y met! Histoire de bouger un peu et de passer un bon moment.»

Quatre entraînements

A cet instant précis du récit, il sied d’ouvrir une petite parenthèse. Si Baptiste Stauffacher est un néophyte du ballon rond qui n’avait que quatre entraînements dans les jambes avant son exploit du week-end passé, il est aussi un ancien médaillé de bronze des championnats de suisse élites. Mais en judo. Sur les tatamis depuis l’âge de 4 ans, le poids lourd porte aujourd’hui encore les couleurs de Marly, en ligue B. «Dans deux semaines justement, nous avons un match à Zurich», reprend-il avant d’esquisser une grimace: «J’ai toujours autant de plaisir à lutter mais, pour être honnête, cela devient difficile physiquement. Le foot, c’est aussi pour ça: pour perdre quelques kilos, parce que je n’ai pas forcément le physique de l’emploi.» Rires.