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Basketball

Jusqu’à en détester leur sport

Le sport de haut niveau peut conduire à des dérapages. Aujourd’hui, plusieurs anciennes basketteuses dénoncent le harcèlement psychologique que leur a fait subir Romain Gaspoz. L’entraîneur d’Elfic Fribourg s’en défend


19 novembre 2021 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Harcèlement » «Je parle pour libérer la parole, pour dénoncer, pour que ça n’arrive plus. Les coaches ne protègent pas les joueuses, les dirigeants non plus. Pire, ils ferment les yeux sur des comportements abusifs», fustige-t-elle. Encouragée par la campagne de prévention de Swiss Olympic contre les abus dans le sport, Ludivine Tissot (28 ans), ancienne joueuse d’Elfic Génération, a été la première à sortir de son silence. Derrière les victoires et les médailles se cache une autre réalité. Des sportifs du monde entier dénoncent la pression psychologique qu’ils subissent au quotidien. Sous le couvert de l’exigence et du dépassement de soi, des entraîneurs franchissent les limites du tolérable. Swiss Olympic et l’Office fédéral du sport (OFSPO) en ont pris conscience. A la demande de la conseillère fédérale et ministre des Sports Viola Amherd, ils ont dévoilé mardi un ensemble de mesures visant à mieux protéger les athlètes (lire plus bas). Une initiative louable, même si souvent le mal est déjà fait.

Si la gymnastique artistique et rythmique a occupé le devant de la scène nationale ces derniers mois, aucun sport n’est épargné. A Fribourg, plusieurs basketteuses ont décidé de révéler aujourd’hui les traitements qu’elles ont subis dans le centre de formation d’Elfic. Après avoir recueilli le premier témoignage, nous avons contacté et rencontré de nombreuses joueuses et ex-joueuses. Certaines – encore en activité – ont refusé de s’exprimer, d’autres ont accepté de partager, ouvertement ou de manière anonyme, leur histoire, que vous pouvez lire en version longue en suivant ce lien. Des témoignages poignants qui donnent un aperçu de la détresse endurée. Pression psychologique, manipulation, punitions, intimidation, dénigrement, insultes: pour elles, le basket était devenu un calvaire. «Il m’a fallu des années pour m’en remettre», ont confié plusieurs d’entre elles. «Quand j’ai arrêté, j’ai eu besoin de couper avec le basket. On me disait que je faisais toujours faux. Je me sentais tellement nulle», avoue Lara Thalmann, 33 ans, capitaine d’Elfic Fribourg entre 2011 et 2016.

Les reproches convergent tous vers Romain Gaspoz, l’actuel entraîneur d’Elfic Fribourg et responsable du Centre de formation du club fribourgeois. Le coach valaisan, de retour à la salle Saint-Léonard depuis début 2019 après un premier passage de 2010 à 2017, se voit reprocher son manque d’empathie et des méthodes humiliantes qui confinent au harcèlement psychologique.

«Je ne valais rien»

«Pour lui, nous étions comme des marionnettes», imagent certaines. «A Elfic, il a tous les droits. Il était capable d’humiliations et de prononcer des paroles blessantes qui peuvent briser la confiance. Il me disait que j’étais idiote, bête. Un jour, après avoir déchargé toute sa rage sur moi devant tout le monde, il m’a demandé de quitter le terrain. Dix minutes plus tard, il est revenu et m’a dit: «Mes yeux ne peuvent plus te voir. Dégage, sors d’ici! Sors du bâtiment et va te mettre la tête sous l’eau!» Avec lui, j’ai appris que je ne valais rien», raconte une joueuse. «Avec Romain, ce n’était jamais assez bien. A la mi-temps d’un match contre Lancy, il est entré dans le vestiaire et a hurlé: «Vous jouez vraiment comme une bande de sales putes!» Il nous enfonçait la tête dans le sable et nous la maintenait», explique Marina Lugt, qui a joué six ans à Elfic. «Les échanges n’étaient pas constructifs, mais destructifs, ajoute une autre. Je n’en pouvais tellement plus de ses remarques que j’étais même soulagée d’être blessée, car cela voulait dire que je sortais du moule…»

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