Ouvrage » «Ah les nanas, entre elles, elles sont horribles.» Qui n’a pas entendu cette réflexion dans un bistrot? Et qui n’a pas pris parti dans le royal clash entre Kate Middleton et Meghan Markle? Qui n’a pas vu une comédie américaine opposant la gentille et la méchante fille? Des compétitions réelles ou supposées entre représentantes du beau sexe, mais derrière lesquelles il y a une souffrance, comme le souligne Racha Belmehdi, auteure de Rivalité, nom féminin. Son ouvrage, très documenté, est basé sur plus de 300 témoignages de femmes victimes, observatrices ou actrices de ce climat de jalousie. La journaliste y a aussi intégré les rares études liées au sujet, notamment concernant l’estime de soi «car l’insécurité est le nœud de ces rivalités». En plus de références puisées dans les médias, les réseaux sociaux et les ouvrages féministes, elle y a ajouté de l’humour, car il en faut pour déconstruire ce mythe de l’opposition féminine. Une lecture hautement recommandée, comme d’autres, pour la journée internationale des femmes, qui aura lieu ce mardi.
Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la rivalité féminine?
Racha Belmehdi: C’est parti de nombreuses observations personnelles, des histoires que je raconte par ailleurs dans le livre. Je me suis rendu compte à quel point nous étions pétries de cette rivalité féminine qu’on le veuille ou non.
Ce thème était-il aussi une porte d’entrée pour des questions féministes plus larges?
Bien sûr. J’avais l’impression qu’il fallait donner une bonne base à ces femmes qui ont découvert le féminisme récemment car le thème est actuellement sur le devant de la scène. Le premier des féminismes est d’être solidaire et de ne pas se nuire.
Pour en parler, vous puisez dans des témoignages, des études, des sondages, mais aussi dans beaucoup de références culturelles. Pourquoi la culture est-elle importante?
Parce qu’elle nous façonne. Si on représente en permanence des femmes en rivalité, cela va forcément influencer notre comportement. C’est important de donner d’autres représentations, avec des femmes plus solidaires, qui sont capables de se supporter, de se donner de la force et de la lumière.