Martin Panchaud conçoit une BD à base de formes géométriques

Bédé » Qu’est-ce que c’est que ce truc? L’amateur de la ligne claire chère à l’école franco-belge risque de se poser la question en ouvrant La Couleur des choses du Genevois Martin Panchaud. Voilà une bédé réalisée uniquement en infographie. Ici, les personnages sont vus d’en haut et représentés par des ronds de couleurs sur un plan. Un trait les relie aux dialogues. Ponctuellement, un zoom est fait sur certains détails (objets, salles ou appartements en coupe) mais on ne trouvera ici ni cases, ni bulles. Le plus miraculeux, c’est que tout fonctionne de manière lumineuse. Après avoir admis le principe, le lecteur n’a plus qu’à laisser son imagination œuvrer pour donner les traits et les silhouettes souhaités aux héros d’une aventure pleine de rebondissements.

L’histoire est celle de Simon, enfant d’une modeste famille londonienne. Le garçon, un peu enrobé, est la proie des petits durs du quartier. Un jour pourtant, sur les conseils d’une voyante, il mise toutes les économies de son père sur une course de chevaux… Ainsi démarre une odyssée drôle, sanglante, émouvante et surtout passionnante qui mènera le héros jusque dans le port de Liverpool. Une odyssée qui a valu à Martin Panchaud de recevoir la semaine passée le Fauve d’or, un prix du Festival d’Angoulême qui récompense la meilleure bédé de l’année.

Tout d’abord, on a très envie que vous nous parliez de votre séjour à Angoulême.

Martin Panchaud: Angoulême, j’y suis allé en toute décontraction. Je venais d’obtenir le Grand Prix de la critique ACBD. Une récompense qui compte dans le domaine du neuvième art. J’avais conscience que, vu la singularité de mon livre, c’était déjà extraordinaire. Certes, je faisais partie des nominés pour un Fauve mais vu la concurrence, je n’avais pas trop d’illusions. Le jour venu, j’ai assisté sans pression à la remise des prix. Là, j’ai vu les lauréats défiler. Au moment de remettre le Fauve d’or, Alexandre Astier, le président du jury, a décrit le livre primé. Sans le nommer mais en évoquant l’histoire. C’est un acteur, il a fait ça super bien. D’un coup, j’ai réalisé que ça allait être à moi de monter sur scène… Je n’ai jamais ressenti quelque chose de comparable.