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Religions

Théologie. Et s’il n’y avait personne dans les flammes de l’enfer?

Le pape François a récemment affirmé que la pensée selon laquelle «l’enfer est vide» lui plaisait. Une idée qui a animé quelques querelles théologiques dans l’histoire de l’Eglise, et qui a notamment été explorée par le célèbre théologien suisse Hans Urs von Balthasar.

Les supplices de l’enfer, détail du Jugement dernier (1431) du peintre de la Renaissance italienne Fra Angelico. © Musée national San Marco à Florence/DR

9 février 2024 à 20:05

Temps de lecture : 1 min

«Il me plaît de penser l’enfer vide (…) Et j’espère que cela est la réalité.» Ainsi s’est exprimé le pape François dans un talk-show de la télévision italienne en janvier dernier. Le Saint-Père a précisé que sa réponse était d’ordre personnelle et qu’elle ne constituait pas un «dogme de la foi». Ce ne serait pas la première fois que le pontife émettrait des doutes sur le concept de damnation éternelle. Une telle idée avait déjà émergé au détour d’une conversation entre le journaliste Eugenio Scalfari, fondateur de La Repubblica et le pontife, à la résidence Sainte-Marthe, en 2018.

Eugenio Scalfari avait relaté dans son journal l’hypothèse émise par François d’un «enfer vide». Assumant que la bonté, la grandeur et la miséricorde de Dieu envers l’humanité étaient immenses, Jorge Bergoglio aurait assuré que les pécheurs «n’étaient pas punis». «Ceux qui se repentent obtiennent le pardon de Dieu et rejoignent les rangs des âmes qui le contemplent, mais ceux qui ne se repentent pas et ne peuvent donc pas être pardonnés disparaissent. Il n’y a pas d’enfer, il y a la disparition des âmes pécheresses», aurait déclaré le pape selon La Repubblica. Le Vatican avait immédiatement diffusé un démenti.

Vieille polémique

La réaction du Vatican n’aurait peut-être pas été si immédiate s’il s’était agi d’un thème moins sensible. Mais la réalité du diable et de l’enfer attise depuis longtemps les flammes du désaccord au sein de la chrétienté. Le père de l’Eglise Origène (185-253) est sans doute le premier à s’y être brûlé. Le théologien mort à Tyr (actuel Liban) professait en effet la doctrine de l’apocatastase. Il pensait qu’à la fin des temps, tout serait restauré «dans son ordre originel», ce qui signifie notamment que les démons et les damnés seront pardonnés et participeront à la gloire des bienheureux. Cette thèse lui valut d’être anathématisé par le Magistère de l’Eglise catholique, dans le 11e canon du IIe concile de Constantinople (553) et par le pape Vigile (537-555).

Mais l’idée a retrouvé en popularité au sortir de Vatican II (1962-1965), notamment avec les écrits d’Hans Urs von Balthasar. Pour l’éminent théologien lucernois, il était en effet difficile de concevoir qu’un Dieu bon et miséricordieux puisse condamner tant d’âmes au feu éternel. «Nous ne savons pas, écrit Hans Urs von Balthasar dans la dernière page d’Epilogue (1997), si une liberté humaine est capable de se refuser jusqu’au bout à l’offre que lui fait l’Esprit de lui donner sa liberté propre et véritable», autrement dit de pécher sans rémission.

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