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Cyclisme

Petit Marc est déjà devenu grand

Le Bernois est passé de plus sûr espoir du cyclisme suisse à favori des classiques en un an et demi

A 22 ans seulement, Marc Hirschi a déjà appris à rivaliser avec les meilleurs. Comme ici aux mondiaux d’Imola devant Wout van Aert et Julian Alaphilippe.

27 avril 2021 à 04:01

Cyclisme » Lui, c’est Marc Hirschi. Et si son nom ne vous disait rien il y a encore un an, vous ne pouvez désormais plus passer à côté. Le petit prince du cyclisme suisse a explosé aux yeux du monde l’été dernier lors du Tour de France en suivant Julian Alaphilippe dans les routes sinueuses des hauts de Nice, puis en gagnant, en costaud, à Sarran une semaine plus tard. Alors que l’on aurait pu penser le peloton prévenu, le Bernois a remis ça le mois suivant. Troisième des championnats du monde, deuxième de Liège-Bastogne-Liège (sans l’erreur de Julian Alaphilippe, la victoire lui tendait les bras) et le succès lors de la Flèche wallonne.

Il semble loin, ce temps où un suiveur du cyclisme helvétique nous disait au détour d’une étape du Tour du canton: «Il y a un jeune, Marc Hirschi, qui va arriver très fort dans cinq ou six ans.» Cette anecdote date de 2018 et la suite, on la connaît. Du poste de néo-professionnel chez Sunweb (aujourd’hui Team DSM), il a empoché le pactole en signant chez UEA-Team Emirates cet hiver. Multipliant au passage son salaire par quatorze, selon les rumeurs. Aujourd’hui, à Oron-la-Ville, il prend le départ de son tout premier Tour de Romandie.

Rendez-vous à Estavayer

Pourtant, le Bernois semble inébranlable. «Il y a un peu plus de pression, ou plutôt davantage de trucs à faire après les entraînements, des interviews ou des vidéos, détaille-t-il. Mais sinon ma vie n’a pas changé. J’essaie de rester le même, de continuer à m’entraîner et à progresser.» Pour sa première course en Suisse depuis ses exploits de l’automne passé, il sait que les attentes sont grandes. «C’est normal que les supporters ici aient envie de me voir gagner, et cela fait plaisir, continue Marc Hirschi. Au final, la seule pression que je subis est la mienne et j’arrive à bien la gérer.»

«J’essaie de rester le même, de continuer à m’entraîner et à progresser.»
Marc Hirschi

Car ses exploits de l’automne dernier n’ont pas été un feu de paille. Marc Hirschi était encore avec les meilleurs, dimanche, lors de la victoire de son coéquipier Tadej Pogacar à l’occasion de Liège-Bastogne-Liège. Le Bernois y a d’ailleurs terminé sixième. S’il a de nouveau le Tour de France dans le viseur cette année, il ne compte pas solder son premier Tour de Romandie pour autant. «Je sens que je progresse à chaque jour de course, je vais donc bien profiter de cette semaine, affirme le Bernois. Nous n’avons personne pour le classement général (il oublie Rui Costa, ndlr), cela me laissera la liberté de voir au jour le jour.» Si le dossard N° 31 ne fait pas partie des favoris du prologue d’aujourd’hui, attention à Marc Hirschi à Martigny, Saint-Imier et Estavayer-le-Lac. «Ce sont trois étapes qui me plaisent sur le papier si cela ne finit pas au sprint». Il sourit: «Et si je ne suis pas trop loin samedi, on verra ce qu’il se passe.»

