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Société

Eloge du bricolage. toi aussi, chasse le tabouret dans la forêt

Maintenir et réparer: des actes «subversifs» que nous pouvons commettre face à la croissance et l’innovation


Jérémy Rico

Jérémy Rico

16 novembre 2022 à 14:08

Temps de lecture : 1 min

Savoir-faire » C’est un petit livre extrêmement bien vulgarisé qui synthétise à merveille l’ampleur des dégâts. Au fil des dernières décennies, une majorité d’entre nous s’est largement détournée de l’aspect matériel – au sens des matériaux et non de l’argent – du quotidien. Un objet est cassé? On le jette. Bricoler quelque chose? Le résultat sera forcément moins concluant que si on achète du neuf… Dans La vie matérielle, mode d’emploi, le designer français David Enon loue le savoir-faire et met le doigt là où ça fait mal: nous ignorons souvent à quelle hauteur du sol nous sommes assis, quand notre séant repose sur une chaise, ou combien mesure une porte standard. Nous ne savons plus quel type de bois est léger ou au contraire très lourd et nous parvenons rarement à coller quelque chose de cassé de façon satisfaisante.

Alors que la planète brûle et que la peur de manquer sous peu d’énergie taraude nos sociétés sur-développées, David Enon nous invite au bon sens, lui qui est également un chasseur de tabourets passionné. Rien de tel que de partir en forêt à la recherche de branches au sol qui pourraient former de magnifiques trépieds…

Dans La vie matérielle…, vous faites l’éloge du bricolage et de la réparation. N’est-ce pas incongru pour un designer, dont le métier est de créer de nouveaux objets?

David Enon: Oui, cela revient à scier la branche sur laquelle je suis assis, ce qui n’est pas surprenant pour un chasseur de tabourets! Plus sérieusement, il y a effectivement un paradoxe. Mon métier est né avec l’apparition de l’industrie et se trouve à son service. Dans l’essor de la société de consommation sont apparues des choses peu heureuses, telles que le jetable et la surconsommation. Nous ne pouvons pas faire autrement que de réfléchir à tout cela.

Pour le designer, la situation se complique de plus en plus car la plupart des industries sont jugées à l’aune de leur croissance. Mais depuis le Rapport Meadows de 1972 (commandé par le Club de Rome et proposant de mettre fin à la croissance et de répartir les richesses pour préserver la Terre et ses habitants, ndlr) et les différents rapports du Giec, on ne peut ignorer la finitude de la planète en termes de ressources. Le designer est précisément pris là-dedans. Ainsi depuis quelques années, on observe un «décollement» des designers de l’industrie. Les Néerlandais notamment ont imaginé un concept d’auto-production moins asservi à l’industrie. En France aussi, il existe une injonction à développer la recherche en design et à interroger les modes de production des objets.

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