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Cyclisme

Bernal, Pinot, Thomas et les autres

Le Tour de France part ce samedi de Bruxelles. En l’absence de Froome, les outsiders ont la pression

Culminant à 2770 m d’altitude, le col de l’Iseran sera l’une des grandes attractions de ce Tour de France.

5 juillet 2019 à 23:41

Cyclisme » Trois semaines de course, deux contre-la-montre, sept étapes de montagne, six cols à plus de 2000 m d’altitude, cinq arrivées au sommet et des étapes de plat pour le plus grand bonheur des sprinters, voilà le programme qui attend les 176 coureurs au départ de Bruxelles ce samedi. Tour de France épisode 106, c’est parti! La Grande Boucle semble, cette année, la plus ouverte depuis 2010 et la victoire d’Andy Schleck. La raison est assez vite trouvée: les absences. Des cinq premiers du classement général du dernier Tour, trois sont absents (Dumoulin, Froome et Roglic). Reste Geraint Thomas, vainqueur il y a 12 mois, dont la forme est inconnue après son début de saison en dedans et sa chute au Tour de Suisse.

« Ce Tour de France devrait être l’un des plus beaux de ces dernières années »

Daniel Atienza

Ancien coureur et suiveur averti du peloton professionnel, Daniel Atienza a bien préparé ce Tour de France, qu’il suivra de bout en bout en tant que consultant pour la RTS. Il analyse les points cruciaux de la course.

1. Les épaules fragiles d’Egan Bernal

La formation Ineos, anciennement Sky, reprend les routes françaises en version bicéphale. L’année dernière, les têtes de gondole étaient Froome et Thomas. Cette fois, le Gallois partagera le fauteuil de leader de l’équipe favorite avec Egan Bernal. Si le vainqueur 2018 a connu un début de saison raté, le jeune Colombien impressionne. «Geraint Thomas part avec le dossard No 1, devrait être le favori logique et on lui colle un gamin de 22 ans dans les pattes», rigole Daniel Atienza, joint par téléphone.

Le Britannique est le leader de la formation Ineos, de par son ancienneté et son succès l’année passée. Mais qui sait ce qu’il se passera dès que Bernal pourra développer ses qualités de grimpeur. «Le Colombien dégage une impression de facilité incroyable. Notamment lors de sa victoire au Tour de Suisse il y a quelques semaines, continue l’ancien professionnel. Mais le Tour de France dure trois semaines, avec ses aléas et la pression intrinsèque, je ne suis pas sûr que ses frêles épaules de 22 ans puissent résister.»

2. L’année ou jamais pour les Français

Les lecteurs assidus du journal sportif français L’Equipe sont au courant: les Tricolores en veulent. Du moins les suiveurs et le public. Pas sûr que cela suffise à combler le rêve de voir un Français remporter le Tour pour la première fois depuis 34 ans. «Thibaud Pinot semble très fort. Quand il est en forme, c’est un des meilleurs du monde, estime Daniel Atienza. Sauf que jusqu’à maintenant, sur tous les grands tours, il a à chaque fois eu des jours sans qui lui ont été fatals.»

Romain Bardet, de son côté, n’a cessé de clamer ses ambitions depuis quelques semaines. «J’y crois moins, voire pas du tout, tranche le Moudonnois. C’est un coureur qui prend peu de risques, alors que ce sera un Tour de France durant lequel on ne pourra pas se cacher.» Le consultant espère voir sortir du lot Julian Alaphilippe. «J’avoue, c’est un coureur que j’aime bien, sourit-il. Et je prends le pari qu’il sera en jaune au soir de l’arrivée à la Planche-de-Belles-Filles (jeudi, ndlr). De là, qui sait ce qu’il peut se passer.»

3. Un Tour de France ouvert à tous

Au petit jeu des prétendants, beaucoup de noms se pressent au portillon outre les deux d’Ineos et les Français. Vincenzo Nibali, Richie Porte, Jakob Fuglsang, Adam Yates ou Nairo Quintana auront leur mot à dire. «Grappiller des petites secondes ci et là ne servira à rien, prévient le Moudonnois. Il faudra être un peu fou et attaquer de loin pour mettre à mal les stratégies d’Ineos. Nibali est le genre de mec pour créer la surprise. Il a 34 ans, il a tout gagné, il n’a donc que faire des accessits. Une deuxième ou une troisième place lui importent peu, soit il pète d’entrée et jouera les étapes, soit il embêtera les Ineos jusqu’au bout.» Impressionnant depuis le début de saison, Jakob Fuglsang est aussi à classer dans cette catégorie.

4. Et les Suisses dans tout ça

Les cyclistes helvétiques seront quatre au départ. «Pour Stefan Küng, une grande partie de son boulot sera dimanche, lors du chrono par équipe. Il a en partie été engagé dans ce but-là par la Groupama-FDJ, assure Daniel Atienza. Sébastien Reichenbach pourra montrer son maillot, mais le dernier lieutenant de Pinot dans la montagne sera David Gaudu; le Valaisan s’écartera donc assez vite.»

Mathias Frank travaillera aussi dans l’ombre d’un Français, mais pour Bardet au sein de l’AG2R. Le seul Suisse qui pourrait avoir l’occasion de se montrer à l’avant sera Michael Schär, du fait que la CCC jouera essentiellement les victoires d’étape. «J’admets compter sur lui pour animer un peu les longues étapes de plat, sinon ce sera compliqué de meubler les quatre heures de direct», plaisante Daniel Atienza.

5. Parcours privilégiant les grimpeurs

«Qui est grimpeur et qui ne l’est pas?» Question rhétorique de consultant qui ne tarde pas d’étayer son propos: «Tout le monde dit que le Tour se jouera à Val-Thorens, mais si les prétendants attendent ce moment-là (avant-dernière étape, ndlr), cette montée de 33 km est promise à Geraint Thomas. Ils devront se mouiller avant.» Un chrono par équipe dimanche, un individuel avant les Pyrénées. Les as du contre-la-montre n’auront pas l’occasion de tirer leur épingle du jeu. «Ineos sera devant et prendra des secondes d’avance à l’issue du chrono de dimanche. La tactique sera ensuite simple: le rouleau compresseur, comme d’habitude.»

Mais cela pourrait bien ne pas se passer comme prévu. «Ce Tour de France devrait être l’un des plus beaux de ces dernières années. Avant, nous avions Froome qui asphyxiait la course: s’il avait été là, j’aurais certainement été moins emballé. Bon, si Thomas et Bernal arrivent à la Planche-des-Belles-Filles jeudi avec une minute d’avance, mon pronostic sera caduc, rigole-t-il. J’espère que ça pète, il y a tous les éléments réunis pour que ce soit le cas.» Réponse dès cet après-midi et une première étape en ligne de 194,5 km autour de Bruxelles.

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