Logo

Société

Les belles histoires d’Inge

Agée de «presque» nonante ans, Inge von der Crone, Bâloise d’origine, est une conteuse magique…


16 octobre 2021 à 17:27

Fribourg » Lorsque la porte s’ouvre, il s’est opéré comme une magie. D’abord, ce cadre, grandiose. Un jardin verdoyant, presque improbable en pleine ville de Fribourg avec vue imprenable sur la Basse-Ville. Puis, Inge von der Crone est apparue. Aucun qualificatif ne peut résumer cette «presque» nonagénaire d’origine bâloise. Parce qu’elle est simplement et extraordinairement unique! Par son talent de conteuse qui l’a amenée à parcourir le monde ou presque. Par sa jovialité rêveuse, discrète mais impressionnante, teintée d’une lucidité qui vous caresse et vous transporte comme ses belles histoires. Cette femme a une classe folle! Même sur sa balançoire qu’elle se plaît, paraît-il, à tester chaque jour. De quoi prendre encore un peu plus de hauteur…

Inge, racontez-nous, que faisiez-vous avant d’être conteuse?

J’étais jardinière d’enfants car j’ai toujours adoré conter, et, comme cela, j’étais certaine de toujours avoir des auditeurs (elle rit). J’ai travaillé à Bâle, d’où je viens, jusqu’à notre arrivée en 1983 dans le canton de Fribourg. J’étais employée de l’Etat, mais, lorsque je me suis mariée, je n’ai plus eu le droit de travailler… C’était comme cela, à l’époque. On était jetée dehors du jour au lendemain après le mariage. Et puis, on m’a quand même proposé de continuer car il n’y avait personne pour reprendre mon poste. J’étais alors moins payée qu’auparavant et, surtout, je n’avais pas le droit de tomber enceinte. C’était ainsi.

«A l’époque, on était jetée dehors du jour au lendemain après le mariage»

Je me souviens aussi que ma sœur, qui habitait aux Etats-Unis, m’avait proposé de vivre avec elle durant une année mais je n’avais pas le droit à un congé sabbatique. On m’avait même avertie que si je quittais mon poste, je ne trouverais plus jamais de travail à Bâle. Et comme mon rêve c’était d’être jardinière d’enfants, j’ai eu peur et je n’ai pas osé y aller… Plus tard, je l’ai regretté. J’ai toujours dit à mes enfants de profiter de partir, de voyager. Vous savez, moi, je ne voulais pas me marier, je voulais voyager. C’est ce qui m’intéressait le plus. Mon mari a été obligé de me promettre que nous allions voyager…

Famille

Née à Bâle en 1931. A grandi entre l’Alsace et Paris. Une sœur aînée. Mariée à Jost, décédé en 2010. Trois enfants: Corinne, Thomas et Michael, six petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Est arrivée en 1983 dans le canton de Fribourg. Habite à Fribourg.

Formation

Jardinière d’enfants, conteuse. A fait beaucoup de bénévolat.

Hobbies

Lecture

 

 

Et alors a-t-il tenu parole?

Ah oui, sinon je serais partie (elle rit, nous aussi)!

Cela restera entre nous, mais quel est le secret de votre grande forme de presque nonagénaire?

Je ne sais pas… J’ai eu une vie très heureuse. Et mon mari, qui est décédé en 2010, m’a toujours laissé une grande liberté car il savait que j’en avais besoin. Nous avons fait des voyages magnifiques ensemble. Il m’a toujours dit qu’il n’en aurait pas eu besoin mais qu’il les a beaucoup appréciés. Cela fait du bien d’aller ailleurs, de voir autre chose. Je me souviens qu’en Namibie, on nous disait: vous n’êtes pas des touristes mais des voyageurs. Nous le faisions simplement, ce qui nous permettait de rester plus longtemps et de vivre avec les gens du pays.

Vous voyagez encore?

Je me suis arrêtée lorsque mon mari est décédé. Ce n’était plus la même chose mais je garde des souvenirs magnifiques.

Pour quelles raisons avez-vous emménagé dans le canton de Fribourg?

Fribourg, pour moi, ce n’était pas LA ville. Je ne la connaissais pas. Mais j’y ai été très contente. Nous nous sommes installés dans une vieille ferme à Arconciel, car mon mari travaillait à Ciba-Geigy, à Marly. Les débuts n’ont pas été faciles, car je ne connaissais personne. C’est pour cela que nous nous sommes abonnés à La Liberté, mais seulement le samedi. C’est ainsi que j’ai vu l’annonce d’une dame, par chance c’était un samedi, qui voulait créer un groupe de conteuses. Je l’ai immédiatement contactée car je contais déjà à Bâle. J’étais la première à m’inscrire. C’était l’ancêtre de Contemuse (association fribourgeoise de conteuses et conteurs, ndlr), ça s’appelait: groupe de conteuses.

Cette passion pour les contes, d’où vient-elle?

J’ai toujours aimé ça! Mon père nous en lisait déjà lorsque j’étais enfant. Surtout les contes de Grimm. Je racontais aussi des histoires à mes cousins pendant les réunions de famille. Lorsque j’étais à l’Ecole normale, nous avions des cours avec Lisa Tetzner (une auteure très connue outre Sarine pour ses contes, ndlr). Je pense que les contes ont une symbolique importante. Ils parlent de l’humanité. On en a besoin à tout âge. Ils m’ont toujours parlé, fait rêver et aidé à passer des moments difficiles, surtout lorsque j’étais malade, enfant. C’est pour cela que j’ai aussi donné des cours à des mamans pour conter.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique

Société

Edition 5.0. Innovation éditoriale: les systèmes transforment le paysage de l’information moderne

Dans l’univers dynamique de l’édition, les systèmes éditoriaux se distinguent en facilitant la collaboration, en optimisant la production grâce à l’automatisation, et en assurant une diffusion personnalisée et sécurisée. Ces outils, en constante évolution, s’imposent comme des partenaires essentiels pour répondre aux défis toujours plus diversifiés du secteur de l’information contemporain.