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Athlétisme

Ajla Del Ponte espère revenir plus forte

Ajla Del Ponte se remet plus vite que prévu d’une triple fracture de fatigue. De bon augure pour Paris 2024

Maria isabel Perez of Spain, left, and Ajla Del Ponte of Switzerland, right, in action for the women's 4x100 meters relay qualification during the IAAF World Athletics Championships, at the Hayward Field stadium, in Eugene, United States, Friday, July 22, 2022. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)JEAN-CHRISTOPHE BOTT/© KEYSTONE / JEAN-CHRISTOPHE BOTT

2 mai 2023 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Athlétisme » Affalée sur une banquette de la cafétéria, Ajla Del Ponte attend son «rencard» chez le physio en relisant une énième fois la saga Harry Potter. Extirpée de son voyage à Hogwarts («Je ne me suis toujours pas remise du fait que vous dites Poudlard en français»), la Tessinoise retombe brutalement dans le monde des Moldus, pauvres mortels sans pouvoir. Ici, impossible de guérir d’une triple fracture de fatigue en un simple coup de baguette. Si seulement.

Si seulement le sort «Brackium Emendo», permettant de réparer un os cassé, existait ailleurs que dans l’imagination de J.K. Rowling, la championne d’Europe en salle 2021 aurait pu défendre son titre en mars au lieu de trotter jour et nuit sur l’AlterG, ce tapis de course antigravité qu’elle ne peut plus voir en peinture. La machine trône dans un coin du centre national des Pays-Bas, à Arnhem, là où Ajla Del Ponte continue de se reconstruire patiemment, une tige en titane dans le tibia, cinq mois après être passée entre les mains expertes d’un chirurgien néerlandais. «Cette opération ne se pratique pas du tout en Suisse. On opère seulement si c’est complètement cassé. A Rotterdam, le médecin qui m’a prise en charge était rodé et pour cause: c’était la 150e fois qu’il effectuait une intervention comme celle-ci», dit-elle en tapotant du doigt la barre logée sous sa peau. La sprinteuse de 26 ans la retirera à la fin de sa carrière dont elle espère retrouver le fil après un millésime 2022 placé sous le signe de la poisse.

Deux mois d’avance

D’abord une petite déchirure au fessier, ensuite une inflammation des tendons d’une cuisse. Deux blessures qui, en plus de tuer dans l’œuf sa saison indoor, l’avaient retardée dans la préparation de celle d’été. Trop éloignée du niveau de sa formidable année 2021, la cinquième du 100m des Jeux olympiques de Tokyo n’a pas pu donner sa pleine mesure, ni aux mondiaux d’Eugene ni aux championnats d’Europe de Munich. La déception passée, l’IRM de la jambe qui la faisait souffrir aussi, Laurent Meuwly et sa protégée ont préféré le bistouri au repos et à la spéculation.

«Nous aurions pu privilégier la voie conservatrice et ne pas passer sur le billard, avec de bonnes chances qu’Ajla guérisse à temps pour les échéances à venir de cet été. Il aurait toutefois été impossible d’exclure tout risque de récidive. En vue des Jeux de Paris, nous ne pouvons pas nous permettre de connaître une rechute ni perdre du temps. Pas quand il s’agit d’une athlète qui s’est classée cinquième de la dernière édition et qui, c’est bien normal, voudra faire encore mieux la prochaine fois», explique l’ambitieux entraîneur fribourgeois, conscient plus que quiconque que les 15 prochains mois s’annoncent cruciaux pour la deuxième Suissesse la plus rapide de l’histoire (10’’90) derrière Mujinga Kambundji (10’’89). «Ajla reste une sprinteuse blanche – la seule à s’être hissée en finale du 100m à Tokyo – dans une discipline où la génétique joue un rôle énorme. Pour atteindre ce niveau-là, il ne peut y avoir de grain de sable, c’est aussi pour ça qu’on fait le choix, plus sûr, de l’opération.»

Un pari gagnant à voir la sprinteuse de l’US Ascona multiplier sans problème les départs, vendredi dernier, une ceinture de résistance autour de la taille. «Je m’entraîne à 100%, cela fait un mois que je peux faire des séances de vitesse», savoure la Locarnaise, dont le retour à la compétition pourrait intervenir à la fin du mois. «A la base, je n’imaginais pas pouvoir recourir dans un meeting avant les championnats de Suisse de Bellinzone, à la fin juillet. Mais les choses évoluent plus rapidement que prévu», se réjouit-elle.

Courir vite, sans douleur

Pas à pas, détail après détail, le travail de reconstruction se poursuit à Arnhem, sous l’œil protecteur mais intransigeant de Laurent Meuwly. «Plus horizontal et moins vertical», la corrige le Sarinois. Un échange en français qui détonne dans l’impressionnant complexe de Papendal. Depuis le départ de Kariem Hussein et la retraite de Lea Sprunger, Ajla Del Ponte est la seule étrangère du groupe de sprint d’élite de la Fédération néerlandaise d’athlétisme. Parfaitement intégrée, «l’intruse» profite toujours d’un régime spécial négocié par son entraîneur lors de son engagement en 2019. «Tout est centralisé ici, c’est tellement bénéfique pour quelqu’un qui, comme moi, doit se remettre d’une blessure.»

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