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Parution. Mythes et réalités de la virginité en bande dessinée

D’Artémis à Jeanne d’Arc en passant par Marie, l’intrigante et délirante histoire des vierges en BD.

Usant d’un humour mordant, la journaliste Elise Thiébaut revient sur les principaux mythes, symboles et faits historiques entourant les vierges. © Bird/Thiébaut/Editions du Lombard

11 février 2024 à 02:05

On pensait bien que le concept avait été exploité par le patriarcat afin de maîtriser la gent féminine. Pour le reste, les origines de la virginité restaient plus ou moins nébuleuses. Telle Jeanne d’Arc, Elise Thiébaut, journaliste et essayiste française, vient à la rescousse avec la parution de Vierges - La folle histoire de la virginité. Cette «enquête au pays de la virginité» se présente en un album illustré à la fois drôle et informatif.

En revenant sur ses préoccupations d’adolescente dans les années 1970, l’auteure propose une entrée en matière originale. A 14 ans, elle n’a qu’une idée en tête: perdre sa virginité, sans trop savoir ce que cela implique vraiment. Et de bousculer ses fausses croyances de l’époque avec l’aide des illustrations intelligentes de la bédéiste Elléa Bird. Sans tabou, auteure et illustratrice reviennent par exemple sur le cas de l’hymen et de ses nombreuses variations (ouvert, microperforé, clos, …): «La plupart du temps, la fameuse membrane est très élastique et peut même recevoir une pénétration sans se modifier… L’élargissement se fait au fur et à mesure des coïts.»

Rituels de noces

La virginité et sa «perte» passent forcément par les nuits de noces. Là encore, les différents rituels qui les accompagnent sont tantôt tragiques tantôt cocasses. Présenter le drap taché par la fenêtre en est un: une fiole de sang de poulet peut être prévue au cas où il n’y aurait rien à montrer vu que le saignement n’est pas systématique. Dans la catégorie des coutumes plutôt innocentes, on sert une soupe à l’oignon ou du champagne et des biscuits (d’où la fameuse expression tremper le biscuit). Pour préparer cette fameuse nuit de noces, certains textes catholiques donnaient par ailleurs des conseils dans le cas où monsieur ne parviendrait pas à «passer la cloison vaginale».

«J’ai découvert que cet état pouvait être un chemin de liberté»
Elise Thiébaut

Elise Thiébaut consacre la seconde partie de l’ouvrage aux différentes figures vierges qui ont transcendé siècles, religions et cultures. La vierge originelle est Artémis, déesse de la chasse, des Amazones, des accouchements, entre autres. La Vierge Marie est, elle, «le produit final de ces divinités archaïques qui rappellent à la fois la virginité et la maternité».

Dans la Rome antique, les vestales et leur ordre durent plus de mille ans. Choisies enfants, elles accèdent au statut le plus élevé pour une femme romaine. Leur point commun avec les vierges martyres: la décapitation (dans le cas où elles ne respectaient pas l’obligation de chasteté).

Parmi les nombreuses vierges martyres de la pureté, figure Catherine d’Alexandrie, décapitée parce qu’elle refuse de se donner pour maîtresse à un empereur romain. La légende fait croire que du lait gicle de sa tête au lieu de sang. Célébrée le 25 novembre, aujourd’hui Catherine est la sainte patronne des filles à marier, qui sont coiffées de chapeaux extravagants. Il est aussi question de Jeanne d’Arc, figure française par excellence. Aussi surnommée la pucelle d’Orléans, celle qui finit brûlée parce qu’elle s’habillait officiellement en homme n’était-elle pas trans finalement?

Encore fantasmée de nos jours, la vierge a de multiples visages. En Albanie par exemple, il reste quelques burrneshë, des vierges sous serment qui peuvent se comporter comme un homme. Et l’autrice d’insister en préambule: «J’ai découvert que cet état pouvait être un chemin de liberté et même un refuge.»

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