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Société

Un avocat voyageur nommé Ben

Ancien hockeyeur, Ben Sapin habite à Dubai. Il parcourt le monde. Rencontre entre deux avions


29 mai 2021 à 13:28

Fribourg-Dubai » Cela s’appelle de la chance. Il s’apprêtait à rajouter encore quelques kilomètres à son compteur qui a cessé depuis bien longtemps de s’emballer. Il allait donc prendre un avion, encore un. Pour rentrer chez lui. Enfin presque. D’abord, il devait encore faire un petit détour par la Tanzanie et le Zimbabwe. Chez lui? Dubai depuis trois ans. C’est dans la première ville des Emirats arabes unis que Ben Sapin dépose ses valises entre deux déplacements professionnels. Le Fribourgeois parcourt le monde sans relâche, oublie parfois son passeport, mais ça c’est une autre histoire, et fait souvent mais sûrement quelques apparitions sur ses terres d’origine. Celles d’un ancien joueur de hockey sur glace, ex-chroniqueur sportif à la radio, naviguant un temps à gauche puis à droite en politique avant de devenir avocat voyageur… Bref, un homme qui n’aime pas s’ennuyer et qui a besoin que «ça bouge».

Famille

Né le 19 septembre 1973 à Domdidier où il a grandi en grande partie. Sa mère, Claire-Lise, était employée à l’Etat, et Jean-Claude, serrurier. Une sœur et un demi-frère. Deux enfants, Arnaud et Mathilde. Habite à Dubai depuis 2018.

Formation

Collège Saint-Michel, droit à Fribourg et brevet d’avocat. A joué au hockey à Fribourg puis à Lausanne puis à Martigny en ligue B en parallèle à ses études de droit. A travaillé chez KPMG, entre autres. Depuis cinq ans pour une entreprise qui s’occupe de systèmes de traçabilité.

Hobbies

Course à pied «presque tous les jours», lecture, sport en général et musique.

 

Ben, voyager, c’est un job sympa, non?

En 2019, j’ai passé 265 nuits à l’hôtel (il rit). Je n’ai pas les statistiques pour 2020 mais cela doit être similaire. Je dois faire plus de 1200 heures de vol par année. Je voyage donc énormément, c’est bien mais c’est parfois fatigant surtout actuellement avec tous les tests à passer.

Avec la pandémie, justement, ces chiffres ont-ils diminué?

De mars à juillet, oui, mais par la suite il n’y a eu absolument aucune conséquence. J’ai été bloqué une fois en Ouganda car mon test Covid était positif et j’ai dû passer dix jours de quarantaine à Kampala. A part cela, je n’ai pas trop souffert de la situation sanitaire.

Que faites-vous concrètement?

J’ai, la plupart du temps, rendez-vous avec des gouvernements ou des partenaires commerciaux, car l’entreprise pour laquelle je travaille, et qui est basée en Suisse, est le plus gros fournisseur au monde d’encre de sécurité pour les billets de banque. Elle fournit aussi des solutions de traçabilité pour lutter contre la contrefaçon et la sous-déclaration fiscale, etc.

Vous avez longtemps été hockeyeur. Quel souvenir en gardez-vous et pour quelles raisons n’en avez-vous pas fait votre métier?

Je me souviens de moments incroyables. Notamment lorsque je m’entraînais avec la première équipe de Gottéron durant deux saisons et demie. C’était à l’arrivée de Bykov et Khomutov. J’avais 17 ans et s’entraîner avec des types comme ça, c’était génial! Je ne suis pas devenu professionnel tout simplement car je n’étais pas assez fort. J’étais un gros travailleur mais pas un joueur talentueux. A Lausanne, j’étais une sorte de goon (celui dont le rôle est de défendre ses coéquipiers ou de faire peur à l’autre équipe, ndlr). Il m’est arrivé d’être le joueur le plus pénalisé de mon équipe. J’étais fou, mes parents avaient honte parfois quand ils venaient me voir!

Un regret de n’avoir jamais fait carrière?

