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Athlétisme

Sierre-Zinal. Kilian Jornet indétrônable?

Le roi espagnol vise une dixième victoire samedi dans son royaume anniviard qu’est Sierre-Zinal

Kilian Jornet (à droite) devance Rémi Bonnet qui lui a mené la vie dure en 2021 avant de caler.

12 août 2022 à 22:15

Course à pied » Quand Kilian Jornet débarque sur Sierre-Zinal, c’est un peu comme quand Rafa Nadal arrive à Roland-Garros. Tous deux sont seuls. Seuls au monde, dans leur monde. Que ce soit dans le Val d’Anniviers ou à la Porte d’Auteuil, les deux athlètes espagnols évoluent dans leur jardin. Un jardin dans lequel ils ont cueilli de nombreux succès déjà.

Ce samedi, baskets aux pieds, Kilian Jornet visera la décima entre Sierre et Zinal, cette mythique et symbolique barre de dix succès. Cette même décima que son compatriote avait atteint raquette en mains à Paris en 2017. Détenteur du nombre record de victoires et auteur du meilleur temps de référence en 2 h 25’35 qu’il a signé en 2019, le Catalan apparaît comme le grand favori sur les sentiers de montagne valaisans. Favori et, plus encore, imbattable?

«Savoir s’il est intouchable est aussi la question que l’on se pose, nous, les coureurs», sourit le champion d’Europe de trail Maximilien Drion, plus en forme que jamais et qui cherchera à établir une première marque de référence à domicile.

Pas intouchable

«Le favori, c’est lui, évidemment. Mais je ne dirais pas qu’il est intouchable», lance de son côté Cesar Costa, trois fois deuxième entre 2010 et 2012 mais qui, blessé, ne pourra pas s’élancer sur la course des Cinq 4000. Il est vite rejoint par Maximilien Drion. «Alors qu’il nous avait habitués à disputer moins de course que la moyenne des coureurs pros en ciblant ses épreuves et en les préparant spécifiquement sur plusieurs mois, voilà qu’il est sorti de son schéma en enchaînant les courses cette année. Après la Zegama-Aizkorri, la Hardrock 100 et Sierre-Zinal, il se lancera encore sur l’UTMB juste après. S’il y a une année où il a peut-être préparé un peu moins bien Sierre-Zinal, c’est peut-être bien cette année. Il est donc battable», développe le jeune athlète établi à Vercorin.

Il y a moins de trois semaines, l’Espagnol a en effet aligné 160 kilomètres pour s’offrir un dixième succès sur la Hardrock 100. Maximilien Drion ne peut toutefois s’empêcher de sourire et reste lucide malgré tout. «En fait, on veut y croire avant chaque course mais il nous rappelle à chaque fois que le meilleur, c’est lui. Il survole tellement la course en montagne et cela peu importe le format. C’est ce qui le rend vraiment impressionnant», note encore le plus Valaisan des Belges.

Il suffit d’y croire

S’il en est un qui sait ce que cela fait d’être battu par Jornet, c’est bien le Colombien William Rodriguez. En 2015, celui qui a remporté récemment le trail des Audannes du côté d’Anzère avait dû s’avouer vaincu pour quatre petites secondes. «Il peut apparaître comme invincible. Mais si les plus rapides y croient, si vous croyez vraiment que vous pouvez le battre, alors c’est possible. J’en étais d’ailleurs très proche cette année-là», confie William Rodriguez.«Mais cette année, vu mon âge, ce sont d’autres qui se battront tout devant. Et Kilian, que j’admire énormément et qui est le meilleur coureur en montagne, sera le favori», note le coureur colombien.

«Kilian, que j’admire énormément et qui est le meilleur coureur en montagne, sera le favori»
William Rodriguez

«Il devra se méfier des Kényans qui ont dominé Thyon-Dixence le week-end passé. Ils ont vraiment l’air redoutables», enchaîne Cesar Costa. «Entre coureurs, on parle énormément de ces chronos établis dimanche à Thyon-Dixence. Ils sont énormes. Ces dernières années, de très bons coureurs sont quand même passés par cette épreuve. De voir qu’ils ont pris une, deux et même trois minutes d’avance est énorme. Les Kényans qui ont dominé l’épreuve seront devant aussi à Sierre-Zinal, même si la longueur des deux épreuves diffère tout de même. Sierre-Zinal, en termes de temps, c’est deux fois plus long. La gestion sera importante», analyse encore Maximilien Drion qui n’oublie pas Petro Mamu dans les hommes qui pourraient perturber Kilian Jornet.

Les Kényans en équipe

«Les Kényans courent en équipe là où Jornet est seul», reprend encore Cesar Costa. La remarque peut paraître anodine. Mais elle a toute son importance. Les Kényans seront en effet présents en masse avec pas moins de trois équipes performantes. «Je me souviens que lorsque je jouais la gagne, les Colombiens s’entraidaient, couraient ensemble. En équipe, tu te pousses sans cesse», rappelle Cesar Costa qui va encore plus loin. «Selon les conditions, un Kényan pourrait gagner. Et même se rapprocher ou battre un nouveau record.» L’Erythréen Petro Mamu sera aussi à surveiller de près. Tout comme le Poulidor de Sierre-Zinal Robbie Simpson ou encore le marathonien français Hassan Chahdi qui vaut 2 heures et huit minutes sur la mythique distance et qui découvrira l’épreuve anniviarde. Sans oublier les Italiens, mais aussi le Fribourgeois Rémi Bonnet, l’une des principaux atouts dans le clan suisse.

Une sacrée descente

Kilian Jornet possède toutefois un avantage. L’Espagnol connaît le tracé par cœur. «Et c’est encore davantage le cas dans la descente où il sait exactement où se trouve quel type de caillou», rigole Cesar Costa. «Il est vraiment très fort dans la descente. Il ose lâcher et prendre des risques. D’ailleurs, sur ses neuf premières victoires, c’est dans cette section qu’il a porté le coup de grâce à ses adversaires.» Le Nouvelliste

 

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