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L’Homme pris à son propre jeu

Dans The Game, Alessandro Baricco cartographie l’histoire de notre civilisation numérique. Passionnant


28 octobre 2019 à 14:13

Essai » C’est la révolution. Et nous y participons tous, augmentés, consentants. Adonnés à la vie fluide, nous surfons, hypnotisés par ces outils numériques qui nous grisent et nous emprisonnent, font mine de nous faciliter la vie en la virtualisant. Mais qui a fomenté cette révolution, et dans quel but? Est-elle un simple changement technologique ou faut-il y voir une profonde mutation anthropologique?

Alessandro Baricco n’est pas le premier à tenter de répondre à ces questions urgentes. Mais l’auteur de Novecento le fait avec assez d’inventivité et de familiarité pour rendre son nouvel essai aussi accessible qu’indispensable pour qui entend comprendre cette nouvelle ère.

En 2006, le romancier et metteur en scène italien publiait Les Barbares, essai sur la mutation, traduit quelques années plus tard en français. Avec déjà ce mélange singulier de spontanéité drôle, de témoignage personnel et de documentation, il y questionnait l’assaut porté par les nouvelles technologies à la culture classique, éprouvait sa résistance aux élans modernistes.

Depuis, nous sommes tous devenus des «barbares», ralliés à cette joyeuse mutation connectée, la conviant au cœur de nos usages et de nos intimités. «La révolution s’est installée dans la normalité – dans les gestes simples, dans la vie quotidienne, dans notre gestion des désirs et des peurs», écrit Baricco. Bienvenue dans The Game.

Echapper au désastre

C’est une ample chronique de l’insurrection numérique qu’il déploie sous nos yeux, avec force schémas qui synthétisent et cartographient son propos. Tout d’abord, tenir le nord en haut. Et donc renverser l’idée selon laquelle la révolution technologique aurait induit une révolution de la pensée. Pour Baricco, et c’est là le cœur de son ouvrage, il faut changer de perspective pour mieux appréhender ce qui nous arrive: accepter l’idée que nos outils procèdent d’une mutation mentale et non le contraire. Autrement dit, «l’homme nouveau n’est pas celui produit par le smartphone: c’est celui qui l’a inventé, qui en avait besoin, qui l’a créé pour son usage et sa consommation». Le numérique comme effet et non comme cause.

« La révolution s’est installée dans la normalité. »

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