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Religions

Après le synode de Rome. «Permettre à tous de se sentir unis»

Le Tessinois Mauro-Giuseppe Lepori, abbé général des cisterciens, fait le bilan du grand synode de Rome.

Pour Dom Mauro-Guiseppe Lepori, les femmes pourraient être encore davantage présentes au Saint-Siège et dans les institutions ecclésiastiques. © Maurice Page/Cath.ch

3 novembre 2023 à 17:25

Temps de lecture : 1 min

Entretien » Le Synode sur l’avenir de l’Eglise, qui a réuni pendant un mois 460 participants à Rome et s’est achevé le week-end dernier par la votation d’un Rapport de synthèse, a ouvert des pistes pour rendre l’Eglise catholique plus participative et a avancé des propositions concrètes sur des sujets parfois brûlants. A mi-parcours, alors qu’une seconde session du synode est prévue en octobre 2024, l’abbé général des cisterciens Mauro-Giuseppe Lepori, ancien père-abbé de l’abbaye d’Hauterive de 1994 à 2010, nous livre son analyse et ses impressions.

Que retenez-vous comme message principal de ce synode?

Dom Mauro-Giuseppe Lepori: Pendant ce mois, nous avons fait l’exercice de la «synodalité» (soit la participation de l’ensemble des baptisés – clercs et laïcs – à la vie de l’Eglise, ndlr). C’est la chose la plus importante que nous devons ramener dans tous les coins de l’Eglise durant l’année qui nous sépare de la prochaine session. Pour moi, le fruit et le résultat sont là. Que toute l’Eglise devienne plus synodale, pas seulement en théorie, mais dans sa vie quotidienne. Je crois que tout le monde est désormais convaincu que c’est la bonne méthode. Ce n’est pas un schéma ou une technique, mais une manière d’être. Le synode n’était pas là pour produire des papiers ou prendre des décisions, mais pour permettre à tous de se sentir unis dans le mystère de l’Eglise que l’Esprit saint guide.

Certains craignent des risques de dérive avec une remise en question de l’autorité des évêques…

Si l’on comprend cette méthode uniquement dans un sens «démocratique», alors elle ne respecte pas la nature apostolique de l’Eglise avec la primauté de Pierre. Mais j’ai fait l’expérience que lorsque l’on favorise une vraie écoute, un vrai échange, une vraie synodalité, l’autorité du pasteur est toujours soutenue et affirmée. Il ne s’agit plus de commander des choses, mais de mettre en œuvre et d’accompagner les choix mûris en communauté. Marcher ensemble n’efface rien de chaque fonction, de chaque ministère. L’évêque reste l’évêque, le pape reste le pape. Mystère de communion, l’Eglise est un corps avec ses différents membres, comme l’illustre l’apôtre Paul.

Une des thématiques importantes du synode a été la place des femmes dans l’Eglise.

Dans notre ordre cistercien, depuis que les abbesses participent au chapitre général ou dans les conseils, leur apport se révèle essentiel. La complémentarité masculin-féminin, surtout quand elle n’est pas effacée ou nivelée, permet de prendre soin de la vocation et de la mission de l’Eglise d’une manière beaucoup plus intégrale et efficace. Je crois que l’Eglise doit encore mieux le comprendre. Ce n’est pas la question d’accéder à certains ministères, mais que les femmes participent, soient présentes et écoutées. Cela ne nécessite pas forcément des changements de structures. Je ne vois pas pourquoi elles ne pourraient pas être encore davantage présentes au Saint-Siège ou dans les institutions ecclésiastiques.

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