Après avoir tout essayé ou presque pour faire dormir leur progéniture, de plus en plus de parents font appel à des consultantes en sommeil.
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6 novembre 2023 à 15:30
Société » Les personnes qui affirment avoir «dormi comme un bébé» ne savent pas de quoi elles parlent. A moins que cela signifie qu’elles se sont réveillées toutes les deux heures et qu’elles se sont fait dessus… Ce gag qui circule chez les jeunes parents illustre ce que d’aucuns vivent la première année (voire plus) de leurs enfants. Des réveils fréquents aux difficultés d’endormissement en passant par l’enfer que représentent les siestes, certains ne savent plus comment faire pour bien faire.
Plutôt que de leur venir en aide, les réseaux sociaux et autres sites internet proposent à peu près tout et son contraire. Dans ce flou informationnel, c’est assez logiquement que les consultantes en sommeil (des femmes en écrasante majorité) sont apparues tel le Messie il y a de ça quelques années. Il suffit d’une recherche Google pour se rendre compte de l’offre foisonnante aux jeux de mots faciles: «Parce que perdre le sommeil après l’arrivée de votre enfant n’est pas une fatalité, Bébé au Calme est là pour vous aider à comprendre», «Bienvenue dans l’univers des Bras de Morphée ou des nuits sereines retrouvées», «Depuis 2021, Mon Petit Dormeur aide les familles à comprendre, à s’informer et à retrouver des nuits plus apaisées».
Pourquoi les parents ont-ils tant besoin d’aide? Les enfants d’aujourd’hui dorment-ils moins bien que les bambins d’il y a trente ans? «Des études ont montré que les enfants ne dorment pas moins bien qu’avant. En revanche, la problématique n’est pas vécue de la même façon, notamment parce que, dans la société actuelle, plus individualiste, le réseau de soutien est davantage absent. C’est l’une des causes du burn-out parental», détaille Angélique Pasquier, consultante en sommeil qui a développé le pendant romand de 1001kindernacht, intitulé 1001dodos. Les attentes sociétales pèsent également: «C’est comme s'il s’agissait d’une performance. Je suis convaincue que lorsque l’on arrêtera de demander aux jeunes parents si bébé fait ses nuits, ça ira mieux.»
«Ma grand-mère n’a jamais compris mon métier», sourit Juliette Moudoulaud. La Française a lancé en 2016 Fée de beaux rêves, l’une des premières consultations en France, d’après une méthode de coaching américaine. «Je crois que c’est parce qu’à l’époque, les pleurs de bébé n’étaient pas un problème, puis on s’est rendu compte que ce petit bébé était un être à part entière.»
Parmi ses clients, elle constate une perte de confiance: «Ils ont essayé en tâtonnant. En venant vers moi, les parents me font confiance, se font confiance à nouveau, et les enfants le ressentent.» Et c’est en partie pour ça que ça marche, estime-t-elle. Elle regrette aussi le manque d’informations fourni par les professionnels: «A la maternité, il est surtout question d’allaitement et chez le pédiatre, on se concentre sur la nourriture. Le sommeil, personne ne l’aborde vraiment.» Les deux consultantes observent que l’on fait appel à elles lorsque l’on est à bout. «C’est dommage, car les parents se sont épuisés à essayer plein de choses qui ne leur correspondaient peut-être pas», pointe Angélique Pasquier.
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