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«L’arbre a une histoire passionnante»

Alain Baraton, jardinier en chef du Grand Parc de Versailles, a publié un Dictionnaire amoureux

Un arbre en été Photo Lib/Alain Wicht, Charmey, le 15.07.2015Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

9 août 2021 à 15:43

Temps de lecture : 1 min

Botanique » Le Dictionnaire amoureux des arbres d’Alain Baraton n’a rien d’une encyclopédie de botanique, même si on y retrouve quelques références savantes. C’est un ouvrage qui mêle histoires, anecdotes et découvertes sur ces grands végétaux finalement assez méconnus du grand public. Alain Baraton, écrivain et jardinier en chef du Grand Parc de Versailles et du domaine national de Trianon depuis 45 ans, lance un plaidoyer pour leur classement au patrimoine naturel vivant.

Pourquoi avoir voulu écrire ce Dictionnaire amoureux des arbres?

Alain Baraton: Je pars du principe que les plantes sont des êtres vivants. Vous-même, vous ne pouvez pas vraiment vous intéresser à une personne, un homme, une femme, un enfant, si vous ignorez sa vie, son parcours et d’où elle vient. Je pense même que vous ne pouvez pas aimer une personne sans la connaître. Il en est de même pour les arbres. Comment voulez-vous que l’on respecte les arbres si on ne connaît pas leur histoire? Quand il m’arrive de raconter l’histoire des arbres dans le parc du château de Versailles, les gens s’agglutinent immédiatement autour de moi et m’écoutent attentivement. L’arbre a une histoire passionnante. Soit son histoire personnelle, soit l’histoire de sa variété, son introduction, l’utilisation de son écorce, de ses feuilles, la manière dont les grands écrivains en ont parlé… Les arbres ont tellement de choses à nous dire que j’ai eu envie moi aussi d’exprimer mon amour pour eux et d’écrire ce livre pour dire à quel point ils ont des choses à nous apprendre.

9500

ans, l’âge du plus vieil arbre du monde

Laquelle de ces histoires vous inspire le plus?

Toutes ces histoires me touchent. Celle du séquoia par exemple, ainsi nommé en l’honneur du grand chef indien See-Quayah, massacré parce qu’il avait osé converser avec les blancs. Celle du chêne d’Oradour-sur-Glane, qui est, avec quelques rares rescapés, le témoin des atrocités nazies en 1940. Celle du marronnier d’Anne Frank, qui est né d’un petit marron prélevé sur l’arbre qui tenait compagnie à la malheureuse quand elle vivait cachée dans un appartement d’Amsterdam. C’est encore le plus vieil arbre du monde, un sapin âgé de 9500 ans, qui vit au nord de la Suède.

Vous militez pour que les arbres soient mieux protégés, au même titre que les monuments historiques par exemple…

Quand vous demandez pourquoi un arbre ne peut pas être classé, on vous dit que c’est parce qu’il est mortel. Je viens de vous citer l’exemple de ce vieux sapin, âgé de 9500 ans. Vous ne pensez pas qu’avec un tel âge, on frôle l’immortalité? Connaissez-vous beaucoup de monuments en France qui soient âgés de 2000 ans, comme l’olivier de Roquebrune-Cap-Martin? Quand on est capable d’avoir traversé les siècles, voire les millénaires, on se doit d’être protégé par la loi. Il est insupportable et inacceptable que l’on puisse aujourd’hui pratiquement en toute impunité couper un vieil arbre.

Vous dites aussi que l’arbre est un paradis… Pouvez-vous nous expliquer?

L’arbre est un être vivant. L’arbre naît, grandit, respire, transpire, se nourrit, se multiplie, et meurt. L’arbre est un paradis, car il est un concentré de nature: il y a les branches, la sève, les insectes, les oiseaux, les papillons. Il y a toute une vie dans un arbre. De plus, les arbres maintiennent la terre, puisent l’eau au sol et permettent ainsi de réduire les inondations. L’arbre fait de l’ombre en été, protège de la pluie, etc. D’ailleurs, le paradis a souvent été symbolisé par un arbre, et ce dans de nombreuses religions.

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