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Basketball

Un balèze à la langue bien pendue

Depuis son arrivée à Fribourg l’été passé, l’Américain Dominic Morris s’est mis au service du collectif


23 mars 2021 à 02:01

Coupe d’Europe FIBA » Le gigantesque complexe hôtelier de Pravets, situé à quelques minutes de Botevgrad, paraît tout engourdi en ce lundi matin. Est-ce dû au strict confinement de dix jours décrété par le Gouvernement bulgare après une violente recrudescence des cas de Covid dans le pays? Ou alors à cause de l’épaisse couche de neige qui recouvre toute une région enfouie sous les nuages? Un peu des deux sans doute…

Le calme extérieur tranche toutefois avec l’agitation intérieure. Pour les basketteurs des quatre équipes présentes dans l’hôtel, la journée commence par un test Covid. Passage obligé pour rester dans la bulle bulgare. A force, on pourrait croire que les joueurs sont habitués. Il n’en est rien. Certains redoutent même l’épreuve. «C’est mon 7e ou 8e test, mais je n’aime pas ça. Ils enfoncent beaucoup trop la tige dans le nez. Lors de ces tests, j’ai plutôt l’impression qu’ils veulent te donner le Covid», lâche Dominic «Dom» Morris, intérieur américain robuste (201 cm pour 109 kg) a la langue bien pendue.

«C’est mon 7e ou 8e test, mais je n’aime pas ça. Ils enfoncent beaucoup trop la tige dans le nez.»
Dominic «Dom» Morris

La fin plutôt que le début

Assis dans la grande salle à manger de l’hôtel, Morris semble soulagé de savoir ce test derrière lui et surtout qu’il se soit révélé négatif chez lui et tous ses coéquipiers. «Nous serons au complet pour cette compétition européenne», se réjouit-il, ses pensées déjà occupées par le match de ce soir contre Balkan Botevgrad (lire aussi ci-dessous).

Pour sa septième saison en Europe, l’ailier fort américain découvre (enfin) le haut niveau avec une équipe qui vise des titres et joue sur la scène européenne. Après une expérience «pas facile» en Israël en 2013 – «cette première saison en Europe qui fait ou qui casse un professionnel», résume-t-il –, Morris a enchaîné avec la Finlande, la France et la Belgique avant de débarquer en Suisse, à Union Neuchâtel l’an passé et à Olympic depuis août dernier.

A 30 ans, il ne manque pas d’ambitions. «J’aimerais gagner un titre, ce que je n’ai encore jamais fait durant ma carrière, avoue l’Américain, qui croit dur comme fer en son équipe. «Avec la Coupe d’Europe, la Coupe de Suisse et le championnat, il nous reste trois belles opportunités de gagner quelque chose. Ce qui compte, ce n’est pas comment tu commences la saison, mais bien comment tu la finis.»

«Avec la Coupe d’Europe, la Coupe de Suisse et le championnat, il nous reste trois belles opportunités de gagner quelque chose.»
Dominic «Dom» Morris

Sans en faire une obsession – «Il y a des milliers et des milliers de basketteurs professionnels en Europe, tous ne peuvent pas gagner», rappelle-t-il –, Morris promet de tout mettre en œuvre pour aider Olympic. «Prioritairement, j’apporte mon énergie défensive et mon jeu physique. Je parle beaucoup pour aider mes coéquipiers. J’aime aussi shooter et passer la balle», énumère-t-il en s’accommodant parfaitement de ce rôle. «Je suis la colle qui permet de boucher les trous et de tenir l’équipe ensemble selon les besoins du moment.»

Pas maladroit du tout comme il l’a prouvé il y a dix jours encore en demi-finale de la SBL Cup contre les Lions de Genève, Morris utilise avant tout son physique pour faire la différence. Un physique de déménageur qu’il a commencé par valoriser sur les… tapis de lutte! «La lutte était mon premier sport. J’ai aussi essayé le football (américain évidemment, ndlr). Les deux m’ont endurci avant que je me tourne vers le basket à 10-11 ans. J’aime les sports de contact. Sur le terrain, je ne suis pas intimidé», sourit le trentenaire qui a grandi à Newark dans le Delaware.

Bourse pour étudier

D’abord basketteur pour le plaisir, Morris, l’aîné d’une famille de quatre enfants, a pris conscience de son potentiel durant ses années passées à l’Université de Boston. «Mon but comme basketteur n’était pas de devenir pro, mais d’obtenir une bourse pour pouvoir étudier, ce que personne n’a fait dans ma famille. Les études sont chères. Sans le sport, je n’aurais pas pu aller à l’université. Une fois à Boston, ce sont mes coéquipiers, en voyant mon éthique de travail et ma discipline, qui m’ont dit que je pourrais devenir professionnel», raconte-t-il.

La discussion est bien engagée mais le temps file. Après 30 bonnes minutes, Morris replace son masque et déplie son énorme carcasse pour aller rejoindre son équipe dans la salle de conférences pour une séance de… stretching. Derrière la baie vitrée, les flocons tombent toujours. L’hiver bulgare se prolonge. Comme l’aventure européenne du Fribourg Olympic? «Nous pouvons nous qualifier pour le Final 4! (pour ce faire, Olympic doit gagner ses deux matches cette semaine, ndlr), assure-t-il. Sur les matches que nous avons perdus jusqu’ici, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Si nous restons soudés et concentrés, nous pouvons gagner.»


Un été tourmenté désormais oublié

Comme Olympic, Dominic Morris a eu besoin de temps pour trouver le bon rythme cette saison. Il faut dire que l’Américain a connu un été plutôt tourmenté. Après avoir quitté Neuchâtel peu après l’arrivée du Covid au printemps dernier, l’ailier fort s’est retrouvé «coincé à la maison» comme des millions d’Américains. «Tout était fermé. Les salles de gym, les fitness, tout! Je suis allé courir et j’ai fait un peu de force chez moi», raconte Morris, qui a encore eu la malchance d’attraper le Covid. Un premier coup d’arrêt. «La situation s’est ensuite un peu détendue», poursuit-il. Ses affaires ne se sont toutefois pas arrangées. En août, il a dû décaler son vol pour la Suisse à cause d’un problème de passeport. «Je devais le refaire. Ce qui prend habituellement deux semaines a pris deux mois et demi», s’excuse-t-il en rejetant la faute sur ce satané Covid. Une fois à Fribourg, il lui a fallu encore observer une quarantaine de dix jours comme devaient le faire tous les ressortissants états-uniens à cette époque. «Quand tu es nouveau dans une équipe, tu as envie de découvrir rapidement ton nouvel environnement et t’intégrer le plus vite possible. C’était dur d’attendre dix jours…», souffle-t-il. Un lointain souvenir. Malgré son retard à l’allumage, Morris, épargné par les blessures, est le seul renfort étranger à avoir disputé tous les matches du Fribourg Olympic depuis le début de cette saison. FR


 

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