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Prendre un grand bol d’art dans les festivals Alt. + 1000 et Bex & Arts

Au bord du lac des Taillères, pour le festival Alt. + 1000, ou dans le parc de Szilassy, pour Bex & Arts, l’art s’expose en balades extérieures

Ashes and Autumn Flowers, 2016 – en cours. © Gaia Squarci

1 septembre 2023 à 18:45

Plein air
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Interroger la notion de paysage, de beauté et de nature dans un cadre superbe – la vallée de La Brévine, au bord du lac des Taillères –, c’est une des missions que se donne le festival Alt.+1000 qui se déroule le long d’un parcours permettant d’embrasser le somptueux Jura neuchâtelois. Forêts profondes glissant vers Morteau (F), amples prairies et larges fermes autour desquelles tintent sans relâche les cloches des vaches, tel est l’écrin de cette septième édition portée par une équipe changée. Une nouvelle directrice, Morgane Paillard, une nouvelle présidente, Marinette Matthey, et, cette année, trois commissaires invités, la Slovène Hana Ceferin, l’Italienne Arianna Rinaldo et le Belge Pieter Jan Valgaeren soumettent au visiteur-promeneur près de 80 photographies, tantôt solidement fixées sur des piquets de bois, tantôt flottant au gré du vent… le long d’un tracé lui aussi inédit.

«Par leur beauté souvent, leur laideur également, mais aussi leur fragilité, les paysages que nous côtoyons interpellent», pose le festival en préambule. Les artistes belges Bieke et Dries Depoorter – sœur et frère – ont fait, eux, le choix de souligner l’arbitraire entaillant profondément certains paysages, devenant alors des zones de tensions dramatiques. Sur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, l’Espagne et le Maroc, la France et la Grande-Bretagne ou la Grèce et la Turquie, le duo photographie les oiseaux – repérés par un logiciel – qui, eux, se moquent éperdument des murs et des barbelés. Dans un ciel d’azur, les volatiles se déplacent au gré du vent et de leurs envies, au contraire des humains qui, au sol, se retrouvent entravés dans leurs déplacements.

Ce projet, intitulé Border Birds, réalisé grâce à des caméras de surveillance et à l’intelligence artificielle, est l’une des pépites du festival. Déployés entre le rivage du lac et les sapins innocents, les grands clichés des Depoorter saisissent par leur froideur factuelle.

Aspect spectral

Piège humain – une frontière – ou pur artifice, le paysage est souvent plus retors qu’il n’y paraît… «Nous avons par exemple ici une sensation de nature sauvage, alors qu’il n’en est rien», relève malicieusement la professeure émérite en sciences du langage, Marinette Matthey, embrassant le panorama des Montagnes neuchâteloises. «Nous nous trouvons en fait dans un paysage rural très entretenu», indique-t-elle. Dans cette veine de sensations tronquées, le photographe sud-coréen Seunggu Kim présente Jingyeong sansu (jardins résidentiels en français), où il immortalise des jardins de résidences de luxe dans lesquels sont reproduites des montagnes célèbres de Corée du Sud, supposées procurer des sensations positives à qui les observe.

Le paysage est souvent plus retors qu’il n’y paraît…

Mais ce bien-être est-il atteignable lorsque la montagne est factice? Imprimées sur des toiles laissant passer la lumière, les photographies de Seunggu Kim revêtent un aspect délavé, quasi spectral. Leur blancheur glaciale sied parfaitement aux petits sommets de carton-pâte organisés en places de jeux semblant tétaniser les jeunes privilégiés autorisés à s’y ébattre.

L’Argentine Ingrid Weyland intervient, elle, directement sur ses clichés, en les froissant, pour dire la fragilité des paysages qu’elle a eu la chance d’admirer face à la férocité humaine. Grand Sud argentin, Groenland, Islande, autant de sites merveilleux mais extrêmement fragiles. En fin de parcours, présentés en une très belle installation soumise aux vents, les tirages sur tissu de Weyland sont aussi beaux que martyrisés… «Elle fait un tirage normal puis un tirage qu’elle froisse, elle les superpose et reprend une photo du résultat», précise Morgane Paillard. Une astuce à peine remarquable qui, en quelques pliures subtiles, transmet l’essentiel à celui qui prend le temps d’observer. «Parler du paysage en étant dans le paysage, sans alarmisme ni brutalité, mais avec douceur et poésie, c’est précisément ce que nous désirions», conclut la directrice.

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