Le monde médical tarde pourtant à reconnaître cette technique simple et bon marché
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19 octobre 2023 à 15:40
Santé sexuelle » Les mentalités seraient-elles en train de changer? Si depuis l’avènement de la pilule dans les années 1960, la contraception repose encore majoritairement sur les femmes, un nombre croissant d’hommes souhaite partager cette responsabilité. Alors qu’à présent seuls le préservatif ou la vasectomie sont officiellement reconnus comme des méthodes fiables, la contraception masculine thermique (CMT) gagne timidement du terrain.
D’après Santé sexuelle Suisse, la faîtière des centres de santé sexuelle du pays, de plus en plus d’hommes cherchent informations et conseils à ce sujet. Si bien que plusieurs centres romands se sont formés pour répondre aux demandes. C’est le cas notamment de Genève, Bienne, Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.
La CMT consiste à augmenter la température des testicules. Aucune prescription médicale ni intervention chirurgicale n’est nécessaire, en revanche différents dispositifs ont été mis au point. Slip chauffant, harnais ou anneau en silicone: la technique est la même. Elle consiste à remonter les testicules plus près du corps afin de les faire passer de 35 à 37 degrés et d’inhiber la production de spermatozoïdes. Des ateliers sont organisés pour confectionner soi-même son caleçon contraceptif et l’anneau peut être commandé sur internet.
«Même s’il est difficile d’articuler des chiffres, la demande progresse depuis deux ou trois ans», affirme Jannik Böhm, membre du comité et du conseil de fondation de Santé sexuelle Suisse. «Si le phénomène est plus accentué en Suisse romande, il arrive aussi doucement en Suisse alémanique.» Cet éducateur sexuel à Berner Gesundheit a commencé à utiliser un anneau en silicone comme contraception il y a deux ans. «Je voulais tester la méthode avant de la proposer. Je suis entièrement convaincu. Quelle satisfaction de pouvoir contrôler ma fécondité.»
C’est à partir de l’été 2020 que l’Unité de santé sexuelle et planning familial des Hôpitaux universitaires genevois (HUG) commence à recevoir des demandes à ce sujet. Pour y répondre, elle met rapidement en place un guide d’entretien et une collaboration avec l’urologue Sao-Nam Tran, qui propose un suivi médical aux utilisateurs de contraception thermique en recourant à des spermogrammes tous les trois mois.
Vous n’en avez jamais entendu parler? Et pourtant, le concept est connu depuis l’Antiquité. La recherche s’y intéresse depuis quarante ans. Dans les années 1980, l’andrologue toulousain Roger Mieusset met en évidence l’incidence de la remontée testiculaire sur la fertilité. Ces études portent cependant sur des échantillons trop modestes pour que sa fiabilité soit reconnue par la communauté scientifique.
Dans les grandes lignes: en portant un dispositif qui permet de maintenir les testicules à 37 degrés, au moins quinze heures par jour et tous les jours pendant trois mois, le nombre de spermatozoïdes tombe au-dessous d’un million par millilitre de sperme, le seuil contraceptif. En 2023, une thèse soumise par la doctoresse Guidarelli à l’Université des Antilles, dont la recherche portait sur 970 hommes, donne des résultats encourageants. Près de 93% des utilisateurs de la CMT ayant effectué un spermogramme avaient atteint ce seuil.
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