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Société

Un ange suisse et burundais

Future gynécologue, Angélique Ndarugendamwo a créé une association pour aider son pays d’origine


1 mai 2021 à 16:18

Givisiez » Elle a dû l’entendre souvent, la remarque sur son prénom. Forcément, quand on s’appelle Angélique! Cette Angélique-là, ma foi, porte bien son prénom. Un ange de douceur, de charme et de gaieté. Avec un je-ne-sais-quoi de bonheur dans les yeux. Alors elle pourrait être énervante, avec ses deux petites ailes étincelantes dans le dos. Mais non, bien au contraire! Angélique Ndarugendamwo c’est aussi et surtout la garantie de faire un joli voyage, dans son pays d’origine, le Burundi. Celui de son papa. Un pays qu’elle connaît peu mais pour lequel elle se démène. La jeune femme âgée de 33 ans, médecin, future gynécologue, a créé une association d’entraide avec sa famille. Egalement basketteuse, elle aime le contact, à tel point qu’elle habite en colocation avec son compagnon et trois autres amis. Un ange.

Famille

Née le 13 avril 1988. A grandi entre Fribourg et Givisiez. Sa mère, Catherine, est secrétaire de direction et son père, Melchior, programmateur retraité. Une sœur et deux frères. Un compagnon, Nathan. Habite à Givisiez.

Formation

Collège Saint-Michel, bachelor en sciences biomédicales, master de médecine à Lausanne. Travaille depuis un an à l’Hôpital de l’Ile, à Berne, où elle effectue sa formation en gynécologie et obstétrique.

Hobbies

Lecture et voyages. Basket. A joué en ligue B.

 

Angélique, vous avez grandi entre deux cultures. Comment l’avez-vous vécu?

Je l’ai relativement bien vécu et je n’ai pas connu de grands épisodes de racisme, contrairement à d’autres amis. J’ai toujours été bien accueillie dans les divers cercles que j’ai fréquentés.

Vous sentez-vous plus Burundaise que Suissesse ou l’inverse?

Quand j’étais enfant, je disais toujours que mon papa était noir, ma maman blanche et moi normale (elle rit). C’est compliqué car, lorsque je suis en Suisse, on me demande toujours d’où je viens car on part du principe que je suis étrangère. Et au Burundi, je suis une blanche qui vient d’ailleurs. En plus je ne parle pas la langue, et mes cousins en rigolent beaucoup. Je suis donc souvent entre deux, mais c’est assez commun lorsqu’on est métisse. Je n’ai, pour ma part, jamais connu de grandes crises identitaires.

«Je n’ai jamais connu de grandes crises identitaires»

Vous jouez au basket depuis votre enfance, cela vous a-t-il aidé?

Ma maman jouait au basket et m’a inscrite lorsque j’étais enfant. Et je n’ai jamais arrêté de jouer. J’ai été très rapidement en contact avec des Américaines, avec lesquelles j’avais aussi la couleur de peau en commun. Ce que je trouve génial dans ce sport, c’est qu’au fil des années, j’ai noué des amitiés très fortes. Entre l’âge de dix et quinze ans, je voyais davantage les filles que je côtoyais aux entraînements plusieurs heures par semaine que ma propre famille. Ces contacts m’ont aussi aidée dans ma vie professionnelle. Grâce à ces relations, j’ai obtenu un stage à La Réunion, par exemple. C’est un réseau très précieux.

Humainement, qu’est-ce que cela vous a apporté?

Une capacité à travailler en équipe, la persévérance aussi. Et l’endurance. Ce sont aujourd’hui des qualités que j’apprécie et qui me servent dans mon quotidien.

Vous avez choisi la médecine, pourquoi?

Ce n’était pas une vocation mais j’ai toujours trouvé le corps humain très intéressant. J’ai ensuite choisi la gynécologie car c’est un domaine très vaste. Il y a aussi des possibilités de faire de la chirurgie, ce qui me plaît beaucoup.

En tant que femme métisse, avez-vous dû davantage vous battre?

Non car j’ai toujours eu assez de facilité. En revanche, j’ai parfois droit à quelques remarques. On me prend souvent pour l’infirmière et non le médecin. Je me souviens d’une grand-maman, à la Frauenklinik à l’Hôpital de l’Ile, à Berne, où je travaille, qui se plaignait de n’avoir jamais vu le médecin alors que je passais tous les jours (elle rit). On m’a aussi demandé si j’étais la femme de ménage de l’étage.

Ces remarques vous blessent-elles?

Assez, oui, car je prends conscience que les choses n’évoluent finalement pas beaucoup. Qu’il faut se justifier…

Etes-vous fière de votre parcours?

Ce dont je suis fière, c’est d’avoir travaillé dès l’adolescence et durant mes études. J’ai fait dix ans de Migros!

Avec votre famille, vous avez créé en 2019 une association pour venir en aide au Burundi. Que faites-vous concrètement?

D’aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours aidé mon papa à récolter des habits, des jeux que nous avons envoyé au Burundi. Quand nous y sommes allés en 2019, nous avons vu la pauvreté et même si on en est conscient, cela reste un choc. D’autant que c’était la troisième fois seulement que j’y allais. Notre volonté était de créer une association avec des statuts afin que cela soit officiel. Elle s’appelle Nyamiyogoro-Ma colline. C’est le nom de la colline où habite mon grand-papa ainsi que mon oncle. Nos membres nous font des dons pour des médicaments et du matériel ou nous aident pour le transport. Notre but est d’y aller l’année prochaine, car nous avons encore beaucoup d’habits. Les clubs de basket dans lesquels j’ai joué nous ont donné des jeux de maillots, notamment.

«Nos membres nous font des dons pour des médicaments et du matériel ou nous aident pour le transport»

Qui aidez-vous et de quelle manière?

D’abord notre cercle familial, qui est important. Cela représente environ 300 personnes. Nous avons, par exemple, aidé une cousine qui a un atelier de couture en lui achetant une bonne machine à coudre. Nous avons aussi acheté des lopins de terre pour que de nouveaux couples puissent s’y implanter. Nous avons aussi fait venir une cousine en Suisse pour qu’elle puisse y subir une opération et nous continuons à lui fournir les médicaments dont elle a besoin.

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