Non car la vie est bien faite. Si je n’avais pas été blessé, j’aurais sans doute continué et végété en ligue B sans jamais avoir de gros contrat. Je savais que je n’étais pas assez doué. Et je n’aurais pas commencé mes études sérieusement.

Le hockey occupe toujours une place importante dans votre vie?

J’ai gardé des contacts avec des anciens joueurs de Lausanne. J’étais un joueur peu talentueux mais je m’y connais en hockey. D’ailleurs, je me suis rarement trompé lorsque je prédisais un avenir incroyable à des joueurs comme Sprunger, notamment. En fait, j’aurais peut-être dû être entraîneur (il rit)!

Vous êtes devenu avocat, pour quelles raisons?

Pas du tout par vocation! C’est un peu la honte (il rit)! J’avais commencé des études d’histoire mais tous ces bouquins à lire, franchement, ce n’était pas pour moi. J’ai donc arrêté et mes parents m’ont mis la pression pour que je continue mes études. Le droit, très scolaire, était un choix idéal. Ça m’a tout de suite plu.

Vous habitez à Dubai depuis trois ans. Pourquoi?

J’étais en charge, comme conseiller juridique, de la division Afrique et Asie centrale. Etant donné que nous avons un bureau à Dubai, il semblait plus pratique de s’y installer. La position est idéale car il y a des vols directs pour toutes les principales capitales d’Afrique de l’Est. Mes enfants étaient alors grands, donc je n’ai pas hésité, très égoïstement, à m’y installer.

«Dubai, c’est le miroir du monde avec ses extrêmes»

Ben Sapin

Dure, la vie d’expatrié à Dubai?

C’est très agréable car il y fait toujours beau. J’ai parfois de la peine lorsque je lis des articles très négatifs sur Dubai. Il y a des aspects horribles, des gens qui travaillent sur des chantiers douze heures par jour, six jours par semaine, pour 200 euros par mois. Je considère toujours cette ville comme un miroir du monde avec ses extrêmes, les riches, les pauvres, les touristes, la classe moyenne, la misère, l’esclavagisme. Ce qui est génial, en revanche, c’est le multiculturalisme qui y règne. Et les gens sont franchement gentils. La plupart des expatriés n’ont pas de contacts avec des locaux. Pour ma part, j’ai trois amis locaux.

Comment considérez-vous votre ville d’adoption, vous y sentez-vous comme chez vous?

C’est marrant car la dernière fois que je suis venu à Fribourg, je me suis dit que je ne savais plus où c’est chez moi. Quand je suis dans mon appartement à Dubai, je m’y sens bien, c’est mon lieu de repos. Mais je ne peux pas dire que c’est ma ville.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile?

Le manque de flexibilité et l’administration. Tout y est compliqué. Par exemple, je me suis fait voler ma voiture, la police ne voulait pas enregistrer ma plainte, j’ai dû engager un avocat pour cela. Il faut aussi un permis pour acheter de l’alcool. J’ai donc dû faire une demande pour pouvoir en acheter un. Un calcul est fait en fonction du revenu, il est interdit de dépenser plus de 10% par mois de son salaire pour ça. Ma demande a été refusée car ils ont estimé que j’étais athée. Ce qui est le pire à Dubai! J’ai donc été obligé de prouver que j’étais un chrétien catholique. La situation a un peu évolué à cause de la pandémie qui a causé des dégâts au niveau touristique. Certaines lois viennent de changer. Les touristes ont désormais la possibilité d’acheter de l’alcool en montrant leur passeport. Autre exemple de changement: deux personnes de sexe opposé peuvent vivre ensemble pour autant qu’elles n’habitent pas à Dubai. Auparavant, un homme et une femme n’avaient pas le droit de vivre sous le même toit sans être mariés. Certaines choses sont donc en train de changer afin que cette ville soit perçue comme la plus libérale possible! C’est la première fois, cette année, que je vois des terrasses ouvertes durant la période du Ramadan.

Jusqu’à quand allez-vous y rester et quels sont vos projets pour la suite?

Jusqu’à fin 2022. Je ne sais pas ce que je vais faire et si je vais rentrer en Suisse car je ne fais jamais de plans de carrière.

Un Fribourgeois et ses passeports

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