Selim Krichane, un joueur aux manettes du musée suisse du jeu

Ludique » Une marelle, dans la cour. Plus loin, un échiquier géant. Et tout autour, des remparts médiévaux qui s’éboulent lentement dans l’attente d’une prochaine rénovation. Nous voici sur le plateau grandeur nature d’un jeu à la fois historique, culturel et politique, où vient d’apparaître une nouvelle figure. «Oui, le Musée suisse du jeu est à un tournant, et je me réjouis de ce défi car je suis persuadé que ce lieu recèle un énorme potentiel», s’enthousiasme Selim Krichane, tout juste nommé à la direction de cette institution qu’il reprendra au printemps.

A la Tour-de-Peilz (VD), le fier château s’est transformé en théâtre de toutes les passions l’an dernier, lorsque les citoyens de la commune ont été invités à voter sur un vaste chantier de rénovation à dix millions de francs. De quoi offrir au musée des locaux enfin modernisés, tout en aménageant sur les ruines du donjon un restaurant dessiné par un bureau d’architectes fribourgeois. Le projet a été refusé par les Boélands; les vestiges de l’an mil, récemment exhumés, en tremblent encore. «Mais les rénovations urgentes vont heureusement pouvoir se faire malgré tout», rassure le prochain locataire, heureux que la Municipalité ait affirmé dans la foulée sa volonté de développer autour du musée une identité de «ville du jeu».

Capital symbolique

C’est que la bâtisse du XIIIe siècle, transformée en temple des pratiques ludiques en 1987, fait figure de référence européenne dans le domaine, en dépit d’une muséographie vieillissante que revisitera bientôt un scénographe italien. D’ailleurs, voici Denis Rohrer qui sort de l’ancienne maison du jardinier palissée de lierre et traverse la cour pour héler son futur employeur; les sollicitations de l’extérieur sont déjà nombreuses. Surtout, le conservateur tenait à lui montrer cet objet tout juste déposé au musée: un jeu de cartes ancien figurant Hitler et Staline en rois, qui ira bientôt rejoindre les 12’000 objets de la collection.