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Religions

Les gravures bibliques de Rembrandt frappent par leur humanité et leur compassion

Avec Rembrandt, les récits bibliques pénètrent au cœur de la vie. A voir au Musée de la Réforme, à Genève.

Jésus prêchant et guérissant les malades, dit La Pièce aux cent florins, vers 1648. © Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes, collection du Musée Alexis Forel

30 décembre 2023 à 12:05

Genève » Le Musée international de la Réforme (MIR) expose 72 eaux-fortes à caractère biblique du grand peintre et graveur Rembrandt van Rijn (1606/1607-1669). Même lorsqu’elles retracent des sujets prestigieux de l’iconographie religieuse, les gravures du maître néerlandais racontent la vie des simples gens. Cette œuvre en clair-obscur, qui chuchote à l’intime, est à découvrir jusqu’au 17 mars 2024.

Rembrandt et la Bible, Gravure divine est le fruit d’une collaboration entre le Musée international de la Réforme (MIR) et le Musée d’art et d’histoire (MAH). Ce dernier possède 220 gravures du maître hollandais (natif de Leyde, dans la province de Hollande-Méridionale), dont 61 représentent des scènes religieuses. Au MIR, récemment rénové, on découvrira notamment deux des œuvres les plus célèbres de Rembrandt, La Crucifixion (dite aussi Les Trois Croix) et Jésus prêchant et guérissant les malades, ou Pièce aux 100 florins, prêtée par le Musée Jenisch, à Vevey, avec neuf autres pièces.

«Ces gravures de Rembrandt ont suscité l’admiration dès son vivant»
Bénédicte De Donker

Ces œuvres de Rembrandt à sujet religieux, qui ont circulé dans toute l’Europe, «ont suscité l’admiration dès son vivant et assis sa réputation auprès des artistes et collectionneurs», explique Bénédicte De Donker, commissaire de l’exposition et conservatrice au Cabinet d’arts graphiques de Genève. En raison de son extraordinaire sens de l’observation et de sa capacité à exprimer des émotions universelles, bien sûr. Mais aussi par la manière inhabituelle qu’a Rembrandt de graver à l’eau-forte, avec très peu de contours, par petits traits incisifs et hachures, notait au XVIIe siècle l’un des premiers biographes du maître hollandais, Filippo Baldinucci, une manière «dont il résulte un clair-obscur profond et d’une grande force». Ce jeu de lumière, qui caractérise un très grand nombre d’œuvres de l’artiste, est particulièrement envoûtant dans son Jésus mis au tombeau (vers 1654).

Les gravures exposées à Genève frappent par l’humanité, voire la compassion, qui s’en dégagent. Si cette particularité parcourt elle aussi toute l’œuvre du Néerlandais, elle prend un tour quasi théologique dans le contexte de thématiques religieuses. Ou peut du moins être lue ainsi. C’est le cas de l’eau-forte de 1638, qui met en scène le premier couple de l’humanité, Adam et Eve. Dans ces corps qui ne sont ni jeunes ni glorieux, chacun et chacune peut se reconnaître. Cette désacralisation s’inscrit dans la visée des Réformateurs, qui entendent favoriser l’accès de tout un chacun aux textes saints, sans médiation cléricale.

Des figures à imiter

Si le calvinisme de l’époque de Rembrandt est hostile à la représentation visuelle des Ecritures, les collections privées d’art religieux échappent aux interdictions. «En outre, théologiens et prédicateurs considèrent que les épisodes bibliques présentent aux fidèles des figures modèles à imiter», remarque Bénédicte De Donker. Incitant aussi à la prière, l’un des gestes protestants importants.

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