Récupérer des cheveux pour en faire des panneaux d'isolation

Construction » Yann Thomas s’est souvent demandé comment valoriser ces kilos de cheveux qui finissaient dans la poubelle de son salon de coiffure, à Genève. Alors que l’exploitation de cette matière organique n’en est qu’à ses balbutiements, il songe à sa fonction première: tenir chaud. Et si le cheveu pouvait être isolant? Depuis deux ans, lui et son associée Maria Vaccaro travaillent avec une équipe de chercheurs de la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD) pour réaliser un produit qui pourra être utilisé dans le bâtiment. Il y a quelques mois, un prototype de panneau réalisé par un procédé industriel a rempli les critères thermiques des matériaux isolants.

«Le panneau en cheveux a démontré une conductivité thermique proche ou meilleure que les produits biosourcés sur le marché», indique Maria Vaccaro. Le Lambda résultant des tests se situe entre 34 et 38mW/(m*K), ce qui correspond à la thermoconductivité de certains matériaux conventionnels.

Nombreux atouts

Selon les deux entrepreneurs de Sol-Hair Insulation, ce projet présente de nombreux atouts pour la durabilité. «Si le cheveu n’est pas récupéré, il est brûlé. Une tonne brûlée équivaut à approximativement 1 tonne de CO₂ brûlée!» pointe Maria Vaccaro. En comparaison avec de l’isolation classique, il n’y a pas besoin de transformer la matière première. Cela représenterait des économies d’énergie et une réduction d’empreinte carbone entre 40 et 80%: «Même la laine de mouton ou le chanvre, il faut l’élever ou le faire pousser, tandis que les cheveux sont un déchet à recycler», souligne l’administratrice de la start-up. Enfin, les cadres réglementaires dans la construction devraient se durcir à l’avenir pour prendre en compte le cycle de vie complet des matériaux de construction (lire ci-dessous).