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Chez les Brodin, c’est Emilia la star

Dans le sillage de Daniel, attaquant de Gottéron, se cache une vice-championne olympique de football

Emilia Brodin, femme de Daniel, hockeyeur à Gottéron, est vice-championne olympique de football Photo Lib/Charly Rappo, Granges-Paccot, 21.10.2021Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

4 novembre 2021 à 22:14

Football » «Daniel apparaît plus souvent dans les journaux, le hockey étant plus médiatisé que le football féminin. Mais je crois pouvoir me targuer d’avoir le plus beau palmarès de notre couple!» Le 16 août 2016, Emilia Brodin – Appelqvist de son nom de jeune fille – a réalisé le rêve de n’importe quel amateur de football: battre le Brésil dans le mythique stade du Maracana devant 70’000 socios survoltés. «C’est évidemment le meilleur moment de ma carrière. L’ambiance était simplement indescriptible», se remémore la Suédoise de 31 ans, partie prenante de cette demi-finale des Jeux olympiques remportée aux tirs au but.

«Je n’avais joué que 15 minutes du tournoi quand, en demi-finale, le sélectionneur m’a titularisée. Comme le plan était de jouer compact face à de talentueuses Brésiliennes, mes qualités défensives ont parlé en ma faveur», explique l’ancienne milieu de terrain, «choquée et déçue» d’avoir repris place sur le banc pour la finale. «Le staff technique avait opté pour une autre tactique contre l’Allemagne…» Un choix perdant, mais qu’importe. Cinq ans après cette formidable épopée, précédée par une participation sans éclat à la Coupe du monde 2015, Emilia Brodin est médaillée olympique et fière de l’être.

«J’adore le hockey»

L’argent ramené de Rio, c’est celui qu’elle n’a jamais gagné (ou si peu) durant sa vie de footballeuse professionnelle. «Il y a 10 ans, la norme était d’avoir un travail à temps partiel à côté. Mais les conditions s’améliorent chaque année. Notre aventure aux JO a créé un élan sans précédent», se réjouit Emilia Brodin, épouse de l’attaquant N°34 de Fribourg-Gottéron. «Daniel et moi avons mené notre propre carrière chacun de son côté, en bougeant passablement dans le pays et même en Finlande, pour lui. Au final, nous n’avons vécu que deux ou trois ans dans la même ville avant de venir en Suisse.»

Dans l’ombre d’un joueur étranger qui débarque à Fribourg, Zoug, Lausanne ou ailleurs, il y a bien souvent une femme qui accepte de mettre entre parenthèses sa réalité. En recrutant Daniel Brodin il y a deux ans et demi, le directeur sportif des Dragons, Christian Dubé, avait précipité le départ à la retraite d’une internationale aux 18 sélections qui, début 2019, préparait son grand retour au jeu après deux saisons blanches. «L’une à cause d’une déchirure des ligaments du genou et l’autre à la suite de ma première grossesse.»

«Il est compliqué de mener deux carrières sportives et de fonder une famille en parallèle.»
Emilia Brodin

Les envies de départ du joueur du Djurgardens IF ont eu raison des plans de la joueuse du… Djurgardens IF. Sans le moindre regret, assure cette dernière. «Nous étions arrivés à un point où nous avions envie d’avoir des enfants. Il est compliqué de mener deux carrières sportives et de fonder une famille en parallèle. Pour moi, c’était normal que Daniel continue à jouer, ne serait-ce que pour des raisons financières. Et puis, si je l’avais vraiment voulu, j’aurais pu m’organiser pour me trouver un club dans la région de Fribourg. Mais j’avais le sentiment d’avoir déjà vécu beaucoup de belles choses grâce au sport.»

L’ex-championne de la Damallsvenskan (avec Tyresö en 2012) en vit toujours à travers le quotidien de celui qui partage sa vie. «J’adore le hockey! Petite, j’allais voir les matches de Djurgardens avec mon père. J’ai longtemps été comme un deuxième coach pour Daniel. Je lui conseillais de faire ci ou ça. Maintenant, c’est plus compliqué. Des fois, il me demande si j’ai vu telle ou telle action et je ne sais pas de quoi il parle. Suivre un match tout en s’occupant de deux petites filles n’est pas de tout repos», rigole la maman de Mila (3 ans) et Elsa (7 mois), qui trouve tout de même le temps de suivre une formation en ligne de coach de vie.

Le même style de jeu

S’ils se comprennent si bien sur le plan sportif, c’est aussi parce que les deux amoureux se ressemblent. «Sur un terrain, j’avais le même tempérament que Daniel. Comme lui, j’aimais foncer dans le tas. Par contre, je marquais très peu de buts. Je me distinguais essentiellement par mon travail à mi-terrain», explique la native d’Uppsala. Une ville située à 70 kilomètres au nord de Stockholm où les chemins des ados Emilia Appelqvist et Daniel Brodin se sont croisés. «Nous étions dans deux classes parallèles de la même école de sport-études», précise la vice-championne d’Europe des moins de 19 ans. «Daniel a remporté la médaille de bronze du championnat du monde M20. Il est aussi devenu champion de Finlande. Mais une médaille olympique, c’est encore autre chose.»

S’il entend un jour rattraper son retard au palmarès familial, l’ailier de 31 ans serait bien inspiré de soulever un trophée avec Gottéron avant son départ, qui pourrait intervenir le printemps prochain. Quitter Granges-Paccot et retourner en Suède: l’occasion pour Emilia Brodin de dépoussiérer ses crampons? «Pourquoi pas! Mais je ne sais même pas quel niveau j’aurais aujourd’hui.»


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