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Athlétisme

Morat-Fribourg. à 40 ans, «Tade» vise toujours plus haut

Auteur d’une attaque décisive à La Sonnaz, Tadesse Abraham a cueilli un troisième rameau de tilleul

Tadesse Abraham s’est envolé dans la montée de La Sonnaz.

3 octobre 2022 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Elites » On a coutume de dire de la montée de La Sonnaz, exagérément peut-être, qu’elle est le juge de paix de Morat-Fribourg. Sacré en 2016 et 2018 sur la place Georges-Python, Tadesse Abraham, lui, en est convaincu. A l’entendre, c’est dans ces exigeants et redoutés lacets que le Genevois de 40 ans, incapable de distancer le futur vainqueur Cornelius Kangogo, avait laissé filer une troisième victoire qui lui tendait les bras l’année passée. De retour dans «l’Alpe d’Huez» de la classique moderne fribourgeoise, poussé par le speaker des lieux et les centaines de spectateurs amassés le long de la route, «Tade» s’est réconcilié avec le monument de Pensier en ce premier dimanche d’octobre.

Alors talonné depuis 12 kilomètres par Erick Leon Ndiema, Chebor Tabarach et Brian Kipchumba, les trois survivants d’un groupe de tête qui compta sept membres jusqu’à la sortie de Courgevaux, le vétéran du LC Uster place une accélération létale dès les premiers pourcentages positifs. Aucune des trois sangsues ne s’accrochera. «Après les avoir testés sur tous les terrains, à plat et en descente également, j’ai constaté que c’était à la montée que je pouvais les faire craquer. Dès lors, il était clair que je devais attendre La Sonnaz. Faire le trou là-bas en haut, c’est porter un coup au mental à ses adversaires.»

Il ne visait pas le record

Arrivé sur les hauts du plateau de Saint-Léonard assis sur un coussin d’une dizaine de secondes, Tadesse Abraham a maintenu ce précieux écart pour s’emparer, comme prévu, d’un troisième rameau de tilleul. «La plus belle victoire reste toujours la première. Mais on ne se lasse jamais de gagner. J’étais là pour ça, pas pour le chrono», affirme-t-il. Parce que le «quadra» le plus rapide de tous les temps sur le semi-marathon – 59’53 le 18 septembre dernier à Copenhague – semble dans la forme de sa vie, il a été question ces derniers jours du record détenu par un autre Abraham, Kipyatich de son nom de famille (50’28). Aux conditions météorologiques pas loin d’être idéales hier matin à Morat sur le coup de 10 h 15, avant que le vent ne se lève, il aura manqué, entre autres ingrédients nécessaires pour qui veut tutoyer l’exceptionnelle marque de référence datant de 2014, un brin de concurrence.

«Il était clair que je devais attendre La Sonnaz»
Tadesse Abraham

Celle-là même qui avait aidé Tadesse Abraham à réaliser le meilleur temps d’un athlète helvétique – le septième, toutes nationalités confondues – à Morat-Fribourg l’année dernière (52’17). Trente-trois secondes plus lent en cette 88e édition fréquentée par 9277 participants, l’Erythréen d’origine naturalisé il y a 8 ans rentre un peu plus dans la légende d’une course dont il a inspiré le logo. «Quand tu vois ton profil sur les tee-shirts, les casquettes, au bord de la route, partout, ça te met la pression. J’avais envie de montrer que les organisateurs ont eu raison de miser sur moi», souffle le recordman suisse du marathon (2 h 06’38 le 10 avril dernier à Zurich), distance sur laquelle il s’alignera à New York le 6 novembre prochain.

«La Sonnaz en plus»

Avec la même destinée que la regrettée Franziska Rochat-Moser en 1997? Un mois après avoir fêté le premier de ses deux succès à Morat-Fribourg, avec un record du parcours à la clé, la Bernoise alors âgée de 35 ans avait triomphé à Central Park. «Je connais cette histoire et elle m’inspire», sourit l’éternel Tadesse Abraham, déterminé à faire mieux que sa cinquième place obtenue en 2017 sur les grands boulevards de la Grosse Pomme. «Je vise toujours la victoire, peu importent les noms sur la liste de départ», ajoute-t-il, sûr d’avoir arrêté le bon endroit pour effectuer son ultime test. «Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, Morat-Fribourg a des airs, par son profil, de petit marathon de New York. La Sonnaz en plus!»

«Je ne me vois pas m’arrêter de gagner pour l’instant»
Tadesse Abraham

Son triplé dans la «Little Apple suisse» dégusté, le Genevois s’est envolé pour le Kenya, hier soir déjà. C’est en compagnie de son groupe d’entraînement, fort d’une vie d’ascète, qu’il continuera à prouver que l’on peut viser toujours plus haut, même à 40 ans. «Mon secret? Je suis carré dans mon travail. Et derrière, ma famille me soutient à fond. Je ne me vois pas m’arrêter de gagner pour l’instant.» A Fribourg l’année prochaine? «Oui!» Rendez-vous au juge de paix le 1er octobre 2023.


Trois questions à Frédéric Dumas

Que vous inspire la troisième victoire de Tadesse Abraham?

Une symbolique forte. Les râleurs pourront dire «oui mais…», il n’empêche: Tadesse est Suisse! C’est une figure d’intégration en plus d’être une belle personne, l’image, aussi, qui a inspiré notre nouveau logo. Il ne vient pas seulement parce qu’il touche un peu d’argent: il aime cette course et fait les efforts pour la promouvoir. Parce qu’il n’est plus dans sa première jeunesse, il ne peut pas se mettre à rêver des neuf victoires de Werner Dösseger ou de Markus Ryffel. Mais Tadesse ambitionne d’aller jusqu’à Paris 2024 et l’on peut penser qu’il va rester les deux prochaines années au sommet.

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