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«Je suis un traducteur médiateur»

Mélomane et passionné d’oiseaux, Joël Oberson est le nouveau chef du centre logistique de l’armée

Joël Oberson, dans son bureau, au centre logistique de l’armée basé à Grolley, qu’il dirige depuis le 1er mars dernier.

24 avril 2022 à 15:11

Grolley » Il aime les oiseaux, les observer, les écouter. Et quand on y pense, son parcours fait de lui un sacré oiseau! Nous ne dirons pas drôle même s’il l’est indéniablement et discrètement. Car Joël Oberson n’est pas du genre à se dévoiler à la première interview, dans son bureau, sous le drapeau suisse. Ça ne rigole pas! Et pourtant. On devine beaucoup d’humour, teinté d’une délicate sensibilité sous la casquette. Celle du militaire, officier et surtout chef, depuis mars dernier, du centre logistique de l’armée basé à Grolley. Une nouvelle partition que ce philosophe mélomane devrait jouer sans fausse note.

Joël, vous êtes amateur d’ornithologie. D’où vient cet intérêt?

Lorsque j’étais à l’école primaire, j’ai dû faire un exposé. L’institutrice était ma maman. Le thème dont j’ai hérité était la buse variable. Je me suis dès lors trouvé une passion naissante pour les oiseaux et je me suis beaucoup documenté, surtout sur les rapaces diurnes. Cet engouement est réapparu il y a quelques années grâce à mes enfants. J’éprouve aujourd’hui un immense plaisir à observer les oiseaux avec eux et à essayer de les identifier. Ma chère épouse se prête aussi au jeu de l’oreille. Et notre champ d’investigation s’est un peu étendu. Alliée avec une tendance pantouflarde à passer du bon temps à la maison, au jardin ou sur notre terrasse, l’observation touche tous les oiseaux qui nous entourent ou que nous rencontrons en promenade. Nous en avons d’ailleurs déjà recensé quelque 34 espèces différentes depuis l’été passé et cela de notre balcon.

«Les oiseaux, c’est aussi le rêve d’Icare, la sensation de liberté, valeur qui m’est très importante»
Joël Oberson

Que vous inspirent ces oiseaux?

La douce musique mélodieuse de leurs chants. Et dieu sait que j’aime la musique! J’en écoute chaque jour durant plusieurs heures et j’ai une collection d’environ 1500 CD. Les oiseaux, c’est aussi le rêve d’Icare, la sensation de liberté, valeur qui m’est très importante. Je suis conscient de sa fragilité sans un contexte de sécurité, deuxième valeur fondamentale et que je vis au quotidien dans le cadre de mes activités professionnelles et de militaire de milice.

Justement, en quoi consistent exactement votre travail et votre mission au Centre logistique de l’armée Grolley?

S’il fallait trouver une image, je dirais que j’ai un rôle de traducteur médiateur. J’aime à faire le lien entre la théorie et la pratique, entre le conceptuel et le factuel, entre la stratégie et les opérations, mais aussi, in fine, entre les personnes. Concrètement, la logistique représente tout ce qui gravite autour des militaires en service. Mon centre, qui compte quelque 620 employés et apprentis, fournit, entretient et répare tout le matériel, véhicules et infrastructures qui leur sont nécessaires. Toutes les recrues de Suisse romande viennent d’ailleurs équiper chez nous.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler dans ce domaine alors que l’armée, m’avez-vous dit, n’était pas forcément, à la base, votre tasse de thé préférée?

A la base, en effet, lorsque j’étais étudiant, je n’avais pas vraiment prévu de faire carrière à l’armée, que je percevais comme rigide. Comme beaucoup de jeunes, j’y voyais quelques désavantages notamment en matière de confort (il sourit). Le déclic a eu lieu durant l’école de recrue. J’y ai vécu une conduite très humaine et j’ai beaucoup aimé les contacts et les échanges. C’était très riche. L’armée permet de tisser des liens sociaux, parfois improbables, avec des personnes que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer. Et elle donne aussi la possibilité d’avoir beaucoup de responsabilités déjà à l’âge de 20 ans en tant que jeune cadre. Il y a un côté très concret et pratique qui me convient bien. J’ai donc continué même s’il était clair pour moi que je voulais voir autre chose, d’autres univers. J’ai ainsi travaillé dans le domaine des assurances, à Bâle, tout en menant ma carrière militaire en parallèle. Puis, l’armée m’a offert une opportunité, un vrai challenge civil avec une orientation entreprise. C’est comme ça que je suis arrivé à Grolley.

Vous avez aussi un intérêt marqué pour la philosophie, que vous avez d’ailleurs en partie étudiée à l’université. Que vous a-t-elle apporté dans votre vie professionnelle?

Elle m’a beaucoup marqué et il y a des éléments très profonds en philosophie qui peuvent s’appliquer à un quotidien et un univers professionnel souvent très manuel et pratique.

Vous avez longtemps pratiqué la musique. Qu’avez-vous gardé de ces années?

J’ai suivi durant des années des cours au conservatoire, jusqu’à l’âge de 20 ans. J’y ai appris les principes de la perfection et de la persévérance, mais aussi développé un goût prononcé pour l’esthétique. Le tout avec les sens en éveil: l’audition pour s’écouter, la vue pour lire les notes à venir tout en regardant ses mains, le toucher pour les doigts au clavier et les pieds aux pédales. Précision et technique rigoureuse au profit de l’expressivité et des sentiments. Et mon professeur, qui est devenu mon témoin de mariage!

A en juger par votre parcours et vos élans créatifs mais aussi par l’ordre dans votre bureau, très propre, en ordre, et où le drapeau suisse trône en bonne place, vous devez avoir deux facettes, non?

Mon épouse dit que je suis droit, aligné, centré (il rit). Il est vrai que ces deux facettes sont souvent ressorties de manière très nette lors des procédures d’assessment que j’ai passées durant ma carrière professionnelle. Les gens ne savent parfois pas sur quel pied danser avec moi car j’ai un profil très caméléon. Je suis artiste dans l’âme mais militaire. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus courant mais j’en fais une force. Et je reste quelqu’un de très simple.

Et de très calme. Qu’est-ce qui peut réussir à vous énerver?

Je n’aime pas répéter plusieurs fois les mêmes choses. Je ne suis donc pas très patient de nature. Mais j’apprends à ronger mon frein. La mesquinerie aussi m’agace, surtout lorsqu’elle ne sert à rien et fait perdre du temps. J’aime la franchise.

Que rêvez-vous encore d’entreprendre?

Un master en philosophie! Mais peut-être avant un doctorat en économie d’entreprise en me spécialisant sur la thématique du leadership. Et beaucoup d’autres choses. J’aimerais avoir plus de temps pour la musique et la lecture, ce qui n’est momentanément plus très actuel.


Bio express

Famille

Né le 7 décembre 1981. A grandi à Avry-sur-Matran. Deux sœurs. Trois enfants: Loïc, Claire et Zélie. Marié à Joëlle. Habite à Cressier.

Formation

Collège Sainte-Croix à Fribourg. A étudié la philosophie à Fribourg. Master en économie à l’IMD à Lausanne. A travaillé dans les assurances. A été responsable du domaine stratégie à la base logistique de l’armée à Berne. Chef du Centre logistique de l’armée à Grolley depuis le 1er mars.

Hobbies

Piano, musique, course à pied, marche, lecture. SSc


De l’art de se mettre au diapason

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