Ce sont des questions qui, à l’heure de la mondialisation culturelle, ne cessent de ressurgir. On se souvient de l’affaire Amanda Gorman, du nom de cette jeune poétesse afro-américaine dont l’éditeur néerlandais avait confié le texte à une traductrice blanche, soulevant une vive indignation. Les cultures peuvent-elles dialoguer sans perdre leur essence? Existe-t-il une «culture pure» dont un peuple serait le seul dépositaire, et dont toute réinterprétation par d’autres ne serait que récupération?
Peut-on traduire blanc sur noir?
Cette «appropriation culturelle», souvent vécue comme offensante, est revenue sur le devant de la scène le 18 juillet dernier, à la Brasserie Lorraine, à Berne, où le show du groupe de reggae Lauwarm a été interrompu à l’entracte. «Pendant le concert, plusieurs personnes nous ont approchés indépendamment et ont exprimé leur malaise face à la situation. Après une conversation avec le groupe, nous avons décidé ensemble d’annuler le concert», a écrit l’organisateur sur sa page Facebook une semaine plus tard. En cause: les membres du groupe, tous blancs, portaient pour certains des vêtements d’inspiration africaine, tandis que deux étaient coiffés de dreadlocks. Un affront à la culture reggae?
La réaction de Gilles Dupuis, programmateur de La Spirale à Fribourg et batteur de Professor Wouassa, un collectif lausannois d’afro-beat en tournée cet été avec son troisième album.