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Une expérience cinématographique renversante entre réalité et fiction

Kaouther Ben Hania raconte l’histoire d’Olfa, mère de quatre filles, dont les deux aînées ont quitté leur famille pour rejoindre les rangs de Daech. Audacieux dans sa forme et percutant sur le fond, Les filles d’Olfa est un ascenseur émotionnel dont on ressort le ventre noué.

Les filles d’Olfa est un audacieux dispositif cinématographique qui aborde le thème de la radicalisation religieuse.

4 juillet 2023 à 15:52

Les filles d’Olfa » Entre documentaire, fiction et réinterprétation, Les filles d’Olfa est une expérience de cinéma absolument singulière et quasiment inédite. Olfa est une mère tunisienne de quatre filles dont les deux aînées, Ghofrane et Rahma, ont subitement quitté leur famille pour aller faire la guerre en Lybie dans les rangs de Daech. La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania (l’électrochoc de La Belle et la meute et le très bon L’Homme qui a vendu sa peau) nous fait revivre l’histoire familiale d’Olfa et de ses filles à travers un dispositif cinématographique renversant censé nous faire découvrir ce qui a conduit les deux jeunes femmes à se laisser «dévorer par les loups».

Olfa et ses deux cadettes Eya et Tayssir jouent ainsi leur propre rôle tandis que les deux aînées sont interprétées par des comédiennes professionnelles (Nour Karoui et Ishraq Matar). De plus, Olfa elle-même fait appel à une actrice (Sabri Hend) pour les séquences émotionnellement trop fortes. Sur le papier, cela peut paraître compliqué, mais sur pellicule c’est renversant.

Une fine ligne

La réussite du film, qui concourait pour la Palme d’or au dernier Festival de Cannes, est en grande partie à mettre au crédit de Kaouther Ben Hania, qui arpente sans jamais trébucher la fine ligne qui sépare la fiction et la réalité. On découvre par exemple Olfa et ses filles dans l’intimité d’une séance d’essayage de costumes avec les deux comédiennes qui deviendront leurs sœurs aînées. On les voit aussi en séance de préparation avant le tournage de séquences de reconstitution. Ces dernières, le public aussi les verra. A chaque instant pourtant on ne pourra s’empêcher de se poser des questions: jusqu’à quel point ce dispositif est-il artificiel? Ces femmes, notamment la mère qui semble être loin de la perfection, en profitent-elles pour réécrire leur histoire sous un jour plus flatteur? Quelle part d’elles-mêmes les comédiennes laissent-elles transparaître? Autant d’éléments subtilement mis en exergue par une mise en scène fine faisant appel par exemple aux jeux de miroirs et des qualités plastiques évidentes (cadrages travaillés, éclairages picturaux, couleurs superbes).


Au fil des minutes, ce film d’abord déroutant trouve son propre rythme. Un balancement naturel étonnement limpide, accessible même. Entre les jours heureux (fantasmés?) et les périodes sombres se dessine le portrait d’Olfa, mère célibataire meurtrie, ainsi que celui de ses deux filles. A travers leur histoire, de grands thèmes contemporains trouvent une illustration: la radicalisation religieuse, l’émancipation des femmes, le besoin de liberté. Audacieux dans sa forme et percutant sur le fond, Les filles d’Olfa est un ascenseur émotionnel dont on ressort le ventre noué.

 

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