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Mourir en héros ou vivre en tyran

L’article en ligne - BD » Épopée spatiale opératique, Omega Men de Tom King, s'apparente plus à un récit de guerre qu'à une histoire de super-héros.


Louis Rossier

Louis Rossier

24 septembre 2019 à 01:42

La Citadelle, vaste empire galactique, voit son autorité remise en cause dans les colonies qu’elle contrôle dans le système Vega alors qu'un groupuscule terroriste, se faisant appelé Omega Men, fomentent une insurrection. Kyle Rayner, membre des Lantern, tentent d'approcher ces derniers afin d'initier un dialogue pacifique.

Voilà les prémices de ce comic bien particulier qu'est Omega Men. D'emblée, l'auteur Tom King, fort de son expérience d'ex-agent de la CIA nous pose l'ambiance de ce qui se rapproche plus d'une fable politique et introspective sur la guerre que de l'aventure super-héroïque lambda. Dans Omega Men, il est question de guerre, donc, mais également de révolution, de colonisation, de propagande, de génocide, de la mort de l'idéalisme ou encore de fanatisme religieux. Parsemant son récit de citations de Wiliam James, penseur américain, Tom King explicite les thèses de son œuvre en 12 chapitres à la narration audacieuse, parfois à la limite de l'abstraction.

Le moins que l'on puisse dire est qu'Omega Men est très ambitieux, parfois trop pour son propre bien. Car à vouloir explorer autant de thèmes dans un style aussi expérimental, il peut arriver à King de rendre son histoire un peu trop confuse, d'autant plus que certains raccourcis scénaristique pourront en déranger certains… Cela dit, l'auteur ne perd jamais de vue le spectateur et prend le parti pris de nous immerger immédiatement dans l'action (quitte à forcer un peu l'exposition dans les pages suivantes) afin de nous intéresser à une histoire, somme toute excellente, profonde autant dans ses audaces narratives que dans ses considérations philosophiques. Refusant tout manichéisme, King esquisse une galerie de personnages fascinants et humains jusque dans leurs plus absurdes contradictions, acteurs d'une fable désenchantée dans laquelle le pessimisme cynique et l'atmosphère franchement déprimante sont paradoxalement rafraîchissant dans un climat super-héroïque un peu trop naïf.

Le dessin classieux de Barnaby Bagenda se laisse aller à de volontaires grossièretés, dans la continuité de l'abstraction narrative de King tout en parvenant à livrer certains dessins impressionnants de technique. Mais c'est surtout par son découpage qu'Omega Men brille. Très fragmenté comme pour mieux dire la psychologie des personnages, les auteurs font preuve d'une grande inventivité à cet égard. Approchant l'action d'une façon très singulière.

Décidément Omega Men est un bien étrange comic.


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