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Visite guidée de la maison «radicale et discrète» des parents du Corbusier

Sur les bords du Léman, Le Corbusier a fait accoster en 1923 une maison radicale et discrète pour ses parents. Visite guidée


26 septembre 2023 à 13:20

Temps de lecture : 1 min

Architecture » On veut s’annoncer mais le bouton a disparu, la sonnette nous regarde d’un œil vide. Larcin fétichiste: un idolâtre du Mouvement moderne sera parti avec. «J’ai même rattrapé une fois un type, tournevis en poche, qui avait subtilisé un interrupteur», sourit Patrick Moser en nous ouvrant la grille de ce temple avant-gardiste. «Mais cette poignée, ils peuvent toujours essayer, elle vient du quincaillier du coin!» Pour le reste, tout est rigoureusement, historiquement fidèle à l’esprit de cette «toute petite maison puriste» que Le Corbusier a construite pour ses parents voilà cent ans. Même la vue, océanique, n’a pas osé changer.

C’est un emblème connu dans le monde entier mais il faut le trouver, parallélépipède de béton comme le prurit du bâti contemporain en a tapissé depuis toute la rive dorée. A l’époque, personne n’en voulait, de cette parcelle soumise aux humeurs du Léman, aux miasmes qu’on lui supposait, que longeait un simple chemin de terre. Mais cet élan du regard, cette Méditerranée à portée! Comme un cadeau offert par le fils cadet à ce «couple de personnes âgées vivant sans domestiques», débarquées ici après sept ans dans une Villa blanche trop grande pour elles, se givrant les os dans les hivers chaux-de-fonniers. «Il fait toujours très beau ici, et nous sommes et restons enchantés de ton œuvre», écrit le paternel, qui n’y vivra qu’une année.

Cabine de Zeppelin

Les autorités de Corseaux l’étaient moins, car il faut imaginer la radicalité de ce toit plat, de ce cubisme affirmatif, de ce pavé dans la mare du conformisme vaudois à une époque où le charbon pour le chauffage était livré à dos d’âne. On entend encore depuis les vignes persifler le voisinage: «Vous la finissez quand, votre maison?»

Audace désormais inaperçue, à quitter Vevey par la cantonale qui en rase le mur, rajouté au début des années 1930 pour épargner les habitants de la pétaradante «saveur de modernisme» imposée par la nouvelle route. Finie l’époque où on visitait les lieux abandonnés en allant demander la clé à la station Esso d’à-côté: pour en mesurer l’importance patrimoniale, il faut désormais y venir le week-end, pousser la grille de la Villa «Le Lac», admirer l’exposition de photos qui en illustrent la singularité, endurer l’enthousiasme formidablement volubile de Patrick Moser, historien de l’art indépendant mandaté depuis 25 ans par l’association qui gère ce lieu inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

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