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Gros, grosse, et alors?

Les terribles conséquences de la grossophobie

Ancrée dans la société, la grossophobie a des conséquences terribles pour les personnes concernées


8 août 2022 à 17:25

Série (1/5) » L’obésité, dans une société qui voue un culte à la minceur, suscite trop souvent des stigmatisations ou comportements déplacés.

Toujours plus de personnes souffrent de surpoids et d’obésité. Et face au regard stigmatisant de la société, la parole se libère petit à petit. La grossophobie, soit le fait de discriminer une personne perçue comme grosse, engendre troubles anxieux, dépression, voire suicides. Des associations tirent la sonnette d’alarme et luttent contre le manque de connaissances sur l’obésité, jusqu’au sein du milieu médical. Enjeux en quatre points.

 

1. Des idées à déconstruire

Paresse, gloutonnerie, manque de volonté, de fiabilité… Les personnes en situation d’obésité ou en surpoids font face à nombre de préjugés. «L’idée selon laquelle des personnes sont grosses parce qu’elles se laissent aller est très présente dans la population, mais aussi parmi les professionnels de la santé», relève Hélia Prévot, journaliste et autrice de l’ouvrage La vérité sur l’obésité. Pourtant, l’OMS reconnaît l’obésité comme une maladie depuis 1997.

«C’est une maladie qui se soigne difficilement, elle est complexe, progressive, chronique et récidivante», précise Dominique Durrer, médecin et présidente de l’association Eurobesitas en Suisse. L’obésité a pour conséquence d’augmenter les risques de souffrir d’autres affections, comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète. En Suisse, elle a doublé en vingt-cinq ans et touche une personne sur dix. Au total, 42% de la population souffre de surpoids ou d’obésité.

Nous ne sommes pas toutes et tous égaux face à la prise de poids, qui dépend entre autres de facteurs génétiques et de l’environnement. La sédentarité, l’alimentation, mais aussi le stress, le manque de sommeil, des événements comme un deuil ou le chômage, ou encore l’exposition aux perturbateurs endocriniens favorisent la prise de poids.

«Le corps se souvient du poids le plus haut et fait tout pour s’y maintenir»
Dominique Durrer

Et il ne suffit pas de manger moins et de bouger pour retrouver un poids plus équilibré. «Une fois le poids pris, on observe une résistance due à plusieurs phénomènes. Le corps se souvient du poids le plus haut et fait tout pour s’y maintenir. Et quand on perd des kilos, la sensation de faim augmente significativement», explique Dominique Durrer. Les régimes participent également à la prise de poids à long terme.

L’obésité demande une prise en charge multidisciplinaire, pour que les personnes concernées récupèrent les sensations de faim et de satiété, apprennent à reconnaître ce qui déclenche la compulsion alimentaire et trouvent d’autres stratégies face à ces situations. «Manger doit redevenir un plaisir, sans aliment tabou», défend Dominique Durrer.

 

2. Une stigmatisation ancrée

La stigmatisation ne diminue pas avec l’augmentation du nombre de personnes en surpoids et obèses. «Les canons de beauté, dans les médias et la publicité, sont minces, voire maigres. Les corps gros sont mal acceptés, y compris par les personnes qui les prennent en charge», souligne Hélia Prévot. Ce diktat touche davantage les femmes. Et contrairement à d’autres discriminations, la grossophobie reste socialement acceptée, malgré ses effets dévastateurs.

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