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Quand le frère devient un adversaire

Affronter celui avec lequel on a grandi, comme c’est le cas pour Jan et Jakub Kovar: ça change quoi?


25 avril 2022 à 04:01

En famille » Ce lundi soir encore, à l’occasion de l’acte IV de la finale des play-off de National League, le hockeyeur Jan (32 ans) tentera de tromper la vigilance du hockeyeur Jakub (33), gageure qui s’est refusée à lui jusque-là. Le premier est le topscoreur, capitaine et maître à jouer de Zoug, qui perd 3-0 dans la série. Quant au deuxième, mais son aîné de 20 mois, il n’est autre que le gardien des Zurich Lions, à qui il ne faut plus qu’une victoire pour brandir le trophée.

Le duel des Kovar prend une tournure étonnante. Avant même que les deux frères d’origine tchèque ne se croisent sur la glace, lieu où se figent sentiments et liens du sang, nul doute qu’il avait déjà commencé au bout du fil ou autour d’un bon repas, les deux villes n’étant séparées que d’une trentaine de kilomètres. Pour peu qu’il n’y ait pas (eu) de bisbilles au sein de la famille, comment oublier que le frangin, ou la frangine, se trouve dans le camp d’en face? Cette question, nous l’avons posée à d’autres sportifs qui ont vécu cette même situation fratricide, mais pas toujours de la même façon.

1. Avant le match: taquiner un peu

Un attaquant contre un gardien: qui mieux que Benjamin (30) et Florian Conz (37) sait ce que Jan et Jakub Kovar sont en train d’endurer? Portier d’Ambri-Piotta après avoir été celui de Fribourg-Gottéron, Langnau et Genève-Servette, «Benji» a régulièrement croisé la route de son grand frère, qui a mis fin à sa carrière en 2018 alors qu’il portait le maillot de Lausanne. «Je comprendrais si ce n’était pas le cas pour tout le monde mais, moi, je me réjouissais à chaque fois. Je trouvais cela assez drôle, en fait. Petit, je voyais Florian aller à ses matches et, alors, je ne pouvais me douter que nous serions un jour opposés.»

Les années ont passé et, à son tour, Benjamin Conz est devenu un compétiteur féroce. «Avec Florian, nous nous taquinions un peu, forcément. Lui avait toujours envie de planter un goal, moi de l’en empêcher, mais cela s’arrêtait là», reprend-il avant de préciser, hilare: «La «compèt’», c’est plutôt quand on va faire un tennis. Et là, c’est moi qui gagne tout le temps!»

«D’un côté, tu as envie de gagner. De l’autre, impossible d’oublier qu’il y a ta sœur en face»
Manuela Maleeva-Fragnière

Dans la bouche de Manuela Maleeva-Fragnière (55), le ton est plus grave. Aînée d’une fratrie de trois sœurs qui ont toutes joué au tennis de manière professionnelle, l’ancienne No 3 mondiale a affronté la cadette, Katerina (52), à 9 reprises, et la benjamine, Magdalena (47), dite «Maggie», deux fois. «L’horreur… C’est arrivé souvent mais nous détestions cela. A tel point que nous avons essayé de ne plus disputer les mêmes tournois», soupire la Vaudoise d’adoption.

Pour mesurer le poids des paroles de Manuela Maleeva-Fragnière, il faut se replonger dans la Bulgarie communiste du début des années 80, où le sport était un moyen de réussir mais où les sésames pour l’étranger étaient délivrés au compte-gouttes. «D’un côté, tu as envie de gagner. De l’autre, impossible d’oublier qu’il y a ta sœur en face, une sœur que tu aimes, avec laquelle tu t’entraînes, qui te soutient et que tu soutiens. Chacune savait ce qu’une victoire ou une défaite représentait, c’est pourquoi j’avais envie d’en finir au plus vite.»

2. Pendant: touche pas à mon frérot!

Attaquants aujourd’hui réunis sous le maillot du FC La Tour/Le Pâquier, Simon (29) et Loïc Chatagny (26) ne se sont jamais retrouvés nez à nez, ou crampons contre crampons, sur un terrain de 2e ligue interrégionale. Les frères footballeurs, qui ont joué l’un contre l’autre lorsque le premier était à La Tour (déjà) ou Bulle et le second à Romont, s’épiaient à distance respectable. L’air de ne pas y toucher mais en espérant que rien de plus fâcheux qu’une déculottée n’arrive à l’autre.

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