Pilules » Vous ne connaissez peut-être pas leurs noms, mais vous avez très probablement déjà vu ou lu leur travail. Individuellement ou ensemble, Paolo Woods et Arnaud Robert ont marqué nos rétines et nos pensées, documentant l’humain et ses complexités de la Chinafrique aux toilettes, des paradis fiscaux au vaudou.
Ces deux-là se sont connus il y a quelque temps, quelque part en Haïti. Un séjour caraïbe dont ils ont rapporté deux ouvrages, STATE et Pèpè, d’une part questionnement sur les pouvoirs de substitution dans cette nation insulaire à l’Etat défaillant, d’autre part réflexion sur les fripes importées des Etats-Unis (quand le capitalisme et la domination s’écrivent sur les corps en autant de slogans de chiffons). Aujourd’hui, c’est Happy Pills, une enquête de plusieurs années sur les médicaments, qu’ils publient chez Delpire & Co, présente à la Ferme des Tilleuls et qui donnera lieu, l’année prochaine, à un film documentaire produit par Intermezzo Films. Ou comment l’être humain cherche dans de petits comprimés chimiques la solution à ses innombrables maux.
Depuis que j’ai lu votre livre, je regarde mon armoire à pharmacie de travers. Est-ce normal?
Paolo Woods: Je pense que c’est normal. L’idée de ce projet, c’est de parler de nous, des consommateurs. Même si le livre nous emmène parfois très loin, au Niger, en Inde, nous désirions présenter un miroir de nos habitudes ou de nos obsessions afin d’inspirer une réflexion sur nos consommations.
Arnaud Robert: Au début, nous pensions partir des pharmas. Mais nous nous sommes vite rendu compte que c’était plus intéressant de questionner l’intime. Dans cette enquête, nous sommes aussi des acteurs.