Ambitieux mais pas prétentieux pour un sou, Marc Hirschi a appris à vivre avec le succès, à le dompter sans se brûler les doigts. Il pourrait avoir les chevilles qui enflent, mais pas du tout. Même si la Suisse attend un coureur capable de viser les classements généraux depuis Laurent Dufaux et Alex Zülle. Marc Hirschi n’en fait pas cas. «Ce n’est pas mon objectif pour le moment et c’est encore trop difficile à dire si un jour je pourrai m’attaquer à un grand tour, admet-il. Peut-être dans cinq ans, peut-être jamais. Cela dépendra de mon évolution physique. Je ne peux pas changer mon corps et c’est lui qui décidera si gagner un Tour de France ou un Giro est faisable.»

Mondiaux dans le viseur

En attendant, Marc Hirschi se concentre sur ce qui le fait vibrer: les courses d’un jour. Après les Ardennaises, place aux étapes sur des épreuves d’une semaine et s’il espère lever les bras en Romandie, il a un autre objectif qui emplit ses yeux d’étoiles. «Les championnats du monde!» Répond du tac au tac celui qui s’est paré de bronze à Imola en septembre dernier. «Et tant que je n’y arriverai pas, je réessayerai.» Cela tombe bien, voilà déjà 22 ans que la Suisse attend un champion du monde. Quand Oscar Camenzind avait remporté l’or à Valkenburg, le petit Marc Hirschi avait tout juste deux mois. Depuis, le Bernois est devenu grand.


Des Suisses en nombre et avec des ambitions


La Suisse comptera 17 représentants au départ d’Oron aujourd’hui. Elle n’en avait plus eu autant depuis… 2001.

Il y a évidemment les stars Marc Hirschi, Stefan Küng et Mathias Frank, mais également toute une panoplie de jeunes (et moins jeunes) coureurs suisses au départ d’Oron aujourd’hui. Et tous auront une carte à jouer. Stefan Bisseger (EF-Education First) s’est notamment illustré en faisant douter Filippo Ganna – champion du monde du contre-la-montre – lors du chrono du dernier Tour des Emirats arabes unis. Il y a aussi Matteo Badillati (Groupama FDJ) qui a brillé sur des épreuves par étapes comme le Tour de Hongrie l’automne dernier. Mais évidemment, les fans se réjouissent du retour de Simon Pellaud, vainqueur du maillot de la montagne en 2019 et grand animateur de la boucle romande. «On m’attend au tournant cette fois, sourit le Valaisan. Mon objectif cette année est de tenter de gagner une étape en me mettant dans la bonne échappée.»

Celui qui défend les couleurs de la formation italienne Androni représentera l’équipe de Suisse sur ce Tour de Romandie. Après moult tergiversations, Swiss Cycling a finalement obtenu le droit de présenter une formation. L’annonce a été faite à dix jours du départ d’Oron. «Je ne vais pas le cacher, c’était très serré d’organiser cela dans les temps, explique l’entraîneur national Michael Albasini. L’idée étant de donner cette opportunité aux coureurs qui ne font pas partie d’une équipe World Tour.»

Parmi ceux-ci: Cyrille Thièry. Le Vaudois, pistard, participera à son premier Tour de Romandie à 30 ans. «Quand on m’a appelé pour me demander, j’ai tout de suite dit oui, s’exclame-t-il. La préparation n’est pas optimale en si peu de temps, mais ce n’est pas dramatique non plus.» Certains sourient de voir des pistards ou un vététiste (Mathias Flueckiger) au départ d’une épreuve World Tour, ce serait oublier une donnée importante. «Avant d’être sur la piste, j’étais sur la route et, encore aujourd’hui, 95% de ma préparation se fait sur la route», contre Cyrille Thièry.

Son but, comme celui de son coéquipier Claudio Imhof: les JO de Tokyo. «Peut-être que cela m’offre un avantage. Mais pour un seul et même objectif il y a plein de préparations différentes», estime le Vaudois. Et si une bonne performance sur la boucle romande pouvait lui ouvrir la porte vers une médaille au Japon, il ne dit pas non. «Nous serons huit équipes de poursuite au départ des Jeux. La 5e place est imaginable, le reste appartient aux lois du sport», conclut-il. PB

 

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