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Notre bonne santé passe-t-elle par celle du microbiote?

La micronutrition et l’analyse du microbiote intestinal gagnent du terrain lorsqu’il s’agit de traiter les douleurs chroniques en tout genre. Interview d’Eléonore Villet, médecin généraliste qui s’est spécialisée dans le domaine.

Si l'on parle surtout du microbiote intestinal, il existe aussi des microbiotes dans les muqueuses respiratoires, dans le système digestif, sur la peau et aussi dans certains organes. © Adobe Stock

13 novembre 2023 à 12:25

Temps de lecture : 1 min

Santé » Apparus il y a quelques années au rayon nutrition et santé des librairies, sur les réseaux sociaux et dans les médias, les termes microbiote et micronutrition semblent être devenus la clef de notre bonne forme ou la cause de tous nos soucis. Le lien de cause à effet n’a été démontré que dans certaines circonstances, prévient Eléonore Villet.

A Fribourg, cette doctoresse s’est intéressée à la micronutrition et à la médecine de style de vie par le biais de ses patients. «Je me sentais insuffisamment outillée pour les accompagner dans des symptômes chroniques, lorsque sont exclues les maladies graves.» Après plusieurs formations en Suisse et en France, cette spécialiste en médecine interne générale a fait le pas de ne plus être remboursée par les assurances-maladie (hormis quelques complémentaires) pour pouvoir accompagner ses patients dans une pratique qui demande davantage de temps.

En quoi votre approche diffère-t-elle de la posture de généraliste?

Eléonore Villet: Tout d’abord, et c’est très important, elle est complémentaire au suivi chez le médecin traitant et ne le remplace pas. A la base du raisonnement, on se rapproche de la médecine fonctionnelle, qui vise plus à se questionner autour du mécanisme qui conduit à l’émergence du symptôme. En général, il s’agit d’une accumulation de petits dysfonctionnements qui, au fil du temps, vont dépasser la capacité d’adaptation de l’organisme: c’est là qu’apparaît le symptôme, comme un signal que les limites de compensation du corps sont outrepassées. On tient compte du diagnostic, mais celui-ci reste au second plan.

En médecine interne générale, on s’interroge aussi et on s’appuie sur des traitements mis à l’épreuve dans des études et testés à large échelle. On traite les patients sur la base de symptômes et on pose un diagnostic. L’approche de la micronutrition est basée sur d’autres stratégies. Elle est plus empirique et se base sur les modifications du style de vie. On donne des conseils plus spécifiques pour tenter d’optimiser le quotidien: régulation du stress, nutrition, mouvement, sommeil… On propose une complémentation alimentaire sur le court-moyen terme lorsque c’est indiqué.

Quels troubles amènent les patients chez vous?

Plus de 50% des patients viennent à cause de symptômes digestifs évoluant depuis longtemps, avec souvent un diagnostic de syndrome du côlon irritable. Ce sont des patients qui ont souvent un long parcours de consultations et qui ont testé beaucoup de choses. Il y a aussi des patients avec des maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires, des douleurs chroniques, mais aussi des complications liées à un surpoids, des allergies, de l’asthme, de l’eczéma… La palette est large. De plus en plus d’études mettent en évidence des liens entre l’équilibre du microbiote et ces pathologies ou symptômes, sans qu’on puisse, encore une fois, démontrer toujours une causalité. Il s’agit d’associations.

En parlant du microbiote, expliquez-nous en quoi il consiste.

Il s’agit de l’ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons qui constituent ce qu’on appelait avant la flore intestinale. Avant 2006, on ne savait pas exactement ce qu’étaient les composants de cette flore. A partir du début des années 2000, des méthodes d’analyses ont permis d’en dévoiler plus. On n’a de loin pas tout compris, car il y a énormément d’espèces et de fonctions qu’on ne connaît encore pas.

Pourquoi est-il devenu si important?

Il y a un effet de buzz, qui est aussi commercial. C’est important de garder à l’esprit que les recherches continuent d’évoluer et qu’il y a encore énormément d’inconnues. On est en interaction avec cet ensemble complexe, cet écosystème interne, et il est important dès les premiers jours de vie dans notre développement. On reconnaît également des associations entre certaines maladies et des déséquilibres dans le microbiote. En revanche, c’est très difficile d’en démontrer la cause. On a également découvert qu’il y a plusieurs microbiotes: dans les muqueuses respiratoires, dans le système digestif, sur la peau et aussi dans certains organes et qu’ils sont liés, en communication les uns avec les autres.

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