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Société

Les derniers pigeons de l’armée

A Paris, le dernier colombier d’Europe héberge 192 oiseaux au cœur d’une forteresse


8 juillet 2021 à 15:02

Fait d’armes » Aux portes de Paris, la forteresse du Mont-Valérien domine toute la capitale. Construite au début du XIXe siècle, elle abrite aujourd’hui le 8e Régiment de transmissions. Une enclave de l’armée française protégée par de hauts murs en pierre derrière lesquels se cache un lieu atypique: le dernier colombier militaire d’Europe. «Bienvenue», nous accueille en treillis et rangers le maréchal des logis Sylvain, responsable du site et éleveur depuis huit ans des pigeons voyageurs de l’armée.

Devant l’un des sept colombiers, hébergeant une population de 192 oiseaux, nous ne résistons pas à lui poser la question que tout le monde se pose: «A l’ère du numérique, d’internet et des téléphones portables, à quoi peuvent bien encore servir des pigeons voyageurs?» Habitué à ce genre de remarques, le maréchal des logis ne se défile pas: «Je n’ai en effet aujourd’hui plus de consignes pour entraîner des pigeons à transmettre des messages en cas de problèmes. Mais il suffirait d’un bug informatique ou d’un virus pour paralyser tous les systèmes de communication», avoue-t-il. Et de poursuivre: «Nos pigeons ont servi jusque pendant la guerre d’Algérie. C’est le général de Gaulle qui a mis fin à leur service actif au début des années 60 et souhaité la construction d’un colombier de tradition pour maintenir le savoir-faire.»

«Il suffirait d’un bug informatique ou d’un virus pour paralyser tous les systèmes de communication»
Le maréchal des logis Sylvain

Vaillant, ce héros

Les pensionnaires du Mont-Valérien sont donc les héritiers de plusieurs générations de pigeons voyageurs ayant servi leur patrie. Siège de Paris par les Prussiens en 1870, Première et Seconde Guerres mondiales, guerre d’Algérie… l’armée les utilise, souvent en dernier recours, pour donner des informations du front et des zones de combat.

L’épisode le plus glorieux s’est ainsi déroulé en juin 1916, près de Verdun. «Le fort de Vaux est alors assiégé par les Allemands. A son commandement, le colonel Raynal. Il perd tous ses moyens de communication. Il n’a que trois pigeons pour prévenir l’état-major. Deux meurent en chemin, mais un troisième réussit à donner l’alerte», raconte le maréchal des logis. Attaché à la patte de l’oiseau, enroulé et enfermé dans une bague spéciale, un message d’urgence. Voici ce qu’il y était écrit: «4-6-16, 11 h 30, pigeon matricule 487-15. Nous tenons toujours mais nous subissons une attaque, par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner tout de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Raynal»

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