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«Mon bureau, c’est la plage»

Fred Jungo vit depuis vingt ans en Thaïlande où il fait chauffer les platines d’un club sur l’île de Phuket

Le DJ sur la plage du club où il travaille à Phuket et où il est aussi directeur du divertissement.

6 février 2022 à 14:40

Musique » Il aurait fallu, pour bien faire, aller sur place. Le rencontrer, papoter, faire un tour sur la plage paradisiaque. Vibrer aux sons de sa musique, un ou deux cocktails à la main. Mais voilà, nous nous contenterons d’un téléphone portable et d’un appel vidéo tout en imaginant quelques horizons dégagés et bleus derrière un épais brouillard local. Ma foi, la vie est ainsi faite. Celle de Frédéric Jungo est, depuis vingt ans, en Thaïlande. Sur l’île de Phuket plus précisément où ce DJ, qui a grandi à Fribourg, anime de belles soirées derrière et devant ses platines. Bien au chaud et le cœur léger. Une chose est certaine, son lundi à lui, est au soleil…

Frédéric, comment êtes-vous devenu DJ?

Je suivais un apprentissage de disquaire que j’ai interrompu à la suite de problèmes rencontrés dans l’entreprise pour laquelle je travaillais. Je suis donc parti et je me suis retrouvé, en même temps que mon meilleur ami Jean-Claude, sans job. Un soir, nous avons discuté et lui m’a dit qu’il voulait être barman et moi, DJ. Le bar que nous fréquentions à l’époque cherchait un barman et un DJ. C’est comme ça que tout a commencé.

Et comment devient-on DJ en Thaïlande?

J’ai d’abord travaillé douze ans en Suisse. Je crois que j’ai joué dans tous les bars où il y avait une platine. J’ai aussi travaillé dans une station de ski en Valais, entre autres, avant de revenir à Fribourg. J’ai toujours réussi à vivre uniquement de ce job, je n’étais pas un DJ du week-end. Puis, en 2000, j’ai passé des vacances à Ko Samui en Thaïlande. Ça a été une grosse remise en question. Je me suis alors dit que j’avais la chance d’avoir un métier que je pouvais exercer n’importe où, donc j’ai décidé de partir. J’ai raconté des bobards à mes amis et à ma mère en disant qu’on m’avait promis du job à Ko Samui l’été suivant. J’ai vendu mes affaires, fait quelques économies puis j’ai débarqué à Bangkok en février 2002.

Comment cela s’est-il passé, une fois sur place?

Les trois premiers mois ont été très compliqués. Je pensais trouver facilement un travail avec l’expérience que j’avais. Mais, en réalité, j’ai recommencé de zéro car on me demandait chaque fois où j’avais joué à Bangkok. Personne ne m’a donné une chance jusqu’à ce que j’obtienne une place, tous les mercredis. J’ai ensuite eu de la chance de faire de belles rencontres qui m’ont permis de travailler pour un nouveau club, Bed supper Club, le concept était fou mais a vu le jour. J’y ai été résident et j’y ai gravi les échelons, de DJ à directeur musical jusqu’à directeur du divertissement lorsque le club a fermé en 2013.

Puis, vous avez atterri à Phuket…

Un client régulier de club me propose un job à Phuket. C’était deux jours après la fermeture du club de Bangkok.

Cela fait plus de trente ans que vous êtes DJ. Qu’est-ce qui vous motive encore et toujours?

Tous les jours, j’écoute de la musique nouvelle, à peu près 800 morceaux, soit 800 possibilités d’être excité et avoir de nouvelles surprises. Et mon bureau, c’est la plage! Et en plus, je donne du plaisir à des gens qui sont en vacances ou qui viennent après leur travail. Donc, j’ai aucune raison de vouloir faire autre chose (il rit).

Quelle évolution constatez-vous en trois décennies?

Dans les années 1990, le DJ avait beaucoup plus de pouvoir. Je me rappelle qu’un DJ, pour autant qu’il avait du goût, s’il décidait que tel ou tel morceau allait être un tube dans son club, eh bien il le devenait. C’est très différent aujourd’hui avec l’immédiateté de la musique, le nombre de DJ et de morceaux à disposition. Et je pense que la raison pour laquelle je suis encore là, c’est justement ces trente ans d’expérience et culture musicale.

« Je suis de Fribourg et cela transpire par tous mes pores. »

Fred Jungo

Cette passion pour la musique et cet univers, d’où vient-elle?

Mon premier souvenir musical, c’est mon père qui mettait un vinyle de Pink Floyd. Je devais avoir trois ans et demi. Ma mère écoutait beaucoup de musique, c’était une clubbeuse aussi et mon grand frère a été guitariste de jazz. C’est donc venu presque naturellement…

Et l’attrait pour le monde de la nuit?

Il y a une sorte d’immédiateté dans les rapports sociaux que je trouve très sain. Les gens que j’ai pu rencontrer sont des gens avec lesquels je suis encore en contact mais avec lesquels nous n’avons pas besoin de nous parler souvent ni de nous justifier. Il y a une espèce de connivence dans le monde de la nuit qui est très agréable. Une chose est certaine, si on n’aime pas les gens, il ne faut absolument pas faire ce métier! Je me suis aussi vite rendu compte, dans tous les cas en arrivant à Bangkok, que sans une bonne hygiène de vie, je n’allais pas tenir dans la durée. Le nombre de gens qui font ce métier qui sont morts ou ont mal tourné est élevé.

Côté rêves, ça donne quoi?

Mon rêve ultime serait de passer ma retraite dans un petit chalet en Suisse, éloigné de tout. C’est en partant de son pays qu’on se rend compte qu’il est magnifique.

Qu’est-ce qui vous manque en Suisse?

La Suisse me manque énormément! Les saisons, surtout. On n’est pas d’un pays, on est d’une ville. J’avais entendu cette phrase un jour et je la trouve très juste. Je suis de Fribourg et cela transpire par tous mes pores. J’ai des manques des marches quotidiennes que je faisais par tous les temps. A Phuket, je ne marche pas. Quand je viens à Fribourg, je n’ai qu’une envie, c’est de marcher dans les rues. J’essaie donc de revenir chaque année en Suisse. Mon meilleur ami, Jean-Claude tient un restaurant à Fribourg et organise une soirée, en principe le dernier samedi d’août, qui réunit tous les vieux de notre génération. C’est devenu un rendez-vous annuel!


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