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Christine Clément Shurma. «Le déracinement a été très difficile»

Née dans une famille d’agriculteurs à Ependes, Christine Clément Shurma est pâtissière en Californie

Christine Clément Shurma, de passage dans son canton de Fribourg natal avant de retrouver les paysages californiens.

20 mai 2023 à 12:02

Libre » Elle a 19 ans quand elle part pour sa première saison d’alpage. Un retour aux sources pour cette fille de paysans qui ne s’est jamais vraiment départie de ses racines terriennes et de son tempérament d’enfant sauvage. Sans oublier le goût des grands espaces que Christine habite depuis 25 ans avec son mari Ramesh, rencontré par hasard à Fribourg.

Installée à Hayward, dans les environs de San Francisco, cette aide infirmière en psychiatrie qui sera tour à tour secrétaire, merchandiser, responsable de production et bien sûr garde-génisses, expérience qu’elle retentera en solo à la tête d’un troupeau de 110 bêtes, lance sa propre pâtisserie, reconvertie aujourd’hui en service de livraison. Au menu, des grands classiques parfaitement exécutés qui prennent parfois quelques libertés avec la recette. Une évidence pour celle qui a toujours pris des libertés avec la vie.

«Quand je rentrais, au début, je pleurais dès que j’entendais des sonnailles!»
Christine Clément Shurma

Christine, troquer les automnes à Ependes contre le soleil californien, il faut être fou, non?

En fait, quand j’ai rencontré mon futur mari, je n’avais pas du tout l’intention de déménager. Je n’ai jamais été une grande fan des Etats-Unis, c’est un pays qu’avec le recul je trouve extraordinaire mais qui reste malgré tout très extrémiste. Et puis j’aime la vieille pierre, mes vaches, mes cloches… Quand je rentrais, au début, je pleurais dès que j’entendais des sonnailles! Mais je suis tombée enceinte et ça a changé un peu ma perspective…

Et alors, le rêve américain, c’est comment?

Honnêtement, le déracinement a été extrêmement difficile. Je suis plutôt hyperactive, ici je vivais à 100 à l’heure, j’avais un travail, des amis, je venais de commencer mon école de pilote… Du jour au lendemain, je me retrouve seule avec un bébé dans une culture quand même très différente. Les premières années ont été très dures, jusqu’à ce que les enfants aillent à l’école. On dit souvent qu’aux Etats-Unis, le contact est facile: c’est vrai, à condition d’être installée, d’avoir un travail, sinon vous ne croisez personne, les gens bossent…

Vous ouvrez votre boulangerie-pâtisserie en 2007. Pas trop difficile de séduire les palais au pays du donut et du cupcake?

Pour l’anecdote, un jour j’ai un couple qui passe commander un wedding cake pour son mariage. Je leur fais goûter mes garnitures maison à base de fruits frais et autres, des produits qu’en général les professionnels californiens achètent tout faits. Je vois qu’ils hésitent, et ils finissent par me demander: «Vous n’auriez pas quelque chose un peu comme chez Safeway?» Safeway, c’est une grande chaîne de supermarchés. Au début je râlais, mais après tout, ils ont grandi avec ça, on cherche tous les goûts de notre enfance, il y a des fins gourmets qui adorent les Frionor… Donc je ne les blâme pas. Mais je leur ai quand même conseillé une autre pâtisserie!

Famille

Née le 26 sept. 1960. A grandi à Ependes avec ses parents Jules et Dori Clément et ses 3 frères. Vit à Hayward avec son mari Ramesh et ses enfants Julien et Nastasia.

Parcours

Formation d’aide infirmière à Marsens. Diplômée en secrétariat, vente et gestion d’entreprise. En 1979, premier alpage avec une amie, repart seule en 1986. Dès 1982, merchandiser chez Marchon puis responsable de production à la Farandole. Part aux USA en 1998. Lance Swiss Delices en 2007. Remet le local en 2016 pour travailler sur commandes.

Faire attention à ce qu’on mange c’est aussi des valeurs. Elles sont toujours comprises?

Pour moi, la cuisine, c’est surtout un art de vivre et c’est vrai que j’ai déjà eu des conversations avec des gens qui considéraient que c’est une effroyable perte de temps, toutes les heures qu’on peut passer à table! Il faut dire qu’ici, on est clairement à l’autre extrême: vous vous retrouvez entre Européens aux Etats-Unis, vous ne parlez que de bouffe!

Pas besoin d’être aux Etats-Unis…

Plus malgré tout parce que les Américains y attachent globalement moins d’importance. Après, je remarque quand même que les gens font de plus en plus attention, les jeunes surtout, beaucoup d’amis de ma fille sont végétariens par exemple. Mais c’est aussi un certain luxe. Il y a un tel fossé entre les Américains, le salaire moyen en Californie est à 15 dollars de l’heure, je connais des gens qui gagnent jusqu’à 22 000 balles par mois. Bien sûr, à ce moment-là, on peut se nourrir de produits bio qui coûtent très cher aux Etats-Unis…

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