Environnement » La zone industrielle genevoise des Charmilles aligne ses vieux entrepôts et ateliers, ses fenêtres bisées, ses façades défraîchies, ses portes métalliques à deux doigts du campus de la HEAD et de ses spectaculaires édifices, témoins préservés et prestigieux de l’architecture du XXe siècle. En bordure de la première, un morceau d’herbe, quelques pommiers biscornus, un simple potager. Et un cabanon de bois, certes trop grand pour y ranger une tondeuse, mais trop petit pour y tenir commerce. Du moins à ce qu’on imagine. Car alors qu’on le cherchait dans les bureaux de l’artisan voisin, c’est bien de la structure orangée qu’émerge Roland Freymond.
L’air est encore un peu froid ce matin-là, même si le soleil a déjà chassé la brume matinale. On comprend sans mal pourquoi Roland Freymond ne semble jamais quitter son bonnet de peau et de laine. «L’automne et l’hiver seulement», corrige-t-il. Il est vrai qu’à travailler rivé à un ordinateur et une chaise de bureau, on oublie que le labeur d’autrui n’est pas imperméable aux éléments. C’est donc assis sur des rondins et des tréteaux, dans la partie ouverte du cabanon, qu’aura lieu l’entretien.
Deux rivières
Roland Freymond est scieur itinérant. Sa machine, qu’il peut accrocher à une voiture, doit mesurer deux mètres sur sept ou huit. Avec cette dernière, il se rend dans les parcs genevois, dans les vergers campagnards, dans les quartiers de villas. «Il n’y a plus de scierie dans le canton depuis des décennies. Tout le bois abattu était utilisé pour le chauffage.»