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Etude. Les sujets d'inquiétudes sont nombreux, l'écologie passe au second plan

Inflation, conflits, santé… Les inquiétudes sont nombreuses et la crise climatique est releguée au deuxième plan. C’est normal, explique Pascal Wagner-Egger, chercheur en psychologie sociale à l’Université de Fribourg.

Habituation aux nouvelles négatives, difficultés de changer nos habitudes ou encore réflexions à court terme expliquent notre relative inaction alors que l’année en cours est en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée. © Alain Wicht-archives

23 octobre 2023 à 17:35

Temps de lecture : 1 min

Société » «Bien qu’en tête des priorités environnementales, le changement climatique ne suscite pas plus d’inquiétude et la responsabilité de l’homme est de moins en moins reconnue.» Cette constatation, tirée d’une vaste enquête internationale menée dans 30 pays par l’institut Ipsos et publiée ce printemps, a été confirmée dimanche dans les urnes suisses, où les partis écologistes ont perdu des plumes. En quatre ans, la perception du dérèglement climatique a évolué parmi la population mondiale, et pas en bien. Alors que 69% estimaient que le réchauffement était à imputer aux humains en 2019, seulement 63% le pensaient en 2022. «En gros, un tiers de la population est climatosceptique… Ce n’est pas rassurant», pointe Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Institut de géographie et de durabilité de l’Université de Lausanne. Ceci alors que l’année en cours est en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée.

Pourquoi minimise-t-on la crise climatique? «Il y a une habituation aux nouvelles négatives, qui fait qu’on finit par se dire que ce n’est pas si grave», pointe Pascal Wagner-Egger, enseignant et chercheur en psychologie sociale à l’Université de Fribourg. Dans son cours sur la psychologie du changement climatique, il a décortiqué tous les biais cognitifs, ces schémas de pensée trompeurs ou faussement logiques qui expliquent notre relative inaction.

Ce qui nous freine le plus est le court-termisme. «C’est logique, notre cerveau a évolué pour survivre dans un monde dangereux, avec des considérations immédiates et moins portées vers l’avenir.» Un autre mécanisme est la vividité: «Nous sommes davantage influencés par ce que nous voyons et entendons autour de nous que par des statistiques et études scientifiques.» Mais le dérèglement climatique est désormais bien visible, non? «Oui, mais les épisodes catastrophiques sont encore le plus souvent éloignés dans le temps et dans l’espace, et ne nous touchent pas directement toutes et tous. Mais, peu à peu, ce biais pourrait s’inverser et nous pousser à en faire davantage», suggère le chercheur.

Dominique Bourg n’en est pas si sûr: «Je pensais autrefois que lorsque les problèmes deviendraient évidents et visibles pour tous, il y aurait une prise de conscience, mais cela a produit du déni.» Le déni, le vrai, intervient aussi dans une frange de la population (9% selon Ipsos), «en se basant notamment sur les thèses de savants isolés qui contredisent le consensus scientifique», souligne Pascal Wagner-Egger.

Il constate aussi une sous-estimation des risques: «Il reste une incertitude autour des seuils de température que l’on va passer et des catastrophes qui en découleront ou non. Tant que le pire n’est pas encore certain, on ne fait rien. En plus, cette incertitude est alimentée par les industries fossiles et par la désinformation en ligne.»

L’inflation d’abord

La préoccupation actuelle de la population est l’inflation, selon le sondage Ipsos. C’est le cas sur tous les continents sauf en Amérique du Sud, où la criminalité inquiète particulièrement. L’environnement arrive après le chômage, la pauvreté ou encore la santé. Pascal Wagner-Egger a également une explication pour cela: «Notre nombre d’inquiétudes est limité: on ne peut pas se soucier de tout.» Un constat largement relayé dans les analyses des élections fédérales dimanche.

Et même lorsque l’on se rend compte de la gravité de la situation, d’autres biais cognitifs viennent jouer les trouble-fêtes. C’est le cas de la «réactance psychologique» chez certains, soit le fait de ne pas vouloir faire quelque chose parce que l’on y est forcé. «C’est arrivé avec la loi sur l’obligation de porter une ceinture de sécurité ou la recommandation vaccinale durant le Covid. Certaines personnes m’ont confié qu’elles croyaient en l’efficacité du vaccin, mais le fait qu’elles y soient contraintes les amenait à refuser de se faire vacciner.»

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